Le roi Salmane accueille le président chinois Xi Jinping à son arrivée à Ryad, le 19 janvier 2016 en Arabie saoudite
Le président chinois Xi Jinping arrive mercredi en Arabie saoudite, le premier exportateur mondial de brut, pour des rencontres avec les dirigeants de la région dominées par les sujets énergétiques, en pleine crise liée à la guerre en Ukraine.
Des drapeaux chinois et saoudiens flottaient mercredi le long des avenues de la capitale Ryad, tandis que la photo de Xi Jiping dominait les unes des quotidiens saoudiens, soulignant les bénéfices économiques potentiels de la visite.
Le géant asiatique et le pays du Golfe, son principal fournisseur en pétrole, semblent vouloir renforcer leurs relations dans un contexte d’incertitudes économiques et de réalignement géopolitique.
Il s’agit du troisième déplacement de Xi Jinping à l’étranger depuis le début de la pandémie de Covid-19 en 2020 et son premier dans la monarchie pétrolière depuis 2016.
Des réunions bilatérales sont prévues, au cours de ce voyage de trois jours, avec le roi Salmane et le prince héritier Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto du royaume, ainsi qu’un sommet vendredi avec les six pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) et un autre avec des leaders arabes, ont indiqué les médias d’Etat saoudiens.
Il s’agit de « la plus grande activité diplomatique entre la Chine et le monde arabe depuis la création de la République populaire de Chine », a affirmé mercredi la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning.
L’énergie devrait dominer les discussions entre le plus grand exportateur mondial de pétrole brut et la Chine, plus grand importateur d’or noir au monde.
Le G7 et l’Union européenne ont instauré vendredi dernier un plafonnement du prix du pétrole russe à l’export à 60 dollars le baril, dans l’objectif de priver Moscou des moyens de financer la guerre en Ukraine, créant de nouvelles incertitudes sur le marché mondial.
Dimanche, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, menée par l’Arabie Saoudite, et leurs alliés, menés par la Russie (Opep+) sont convenus de garder le cap décidé en octobre d’une réduction de deux millions de barils par jour jusqu’à la fin 2023.
L’ordre du jour de la visite n’a pas été communiqué, mais Ali Shihabi, un analyste saoudien proche du pouvoir, a dit s’attendre à ce qu’un « certain nombre d’accords soient signés ».
Au-delà de l’énergie, les discussions pourraient porter sur l’implication des entreprises chinoises dans les méga-projets portés par le prince héritier saoudien.
Ces projets comprennent une ville futuriste de 500 milliards de dollars appelée NEOM, qui exploitera la reconnaissance faciale et d’autres technologies de surveillance, largement utilisées en Chine.
Selon l’agence de presse saoudienne SPA, l’Arabie a attiré plus de 20% des investissements chinois dans le monde arabe entre 2002 et 2020, ce qui est en fait le plus grand récipiendaire de la région.
Le secrétaire général du Conseil de Coopération du Golfe, Nayef al-Hajraf, a souligné pour sa part l’importance du sommet vendredi avec les six pays du Golfe, affirmant que la Chine était leur premier partenaire commercial.
Le bloc régional veut « renforcer la coopération » dans les domaines de l’économie, du développement et du commerce, entre autres, a-t-il ajouté.
– Tensions avec Washington –
La visite de Xi Jinping sera sans doute suivie de près par les Etats-Unis, allié clé des pays du Golfe, en particulier l’Arabie saoudite.
Le partenariat entre les deux pays, souvent décrit comme un accord « pétrole contre sécurité », a été scellé après la Seconde Guerre mondiale.
La baisse de la production décidée en octobre par l’Opep+ a toutefois ulcéré Washington qui a dénoncé un « alignement avec la Russie ».
De son côté, Ryad a par le passé reproché à Washington de ne pas remplir sa part du contrat, notamment après les attaques sur le royaume menées par des rebelles Houthis à partir du Yémen, en septembre 2019.
Mais même si l’Arabie coopère avec la Chine sur les ventes et la production d’armes, Pékin ne peut pas lui fournir les mêmes garanties de sécurité que Washington, estiment les analystes.
Néanmoins, si les Saoudiens « cherchent à obtenir davantage de garanties de sécurité de la part des Etats-Unis (…), montrer qu’ils ont la possibilité de renforcer leurs liens avec la Chine leur convient », souligne Torbjorn Soltvedt, de la société de renseignement sur les risques Verisk Maplecroft.
LNT avec Afp