Comme annoncé par la BCP, la SFI, filiale de la Banque Mondiale, vient de céder sa participation au capital de la Banque Centrale Populaire de 4,75 %, aux mutuelles d’assurances MAMDA-MCMA, renforçant par là même la participation des institutionnels marocains au capital de la banque que dirige M. Mohamed Benchaaboun.
Cette opération permet au groupe MAMDA-MCMA de porter sa participation à plus de 10 % dans le tour de table de la BCP au prix de 2,4 milliards de dirhams.
Une telle stratégie d’alliance et d’institutionnalisation est clairement la continuation diligente d’un processus entamé par la BP en 2012 dans une double optique : agréger dans son tour de table des institutionnels de grande valeur et disposer ainsi des moyens d’une croissance et d’un développement puissants et pérennes, à l’intérieur du Royaume et dans une approche d’externalisation, notamment africaine.
En effet, la BCP a entamé sa démarche d’institutionnalisation dès le 18 juillet 2011, avec l’autorisation du Ministre de l’Economie et des Finances de procéder aux augmentations de capital réservées aux institutionnels sélectionnés, au personnel du CPM et à un ou plusieurs partenaires stratégiques, sous réserve du respect des dispositions de l’article 17 de loi 12-96 portant réforme du CPM qui dispose que le capital de la BCP soit être détenu à hauteur d’au moins 51% par l’Etat et les BPR.
Dans ce sens, à la suite de la cession de 20% du capital de la Banque Centrale Populaire aux Banques Populaires Régionales, la BCP a procédé à différentes augmentations de capital à commencer par celles réservées à des institutionnels sélectionnés et au personnel du CPM. Puis, est intervenue l’augmentation de capital réservée à la BPCE Maroc.
La prise de participation du Groupe SFI au capital de la BCP, à hauteur de 5%, a clôturé ce cycle. Celle-ci, actée en 2012, visait plusieurs objectifs, notamment :
-Aligner la gouvernance de la BCP aux pratiques internationales;
-Accompagner la BCP dans sa stratégie de croissance externe en Afrique;
-Renforcer le tour de table de la BCP à travers l’entrée dans son capital d’investisseurs internationaux;
-Et aussi, faciliter l’accès du Groupe à des lignes de financement en faveur de la PME compte tenu du positionnement et des interventions de la SFI dans ce créneau.
On notera, en effet, que depuis l’institutionnalisation de son capital en 2012, la BCP a réalisé des avancées majeures aussi bien en termes de gouvernance qu’en croissance internationale. Ainsi, la prise de contrôle de la holding africaine ABI en 2012 a permis de donner au Groupe BCP une nouvelle dimension internationale, représentant désormais un axe majeur de son développement, et traduit dans son plan stratégique ELAN 2020.
Force est donc de remarquer qu’au terme des cinq années de présence de la Société Financière Internationale dans le capital de la BCP, ces objectifs ont été largement atteints. Ce qui peut justifier en grande partie la décision du groupe financier international de céder sa participation.
Le plus des mutualistes r’batis
Pour le Groupe MAMDA et MCMA, à n’en point douter, la volonté des assureurs est d’aller encore plus loin dans son partenariat stratégique avec la BP car, en ayant débuté en 2010 avec 1,8% soit 0,9% pour chacun de ces institutionnels r’batis, ils atteignent aujourd’hui, après l’acquisition des 4,75% de capital de la SFI, 1O% du capital de la BP assortis de deux sièges au Conseil de la Banque. Rappelons que nombreux sont les autres institutionnels actionnaires de la BP aux côtes de la Trésorerie Générale qui détient 15,52%, le personnel 4,85% et les BPCE Maroc 4,75%. Il s’agit de l’OCP avec 5,06%, RMA, 3,86%, RCAR 6,41%, CNIA 0,20%, CIMR 4,76%, WAFA ASSURANCES 1,93% et CMR 2,58%.
On constatera qu’avec sa dernière acquisition de 4,75% auprès de la SFI, le Groupe MAMD-MCMA, qui détient 10 % du capital de la BCP, devient ainsi un actionnaire de poids de la BP. Un pourcentage qu’il compte, d’ailleurs, porter encore plus haut sachant que déjà, sa participation au capital fait de ce groupe d’assurance mutualistes le second actionnaire de référence de la Banque Populaire après l’Etat et que tous les institutionnels confondus détiennent près de 30 % du capital.
En effet, MAMDA-MCMA, dirigés par M. Hicham Belmrah, ont déboursé 2,4 milliards de dirhams, sachant qu’en 2012, le Groupe SFI avait acquis 5% du capital de la BP pour un montant de 1 740 076 296 dirhams, capital et prime d’émission confondus, soit 1 653 072 481, 20 dirhams pour les 4,75% pourcentage de la transaction en question.
Cela a permis à l’institution financière internationale de réaliser une plus-value de cession conséquente de 746 927 518, 8 dirhams. De plus ce rendement sur 5 ans a dû être grandement amélioré des dividendes perçus.
Toutefois, rappelons que le partenariat stratégique entre la BCP et les mutuelles MAMDA et MCMA initié depuis 2010, a abouti à la création de la Mutuelle Attamine Chaabi (MAC) en 2015, qui, en l’espace de quelques années seulement, est devenue un acteur majeur de l’assurance-Vie au Maroc et qu’il ne peut que donner encore plus de fruits.
Voilà donc une opération qui présente toutes les qualités d’un « deal win-win », tant pour la Banque Populaire que pour les mutuelles MAMDA-MCMA. Pour la SFI, outre la belle plus-value réalisée au terme d’une présence de cinq ans dans le tour de table de la BP, on pourra considérer que sa sortie est normale sauf que cela coute à notre solde extérieur une sortie de devises …
Encadré : Ce qu’il faut savoir sur la SFI
La SFI, l’un des bras financiers de la Banque Mondiale, est le plus important instrument d’aide au développement du monde se consacrant exclusivement au secteur privé, afin d’influer grandement sur l’évolution de ce secteur. Elle assume la plénitude des risques de ses investissements, tels ceux d’insolvabilité, de change, commerciaux ou de participation en capital.
Elle accorde donc un grand intérêt à la rentabilité prévisionnelle de l’ensemble de son investissement et quand elle y participe par augmentation de capital, elle accorde un intérêt particulier à la politique de distribution de dividendes de la société , ainsi qu’aux perspectives de cession de ses titres sur le marché.
La SFI se distingue également de la BM par les délais de remboursement de ses crédits qui varient entre sept et douze ans.
Afifa Dassouli