Les forces pro-gouvernementales le 10 août 2015 à Loder, une ville du sud du pays, qui vient de se débarrasser des combattants d'Al-Qaïda © AFP STR
Des combattants d’Al-Qaïda se sont retirés vendredi de deux localités du sud du Yémen qu’ils avaient prises jeudi, après un mouvement de protestation de la population, a indiqué un responsable de l’administration locale.
La démonstration de force des jihadistes intervient quelques jours après une opération commando américaine contre l’un de leurs repaires dans le centre du Yémen, la première depuis l’investiture du président Donald Trump.
« Les combattants d’Al-Qaïda se sont retirés de Loder et de Chaqra après des rassemblements de protestation de la population », a déclaré ce responsable à l’AFP sous le couvert de l’anonymat.
« Les habitants des deux localités ont affirmé pendant ces rassemblements qu’ils étaient prêts à prendre les armes » contre les jihadistes, a-t-il ajouté.
Ces derniers se sont repliés, selon lui, sur les hauteurs environnants.
L’entrée des jihadistes jeudi soir à Loder et à Chaqra, dans la province d’Abyane, a été facilitée par le retrait des forces progouvernementales qui protestaient contre le retard de leurs salaires impayés, avait déclaré à l’AFP un responsable des services de sécurité.
Plus tôt, le réseau extrémiste avait reconquis Ahwar, un autre village d’Abyane, où il maintenait vendredi une présence armée, selon des sources tribales.
« Nos forces se plaignaient aussi d’un manque de moyens, notamment des armes, pour affronter les jihadistes, qui ont intensifié leurs attaques », a ajouté le responsable des services de sécurité.
Les combattants d’Al-Qaïda se sont déployés dans Loder et Chaqra où ils ont mis en place des barrages de contrôle et fait sauter, avec des explosifs, deux bâtiments des services de sécurité, a encore dit le responsable.
La coalition militaire arabe sous commandement saoudien, qui intervient au Yémen depuis mars 2015 en soutien aux forces loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi, a mené dans la nuit deux frappes aériennes contre Al-Qaïda à Loder, a indiqué le responsable sans plus de précisions.
Des sources tribales ont dit redouter que les jihadistes reprennent aussi Zinjibar, le chef-lieu d’Abyane, d’où ils avaient été chassés, ainsi que l’ensemble des localités de la province, l’été dernier par les forces pro-Hadi.
Jeudi, six policiers qui faisaient partie d’un convoi des forces de sécurité, qui se sont retirés de Loder pour se rendre à Aden, la grande ville du sud, ont été tués dans une embuscade imputée à Al-Qaïda, avaient rapporté des sources des services de sécurité.
Des sources tribales avaient fait état de bombardements navals « probablement américains » jeudi contre la localité montagneuse de Khabar Al-Maraqcha, connue pour être un repaire d’Al-Qaïda dans la province d’Abyane.
Mais le Pentagone a démenti un tel bombardement. « Ce n’est pas vrai », a déclaré son porte-parole Jeff Davis lors d’un point de presse.
Dimanche, l’armée américaine avait mené une opération commando contre le groupe jihadiste dans le centre du Yémen, la première sous l’administration du président Donald Trump.
Ce raid s’était soldé par la mort d’un militaire américain et avait fait des victimes civiles, outre des combattants d’Al-Qaïda tués.
La Maison Blanche a qualifié jeudi le raid de « succès ».
L’International Crisis Group a estimé dans un rapport publié jeudi que la branche yéménite d’Al-Qaïda était « plus forte que jamais » et que les actions militaires américaines du type de celle de dimanche dernier risquaient d’alimenter le « ressentiment » contre Washington du fait des « pertes civiles élevées ».
Depuis mars 2015, plus de 7.400 personnes ont été tuées et près de 40.000 blessées dans le conflit au Yémen où toutes les médiations de l’ONU et sept cessez-le-feu ont échoué.
Al-Qaïda et le groupe Etat islamique (EI) ont profité de la guerre et du chaos pour se renforcer notamment dans le sud et le sud-est du Yémen.
LNT avec AFP