Drapeaux russes lors de la cérémonie des médailles du 50 km ski cross aux JO de Sochti, le 23 février 2014 © AFP/Archives Kirill KUDRYAVTSEV
Exclusion du drapeau, sportifs « neutres », le tout pendant quatre ans: l’Agence mondiale antidopage (AMA) a adopté lundi à l’unanimité une série de sanctions sans précédent contre la Russie.
. Compétitions internationales
Comme ce fut le cas aux JO de Pyeongchang-2018, le drapeau russe sera banni des Jeux olympiques et paralympiques d’été, et d’hiver, des Jeux olympiques de la jeunesse et de toute autre compétition multi-sport (Jeux européens, Universiades) ou de tout championnat du monde organisé sous l’égide des signataires du code mondial antidopage, dont font partie les fédérations internationales de sports olympiques. Et ce pendant quatre ans. Cela inclut notamment Tokyo-2020 et Pékin-2022, ainsi que la Coupe du monde 2022 au Qatar.
Pendant cette période de quatre ans, les sportifs russes ne seront admis dans ces compétitions que s’ils démontrent qu’ils n’ont rien à voir avec le système de dopage institutionnel mis en place dans le pays entre 2011 et 2015. S’ils montrent patte blanche, ils ne représenteront pas la Russie. A Pyeongchang, la sélection avait été rebaptisée « athlètes olympiques de Russie », faisant sourire certains observateurs, qui jugeaient la sanction indulgente. Une dénomination exclue lundi par Jonathan Taylor, président du comité de révision de la conformité (CRC) de l’AMA
Pour le Mondial-2022 de foot, les qualifications (mars 2021-mars 2022) ne sont pas concernées, contrairement à la phase finale (21 novembre-18 décembre 2022) au Qatar. « Si les Russes se qualifient, une équipe représentant la Russie ne peut pas participer. Mais ils peuvent faire une demande pour participer comme équipe neutre », a indiqué Taylor.
Enfin, aucun officiel ou représentant du gouvernement russe ne serait autorisé sur ces théâtres sportifs, tout comme les dirigeants des comités olympique et paralympique russe.
Les Jeux olympiques de la jeunesse 2020 débutent dans exactement un mois à Lausanne (9-22 janvier), mais ne sont pas concernés par ces sanctions en raison du « timing » de la recommandation, a précisé lundi l’AMA.
. Accueil de compétitions
Pendant quatre ans, la Russie, grande terre d’accueil d’événements sportifs, ne pourra accueillir, ni candidater ou se voir attribuer l’organisation des événements cités plus haut. Que le processus ait lieu ou non pendant les quatre ans de la sanction, elle ne pourra pas candidater à l’accueil des JO d’été 2032.
Si une compétition lui a déjà été attribuée pour la période concernée par la sanction, l’organisateur devra l’attribuer à un autre pays, « à moins qu’il ne soit impossible de le faire d’un point de vue juridique ou pratique ». Une précision dont pourraient se saisir des fédérations peu enclines à revoir leurs plans. Seraient concernés le Championnat du monde masculin de volley-ball en 2022 et l’Universiade d’été en 2023 promise à Ekaterinbourg. Les Mondiaux de lutte sont prévus à Krasnoïarsk en 2022.
En revanche, les compétitions continentales comme l’Euro-2020 de football, dont quatre matches sont planifiés à Saint-Pétersbourg, ne seraient pas concernés, pas plus que la finale de la Ligue des champions 2021, prévue dans la même ville. Idem si la compétition n’est qu’une étape dans un circuit mondial, comme le Grand Prix de F1 de Sotchi.
. Dans les instances sportives
Aucun représentant du gouvernement russe ne peut plus siéger au bureau ou dans tout comité d’un signataire du code mondial antidopage, donc de toute fédération sportive internationale. Cette interdiction laisse la porte ouverte à tout citoyen russe qui ne représenterait pas officiellement le Kremlin ou le gouvernement. Et il n’est pas sûr que la sanction s’applique à Vladimir Poutine, 8e dan de judo et président honoraire de la fédération internationale (FIJ), un titre honorifique mais très symbolique.
. Appel devant le TAS
Les sanctions s’accompagnent d’une déclaration de non-conformité au code mondial antidopage de l’agence antidopage russe Rusada. Cette structure a donc la possibilité de faire appel dans les 21 jours devant le Tribunal arbitral du sport (TAS). Certains prédisent qu’elle ne le fera pas, vu la sévérité du directeur général de la Rusada, Iouri Ganous à l’égard des autorités de son propre pays.
Mais comme l’a clarifié l’AMA dans un communiqué jeudi, si la Rusada ne fait pas appel, d’autres parties peuvent le faire, comme le Comité olympique russe (ROC), ou les fédérations internationales. Cet appel suspendrait les sanctions prises par l’AMA, sauf si l’agence demande au TAS de prononcer des mesures provisoires
LNT avec Afp