Après deux années de covid et dans un contexte économique inflationniste pesant lourdement sur le pouvoir d’achats des Marocains, la pression sociale est exacerbée et constitue le plus grand défi à relever pour le gouvernement de Aziz Akhannouch.
Le 1er mai, fête historique du travail et des travailleurs à travers le monde, pèse cette année donc de tout son poids sur l’actualité nationale. Les acteurs sociaux, syndicats et patronat en tête, de concert avec le Gouvernement, n’ont d’ailleurs pas manqué ce rendez-vous et la reprise du Dialogue social et les avancées consenties par l’État sont plus que bienvenues, y compris pour leur symbolique à cette date.
Le chantier de la protection sociale, dont l’impulsion royale a permis d’enclencher un processus d’inclusion sociale au bénéfice de millions de nos concitoyens, se voit enrichit de mesures concrètes destinées à de nouveaux pans de travailleurs.
Parmi les mesures phares négociées à l’occasion de ce round du dialogue social, l’augmentation du SMIG dans le secteur public à 3 500 dirhams nets est attendue depuis longtemps et permettra sans doute d’apaiser quelque peu les ménages des 50 000 fonctionnaires concernés. De même, le relèvement du salaire minimum dans les secteurs de l’industrie, du commerce et des services de 10% sur deux ans, fera certainement évoluer des salaires qui n’ont pas bougé depuis des années.
Une mesure se démarque des autres par sa portée, celle de la réduction de la condition de bénéficier de la pension de vieillesse de 3.240 jours d’affiliation à 1.320 jours. Cette réduction va permettre aux assurés ayant atteint l’âge légal de la retraite disposant de moins de 1.320 jours d’affiliation, de récupérer leurs cotisations salariales et les cotisations de l’employeur, et permettre aux assurés de la CNSS à la retraite et touchés par la pandémie, de bénéficier de la pension de vieillesse, sans tenir compte des cas où ils n’auraient pas perçu de salaire ou auraient reçu un salaire incomplet. Un grand « ouf » de soulagement accompagne cette mesure qui ratisse large dans la couverture des plus démunis des travailleurs.
Même si chacun sait que le coût de la vie si élevé pour bon nombre de nos concitoyens ne saurait être résorbé par ces mesures, la reprise effective du dialogue social est donc un pas vers l’avant qui est acté. Et, la signature du procès-verbal de l’accord social pour une période déterminée de 2022 à 2024, laisse espérer une continuité dans ce dialogue et des mesures complémentaires dans le temps. D’autant que si la pression exigeait des concessions, les moyens limités de l’État marocain, en particulier dans le contexte économique mondiale, sont déjà fortement mobilisés.
En définitive, par sa mécanique inclusive et sa contribution à résorber les attentes des Marocains, la reprise du Dialogue social va dans le bon sens, celui de l’apaisement mais surtout de la considération. Un sentiment plus que mérité pour nos concitoyens par ces temps difficiles.
Zouhair Yata