Washington menace Bogota, 5 morts dans des frappes américaines dans le Pacifique
Les États-Unis ont mené, mercredi 23 octobre, une nouvelle frappe dans l’océan Pacifique contre un bateau soupçonné de trafic de drogue, faisant cinq morts en deux jours, selon le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. Ces opérations militaires, menées en eaux internationales, marquent une escalade des tensions entre Washington et Bogota, alors que le président américain Donald Trump a directement attaqué son homologue colombien Gustavo Petro, le qualifiant de « baron de la drogue ».
Cette déclaration particulièrement virulente a été suivie d’une menace à peine voilée : M. Trump a invité le président Petro à « faire attention », tandis que le secrétaire d’État Marco Rubio l’a qualifié de « fou ». En réponse, le dirigeant colombien, élu de gauche, a annoncé son intention de porter plainte pour diffamation devant la justice américaine.
Les frappes américaines, qui visaient jusqu’ici principalement les eaux des Caraïbes, s’étendent désormais au Pacifique. Washington affirme qu’elles s’inscrivent dans le cadre de la lutte contre le narcotrafic, et qu’elles ciblent des navires transportant de la cocaïne vers les côtes américaines. Depuis plusieurs semaines, les États-Unis revendiquent neuf opérations de ce type, ayant causé la mort de 37 personnes.
Une source militaire colombienne a indiqué à l’AFP que la frappe de mardi s’était produite « près » mais non à l’intérieur des eaux territoriales colombiennes. Les navires visés – huit bateaux et un semi-submersible, auraient été localisés dans une zone s’étendant jusqu’au large du Venezuela, sans que leur origine exacte ne soit confirmée.
À Washington, la Maison Blanche et le Pentagone affirment que ces frappes s’inscrivent dans un conflit armé contre les cartels sud-américains, désormais qualifiés de groupes terroristes. « Tout comme Al-Qaïda a mené une guerre contre notre patrie, ces cartels mènent une guerre contre notre frontière et notre peuple. Il n’y aura ni refuge ni pardon, seulement la justice », a déclaré Pete Hegseth devant le Congrès.
Cependant, plusieurs experts soulignent que les exécutions extrajudiciaires demeurent illégales, même si elles visent des narcotrafiquants présumés. Ces opérations unilatérales suscitent donc de vives critiques au sein de la communauté internationale.
En Colombie, ces frappes et les propos du président américain ont provoqué une crise diplomatique. L’ambassadeur colombien à Washington, Daniel García-Peña, a été rappelé à Bogota pour consultations. Il a dénoncé des menaces « inacceptables » et mis en garde contre une rupture d’une relation bilatérale vieille de plus de deux siècles, estimant que les États-Unis cherchaient à « changer le paradigme de leurs relations internationales ».
La Colombie, premier producteur mondial de cocaïne, collabore pourtant depuis des décennies avec Washington pour lutter contre la production et le trafic, contrôlés par divers cartels, groupes paramilitaires et guérillas.
De son côté, le président vénézuélien Nicolas Maduro a accusé les États-Unis de se servir de la lutte antidrogue comme prétexte pour renverser les gouvernements latino-américains jugés hostiles. Il a affirmé que le Venezuela disposait de 5 000 missiles antiaériens portables pour se défendre contre toute agression américaine.
Alors que la tension monte sur le plan diplomatique et militaire, cette nouvelle campagne américaine dans le Pacifique soulève des interrogations sur la stratégie de Washington en Amérique latine, et sur les conséquences potentielles pour la stabilité régionale.
LNT avec AFP
