En marge des rencontres économiques annuelles d’Aix-en-Provence, organisées par le Cercle Des Économistes, Mme Marie-Anne Barbat-Layani, Directeure générale de le Fédération Bancaire Française, homologue de notre GPBM, et connue pour ses capacités managériales, sa personnalité et son expérience financière et bancaire, a bien voulu accorder un entretien à La Nouvelle Tribune –www.lnt.ma.
En voici la teneur :
La Nouvelle Tribune :
La Fédération Bancaire Française, FBF, est-elle partenaire du GPBM, le groupement professionnel des banques marocaines ?
Mme Marie-Anne Barbat-Layani :
En effet, nous sommes partenaires du GPBM à travers l’Union Bancaire Francophone où nos deux associations sont très investies.
A la création de cette Union en 2012, la FBF en a assuré le secrétariat général et cette année, c’est le GPBM qui prend la relève en la personne même de son Directeur général, M. Hadi Chaibainou.
Nous travaillons donc beaucoup avec nos collègues marocains sur des réflexions très pragmatiques comme l’éducation financière, un sujet très important pour tous les systèmes bancaires parce que notre intérêt est d’avoir des clients éduqués qui savent gérer leur argent, ou encore sur le financement des TPE et des PME, parce que les petits entrepreneurs ont besoin de savoir comment se financer et même comment parler à leurs banques.
A la Fédération Bancaire Française, nous avons créé un site « aveclespme.fr » où il y a beaucoup d’interviewes d’entrepreneurs qui expliquent à leurs collègues avec pédagogie comment préparer un entretien avec son banquier, quelles celles sont les exigences d’un dossier de crédit, etc.,
Ma seconde question concerne Bâle III.
Le Maroc est aux standards internationaux en matière de réglementation bancaire. L’un de ces standards porte tout particulièrement sur les fonds propres.
Et ici, à Aix, nous venons de parler du fait que l’obligation qui a été faite aux banques d’augmenter leur capital a beaucoup compté dans la sauvegarde des banques après la crise de 2008. Qu’en pensez-vous ?
Le Comité de Bâle pose un problème aux secteurs bancaires non américains. En effet, il part d’une approche consistant à dire que le business-modèle, l’organisation des banques de référence est celle qui prévaut en Amérique.
Mais, la réglementation qui en découle n’est malheureusement pas adaptée aux systèmes européens.
Il y a une véritable bataille entre les banques européennes, appuyées par les chinoises, et leurs homologues américaines sur le sujet de la régulation bancaire.
Certes, il est normal d’exiger des banques de mieux appréhender leurs risques en suivant les actifs pondérés par les risques, mais doit-on le faire en imposant qu’elles réduisent la taille de leur bilan?
Ce principe marche bien avec les banques américaines qui sortent les crédits de leurs bilans du fait d’un marché de la titrisation très important aux USA.
Notre système financier tout en étant bien développé, l’est différemment.
Par exemple, en France, les banques gardent leurs crédits dans leurs bilans.
D’ailleurs, notre système a, de ce fait, beaucoup mieux résisté à la crise et a connu moins de subprimes.
En effet, en gardant nos créances dans notre bilan, on est obligé de se préoccuper de la capacité de remboursement des clients, à l’opposé des crédits titrisés qui transmettent le risque aux investisseurs.
D’ailleurs, le Comité de Bâle n’est censé faire que des recommandations que les pays adaptent à leur système de financement.
Quand en France les banques ont transposé le volet sur le financement des PME de Bâle II, sachant qu’en Europe ces dernières reposent à 80 ou 90% sur le crédit bancaire , on n’a pas pu prendre en compte toutes les règles. Car le marché des capitaux pour les PME est quasi inexistant en France et donc les PME ne se financent par sur les marchés.
La réglementation de Bâle II, s’appliquant au financement des PME sur les marchés, n’a pas été appliquée chez nous, sinon nous aurions tué le financement des PME.
En réalité, seules les grandes PME ont accès au marché financier. Ce sont les banques qui accompagnent les PME et TPE vers les marchés de capitaux avec prudence.
La FBF échange-t-elle avec les banques marocaines sur ce qui vous semble les meilleures pratiques ?
En effet, dans le cadre de l’Union Bancaire Francophone, on échange sur les bonnes pratiques et on discute avec nos collègues sur tous les sujets dont celui de Bâle qui revient souvent sur la table parce que l’on sera bientôt à Bâle IV. Le dé-risking est aussi au centre de nos préoccupations. Enfin, je crois savoir que la Banque centrale du Maroc, votre régulateur, impose beaucoup d’exigences aux banques marocaines, concrétisées par une réglementation stricte …
Entretien réalisé par Afifa Dassouli