Bank of Africa (BMCE Group), présidée par M. Othman Benjelloun, affiche au premier semestre 2020 des résultats qui, s’ils dénotent de l’impact de la crise sanitaire, démontrent une très bonne résilience, et surtout une politique prudente qui vise à soutenir ses activités et son rôle de financeur de l’économie dans un contexte de grande incertitude quant à la durée de la situation liée à la Covid-19.
Forte hausse du risque
En consolidé, le Produit Net Bancaire (PNB) gagne 1% à 7 MMDH, comparé au PNB de juin 2019. Si le groupe accuse une baisse de 5% au niveau des commissions, le PNB a progressé positivement grâce aux efforts notables sur la marge d’intérêt (+4,3%), et des bons résultats des opérations de marché (+9%).
De son côté, le résultat net part du groupe (RNPG) est en très forte baisse, et s’est établi à 373 MDH au cours du premier semestre 2020, en baisse de 68,2% par rapport à celui enregistré lors de la même période de l’exercice précédent.
Toutefois, cette baisse est à tempérer, vu qu’elle a été impactée par le don d’1 MMDH au fonds spécial de lutte contre la covid-19, et la très forte hausse du coût du risque de +68% à 1,5 MMDH.
Sur ce dernier point, on notera la politique très prudente du groupe, qui a intégré les impacts prévisionnels de la crise sanitaire sur la base d’un modèle de provisionnement dynamique et prospectif « Forward Looking ». Retraitée de l’impact du don, la baisse du RNPG se limite à -14%, nettement contenue.
Le Groupe doit une belle partie de sa résilience à sa maîtrise des charges d’exploitation, en baisse de 2% (hors don). Le don et le coût du risque impactent bien évidemment les autres indicateurs, dont le résultat brut d’exploitation (RBE) qui ressort à -27% (+5% retraité), et le résultat d’exploitation, qui est en baisse de -64% (-20% retraité). Le coefficient d’exploitation se situe 53,5%, au taux très satisfaisant dans le contexte actuel.
En analysant les différentes contributions au RNPG, on note un excellent comportement des filiales africaines, dont la contribution est en hausse de 15% à 465 MDH, qui ont permis à Bank of Africa de rattraper les résultats au Maroc et en Europe, du moins en partie.
Au niveau commercial, Bank of Africa a fait preuve d’une bonne dynamique, avec un encours des crédits consolidés en hausse de +5% à 195,5 MMDH en juin 2020 (hors Resales à la clientèle, les créances sur la clientèle progressent de +3% à 178 MMDH à fin juin 2020).
La progression des crédits de la Banque au Maroc résulte essentiellement de la performance des crédits aux Entreprises, en hausse de +4,4%. Du coup, BoA gagne 25 pbs de parts de marché, à 12,53% à fin juin 2020.
Du côté des ratios règlementaires, le ratio de solvabilité s’élève à 12,1%, sachant que le seuil règlementaire a été abaissé à 11,5% pendant la crise, le tier one atteint 9,5% (8,5% règlementaires), et le ratio Fonds propres de base (CET1) est de 8,8% (7% règlementaires). En découle, hors don, un RoE de 9,3% et un RoA de 0,9%, des chiffres très honorables.
En ce qui concerne le risque, on notera que le stock de provisions en bucket 3 est en hausse de 8% à 11,6 MMDH, que le taux de couverture des créances en souffrance atteint 63% et le taux de contentieux se situe à 8,7%, en très légère hausse.
Notons enfin que pour compenser l’impact de la crise sur les fonds propres du groupe, l’Assemblée Générale Extraordinaire du 23 juin, a donné le feu vert à une augmentation du capital pour un montant global maximum de 999 102 229 dirhams, qui intégrera les résultats du 2nd semestre.
De grands efforts sur les marges
Au niveau social, la banque a également pu contenir les effets de la pandémie. Le PNB s’est apprécié de 3,4% à 3,6 MMDH, porté par la bonne tenue des activités de marché (+42% à 621 MDH) dans un contexte de baisse du taux directeur, générant une hausse du résultat des opérations de marché de 42%. À cela s’ajoute la croissance de 2,7% de la marge d’intérêts, soutenue par l’optimisation du coût des ressources.
Le résultat net, s’établit pour sa part, à 476 MDH en repli de 55% par rapport au premier semestre 2019. Retraité du don, il ressort à 940 MDH, en baisse de 11%. Il est bien évidemment impacté par le coût du risque, en hausse de 40,2%, à 594 MDH.
Comme au niveau du groupe, la banque a su optimiser ses frais généraux, en baisse de 2%, à 1,706 MMDH, permettant une hausse du RBE de 2,3%. Le coefficient d’exploitation s’améliore de ce fait de 2,6 pts à 47,6%.
Soutien à l’économie et aux TPME
Durant la crise, BoA a largement participé aux efforts de soutien de l’économie, s’alignant sur les mesures mises en place par le Comité de veille économique (CVE), dont le report des échéances sans frais ni pénalités de retard.
La banque a également mis en place les deux nouveaux produits (Damane Oxygène et Damane Relance) adossés à la Caisse centrale de garantie (CCG), qui permettent aux TPME sinistrées de financer leurs charges courantes et de fonctionnement ou encore de soutenir la reprise de leur activité. Pour les entrepreneurs en difficulté, un crédit amortissable à échéance constante pour faire face aux charges constantes leur a été adressé. La banque a aussi été un acteur très actif au sein des programmes Imtiaz et Istitmar lancés par Maroc PME.
Mais le groupe bancaire est allé plus loin, par exemple à travers la signature de plusieurs accords avec des organismes internationaux en vue de limiter les effets de la crise sanitaire.
Le partenariat signé avec la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) porte sur une facilité de financement de 145 millions d’euros, accordée dans le cadre du programme de résilience de la BERD.
Le groupe a également signé deux conventions venant en appui aux PME marocaines. La première concerne une convention tripartite au profit du secteur textile avec la Banque européenne d’investissement (BEI) à travers une ligne de financement de 105 millions d’euros, et la seconde, l’amendement de la convention « Fonds de garantie commande publique » en partenariat avec la société de financement et filiale de CDG Finéa, qui vise à accompagner les TPME adjudicataires des marchés publics à travers une garantie des crédits d’investissement et des crédits à court terme.
Enfin, on notera les grands efforts de renforcement de la stratégie digitale du groupe, à travers le déploiement du projet de refonte du parcours d’ouverture d’un compte en ligne au niveau du site Agence Directe, la digitalisation de la souscription au crédit immobilier, la mise en place d’une tarification préférentielle pour les opérations initiées sur BMCE Direct, la mise en place du Chatbot -agent « virtuel »- sur les sites web de la Banque pour répondre aux questions et demandes d’assistance, le lancement d’une solution de Callbot permettant la transmission de messages vocaux, et enfin le développement de parcours et services à distance accessibles via BMCE Direct. Des efforts qui ont grandement soutenu la banque dans un moment où la présence physique des employés comme des clients n’est pas chose évidente…
Selim Benabdelkhalek