Un membre des forces progouvernementales est posté devant un hôpital dans la périphérie est de Hodeida, dans l'ouest du Yémen, le 15 novembre 2018 © AFP STRINGER
Les rebelles et le gouvernement yéménites se sont déclarés favorables lundi aux nouveaux efforts de paix de l’ONU, renforçant la possibilité d’une tenue prochaine de négociations en vue d’un règlement politique au conflit qui ravage le Yémen depuis plus de trois ans.
Le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenu par l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, a même annoncé officiellement qu’il enverrait une délégation aux consultations proposées par l’émissaire de l’ONU à Stockholm avant même que celui-ci ne fixe la date et les modalités de ces négociations.
Il a adressé à cet émissaire, Martin Griffiths, une lettre « soutenant ses efforts de paix et annonçant l’envoi d’une délégation aux consultations (de Stockholm) destinées à trouver une solution politique » au conflit, selon un communiqué officiel.
Cette annonce fait suite à un appel d’un chef rebelle à geler les opérations militaires des Houthis pour donner une chance aux efforts de paix.
Le communiqué du gouvernement Hadi insiste sur la nécessité pour l’ONU de faire pression sur les rebelles Houthis pour qu’ils participent, « sans condition », aux négociations en Suède.
Le chef rebelle Mohammed Ali al-Houthi, qui dirige le Conseil suprême révolutionnaire, avait appelé plus tôt lundi ses partisans à mettre fin « aux tirs de missiles et de drones contre les pays agresseurs », comme le demande, selon lui, M. Griffiths.
Il propose aussi « de geler et de cesser toutes les opérations militaires sur tous les fronts afin de parvenir à la paix », indiquant que son appel vise à prouver les « bonnes intentions » des rebelles après un contact avec M. Griffiths, attendu cette semaine dans la capitale yéménite Sanaa, que contrôlent les Houthis.
– « Garanties solides » –
Après avoir tenté sans succès en septembre d’organiser des négociations à Genève, M. Griffiths avait dit vendredi devant le Conseil de sécurité de l’ONU son « intention de réunir à nouveau les parties rapidement en Suède ».
Il a aussi affirmé que le gouvernement yéménite soutenu par les Saoudiens, tout comme les rebelles Houthis, soutenus eux par l’Iran, avaient montré un « engagement renouvelé » à travailler à une solution politique et ont présenté des « garanties solides » selon lesquelles ils participeraient aux pourparlers.
Selon lui, la coalition militaire anti-rebelles menée par Ryad a accepté des « arrangements logistiques » afin d’ouvrir la voie à des discussions, y compris sur des évacuations médicales de Sanaa.
M. Griffiths avait également annoncé qu’un accord sur un échange de prisonniers était près d’être conclu, un nouveau signe que des mesures renforçant la confiance mutuelle étaient prises en amont des discussions à venir.
Il a aussi proposé de voyager avec la délégation rebelle en Suède « si cela (était) nécessaire ».
Les efforts de M. Griffiths avaient échoué en septembre à Genève: après avoir posé des conditions à leur présence, les Houthis n’avaient finalement pas fait le déplacement, de peur notamment qu’on ne les laisse plus rentrer dans le pays.
– Hunt à Téhéran –
La Grande-Bretagne doit présenter lundi devant le Conseil de sécurité un projet de résolution sur le Yémen, afin de soutenir les efforts de M. Griffiths.
D’autre part, le ministre britannique des Affaires étrangères, Jeremy Hunt, se trouve lundi à Téhéran pour des discussions portant notamment sur le rôle de Téhéran dans le conflit au Yémen.
Il a déclaré sur place que la recherche de la paix au Yémen était « la priorité numéro un du moment ».
L’Arabie saoudite, puissance régionale rivale de l’Iran, s’est déclarée en faveur des efforts de paix.
Parlant lundi devant le Majlis al-Choura (Conseil consultatif), le roi Salmane d’Arabie saoudite a rappelé que son pays était intervenu au Yémen « par « devoir, celui de soutenir le peuple yéménite face aux milices appuyées par l’Iran ».
« Nous confirmons notre appui à une solution politique au Yémen », a-t-il dit.
Ryad a pris la tête d’une coalition militaire qui intervient contre les rebelles au Yémen depuis mars 2015.
Les Houthis opposent une résistance farouche à cette coalition et multiplient les tirs de missiles contre l’Arabie saoudite.
La guerre a fait quelque 10.000 morts et engendré la pire crise humanitaire actuelle dans le monde selon l’ONU qui fait état de 14 millions de personnes en situation de pré-famine.
Sur le terrain, un calme relatif règne à Hodeida selon un correspondant de l’AFP depuis la pause décidée le 14 novembre par les forces loyalistes qui menaient depuis juin une offensive pour reprendre aux Houthis cette ville stratégique, point d’entrée de plus des trois-quarts des importations et de l’aide humanitaire internationale au Yémen.
Les médias des rebelles ont fait état de la poursuite d’opérations militaires et de raids aériens de la coalition dans d’autres régions du pays.
LNT avec Afp