
Après de longs mois de négociations et de tractations officielles et officieuses, le Gouvernement dégaine in extremis un accord social inédit à la veille des célébrations de la Fête du Travail, le 1er mai.
Inédit d’abord par le timing, qui coupe le muguet sous les pieds de ceux qui comptaient battre les pavés avec vigueur pour revendiquer des avancées quelconques pourvu qu’elles aient lieu.
Inédit sur le fond ensuite, parce que ce n’est pas tous les jours qu’un accord est signé avec les représentants syndicaux et encore moins avec des mesures concrètes, en espèces sonnantes et trébuchantes pour les travailleurs marocains.
Ce sont d’ailleurs plus de 4 millions de Marocains qui bénéficieront directement d’une augmentation salariale, soit en tant que fonctionnaire à hauteur d’un montant net mensuel de 1.000 dirhams, soit dans le privé à travers la révision annoncée de l’impôt sur le revenu.
Pourtant, d’aucuns auraient pu s’inquiéter de la faisabilité même d’un tel accord dans un contexte marqué par des difficultés économiques et un budget de l’État déjà fortement sollicité par ailleurs. C’est donc une belle victoire qu’il faut savoir libeller comme telle, pour ceux qui en sont les bénéficiaires, des millions de foyers marocains dont le pouvoir d’achat a été mis à mal ces dernières années.
Plus qu’une victoire politicienne potentielle pour le Gouvernement ou pour son bilan, cet accord social est une juste et méritée redistribution pour tous les salariés des administrations publiques, des collectivités territoriales et des établissements publics dont on exige de plus en plus, qu’ils suivent la cadence d’un Maroc qui va de l’avant.
Si cet accord est un investissement judicieux dans la paix sociale, c’est aussi le déclenchement garanti d’un mécanisme qui réinjectera l’argent donné dans l’économie réelle à travers de la consommation notamment.
Ce qui a été acté dans cet accord est donc une forme de coup de pouce aux externalités positives nombreuses. Les travailleurs et les fonctionnaires ainsi que leurs représentants, les ménages modestes et la classe moyenne, le Gouvernement, l’État, tout le monde, à part peut-être l’opposition, peut se satisfaire des annonces récentes.
Il n’en demeure pas moins que ce qui se profile à l’horizon est bien moins consensuel. La réforme des retraites, que le Dialogue social compte tacler à la rentrée pour une mouture présentée au Parlement en octobre, va nécessiter un bras de fer bien plus musclé, en partie parce que le nouveau système va pâtir des casseroles de l’actuel et que le coût sera certainement élevé pour redresser la barre.
Rendez-vous donc à la rentrée, à défaut du 1er mai, pour prendre la température réelle du dialogue social. En espérant que les bonnes nouvelles du printemps maintiendront les bonnes intentions jusqu’à l’automne.
Zouhair Yata
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