Si la relance économique face à la pandémie du covid-19 focalise les esprits et les énergies, le vrai après-covid au Maroc se basera sur la conception de son nouveau modèle de développement, qui devrait émaner des fruits de la Commission spéciale. L’approche consultative de cette dernière permet à l’ensemble des forces vives de la nation d’apporter leur contribution à cette réflexion. C’est dans ce sens qu’ESSEC Alumni Maroc, qui regroupe les diplômés marocains de cette prestigieuse école, a mené un débat sur le thème « Grands groupes, startups, PME et prestataires de services : comment concilier désormais les interactions entre ces 4 acteurs ? », modéré par M. Mamoun Guedira, président d’ESSEC Alumni Maroc, et avec la participation en tant que garant de M. Mohammed Fikrat, membre de la CSMD et président de Cosumar.
Fédérer ceux qui semblent s’opposer
Rappelant tout d’abord que le Maroc repose quasi-exclusivement (98%) sur un tissu de PME, les membres d’ESSEC Alumni Maroc dressent un diagnostic des différences entre ces quatre types d’acteurs (perspectives, moyens, accès au financement, prise de risque, etc.), ainsi que des relations déséquilibrées qui les lient. Les grandes entreprises imposent en effet un rapport de force en recherchant principalement des prestataires alors que les trois autres types d’acteurs recherchent davantage des partenaires et clients de long terme. Après avoir établi pour chaque type d’acteurs sa position idéale sur une matrice socio-dynamique, les analystes ont identifié le schéma de la co-innovation comme le plus souhaitable pour le Maroc compte tenu de la présence de fleurons nationaux, de capacités d’innovation et de R&D limitées nécessitant la mutualisation des efforts nationaux, d’un tissu important de PME et de startups à accompagner vers le stade d’ETI et enfin de la stratégie nationale de développement d’écosystèmes industriels favorisant le regroupement d’acteurs présents sur une même chaîne de valeur.
Les délais de paiement, toujours au cœur du problème
Des pistes d’inflexion ont ensuite été identifiées afin de permettre la résilience du tissu économique marocain, et de générer une croissance locale selon une logique d’écosystème socio-économique national. ESSEC Alumni Maroc a ainsi identifié plusieurs axes à explorer. Le premier traite sans surprise des délais de paiement et du risque d’impayés, et on propose d’imposer des amendes aux clients retardataires (dès 60 jours), de mettre en œuvre le ‘Name & Shame’ pour les clients retardataires ou coupables d’impayés. Pour ce qui est de promouvoir la résilience et la diversité du tissu économique marocain, le rapport appelle à supprimer les critères des moins-disant des appels d’offres publics et des grandes entreprises au profit d’engagement multiannuels avec les entreprises mieux-disantes, à encourager l’Open Innovation en créant des incitations financières et non-financières en faveur des clusters 100% marocains intégrant a minima 1 GE, 1 PME et 1 startup, et à développer les labels qualité Made in Morocco. Il s’agit enfin de développer les capacités de financement en faveur des acteurs marocains, à travers l’encouragement du développement du capital-investissement, l’assouplissement du cadre réglementaire autour des investissements et des prises de participation, la mise en œuvre d’un dispositif Crédit Impôt Recherche, et la mobilisation de l’AMDIE dans la communication des success stories marocaines afin d’attirer les investissements étrangers et les échanges. Le rapport comporte également des suggestions adressées directement à chaque type d’acteurs, du changement de gouvernance à la représentativité nationale.
SB