L'Américain Scott Pruitt, le directeur de l'Agence de protection de l'environnement (EPA) lors du G7 de l'environnement à Bologne le 11 juin 2017. © AFP Alberto PIZZOLI
Les ministres de l’Environnement des pays du G7 se retrouvent dimanche et lundi à Bologne (centre-nord de l’Italie), où l’Américain Scott Pruitt devrait faire face à un front commun dix jours après l’annonce de la sortie des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat.
Alors que la question du climat a brisé fin mai l’unité du G7 pour la première fois de son histoire lors du sommet des dirigeants à Taormina (Sicile), avec un Donald Trump résolu à jouer sa propre partition, elle devrait aussi être évoquée dans les rues du centre-ville, où une manifestation est prévue dans l’après-midi.
« Nous nous attendons à une bonne participation. Avec la décision de Trump, il y a un grand mécontentement et un nouveau débat qui s’est ouvert », a déclaré à l’AFP Giacomo Cossu, l’un des organisateurs du rassemblement.
Du côté des ministres, réunis jusqu’à lundi après-midi pour une série de tables rondes à huis clos dans un hôtel à la périphérie, l’accord de Paris sera également au centre des discussions.
Il s’agira de voir si les États-Unis ont « plus de choses concrètes » à proposer, a expliqué à l’AFP un porte-parole de la ministre allemande de l’Environnement, Barbara Hendricks, qui devait s’entretenir personnellement avec M. Pruitt.
La partie s’annonce difficile: Scott Pruitt, choix controversé de M. Trump pour diriger l’Agence de protection de l’environnement (EPA), a été l’un des partisans les plus fervents de la sortie de l’accord, qu’il juge « mauvais » pour les États-Unis.
Avant d’occuper ce poste, il a lutté pendant des années au niveau local, dans l’Oklahoma, contre de nombreuses initiatives environnementales, main dans la main avec l’industrie pétrolière dont il était de facto l’un des lobbyistes les plus efficaces.
Cet activisme l’opposait alors à ceux qui sont devenus ses subordonnés, en particulier les nombreux scientifiques de l’EPA spécialisés dans le climat, que le président français Emmanuel Macron a invités ces derniers jours à venir si besoin mener leurs recherches en France.
Dans ces conditions, même le traditionnel communiqué final est remis en question. Selon l’entourage du ministre français, Nicolas Hulot, la position américaine n’est pas encore connue.
La délégation menée par M. Pruitt peut se contenter d’émettre des réserves sur certains points de la déclaration. Ils peuvent aussi tout bloquer de manière frontale, ce qui serait une première, auquel cas le communiqué final émanerait uniquement de la présidence italienne.
En face, les six autres pays semblent déterminés et assurent que la rhétorique de M. Trump ne changera pas la donne. « Le monde est déjà en train de tourner le dos au carbone », a souligné le ministre japonais, Koichi Yamamoto.
« L’accord de Paris était très important (…). C’était un bon accord pour chaque pays et pour le monde », a lancé la ministre canadienne, Catherine McKenna, à l’ouverture des débats dimanche, en promettant de tout faire pour maintenir les engagements de réduction des gaz à effet de serre.
Le Canada entend désormais travailler « avec tous les acteurs infranationaux et non-étatiques » également engagés en ce sens, a-t-elle ajouté en référence aux villes et États américains qui ont réagi à l’annonce de M. Trump.
Dans cette lignée, l’Allemagne et la Californie ont convenu samedi d’oeuvrer ensemble pour maintenir les objectifs de l’accord de Paris.
« Les marchés reconnaissent qu’il y a une occasion économique qui vaut des dizaines de milliards de dollars. Au Canada, comme dans tous vos pays, nous voulons créer de bons emplois, soutenir la classe moyenne, faire croître notre économie, et la croissance propre est une véritable opportunité », a aussi fait valoir Mme McKenna.
LNT avec AFP