C’est un retour réussi que celui de M. Ramsès Arroub, qui a retrouvé le siège de PDG de la compagnie Wafa Assurance au début du mois de mai dernier, après l’avoir quitté en 2014.
De même qu’a été réussie sa première prestation publique ex officio devant la presse, à l’occasion de la présentation des résultats semestriels au 30 juin 2018 d’une compagnie qui avait, incontestablement et selon les mots mêmes de M. Arroub, « connu un creux » de plusieurs mois depuis 2017.
Peut mieux faire
Mais, comme l’indiquent les performances présentées jeudi 27 septembre devant un parterre de journalistes quelque peu « triés sur le volet », la dégringolade a été contenue au terme du S1 2018, même si certains indicateurs ne sont pas des plus flamboyants.
Du moins, l’essentiel a-t-il été préservé alors que le PDG affiche un certain optimisme pour l’avenir, soulignant que sur les quinze dernières années, Wafa Assurance n’aura connu qu’une seule année négative et que la compagnie renouerait très prochainement avec ce trend positif.
Ainsi, le chiffre d’affaires global s’établit à 4,5 Mrds DH à fin juin 2018, en progression de +4,7% sur le semestre, essentiellement grâce à l’activité Vie.
En effet, la croissance en Vie est de +8,3%, à 2,4 Mrds DH, du fait d’une bonne dynamique en épargne et en décès.
Par contre, en Non-Vie, le chiffre d’affaires ressort à 2,1 Mrd DH, en légère hausse de +0,8%, sachant que la croissance en Auto est atténuée par le repli des autres branches Non-Vie, ( maladies, accidents du travail, sinistralités, etc.) .
Sur la Non-Vie, M. Arroub fait remarquer que le secteur automobile, marqué certes par une augmentation de la sinistralité, reste porteur et positif, alors que le parc automobile national serait en belle hausse à la fin de 2018.
Le PDG de Wafa Assurance, qui connaît quelques-unes des lacunes du système, précise d’ailleurs que le secteur a poussé à la surconsommation en instaurant le paiement des dommages automobiles avant la réparation, estimant donc qu’il serait peut-être nécessaire que la FRMSAR revienne sur cette question puisqu’il y a eu des dérives notamment par la multiplicité des déclarations de dommages, tandis que la concurrence entre les compagnies a pu imposer des baisses au niveau des primes d’assurances, surtout sur la Tous risques, ce qui n’ était peut-être pas une bonne chose.
On devrait donc, en toute logique, sinon s’attendre à une hausse prochaine des primes d’assurance, du moins au gel des tarifications actuelles…
Par ailleurs, au niveau du résultat financier, Wafa Assurance enregistre une baisse du résultat financier Non-Vie de 49 MDH en raison de la baisse des plus-values réalisées dans un marché actions, en repli de -4,1% contre une hausse de +3,2% en S1-2017.
Pour la Vie, la compagnie enregistre une progression du résultat financier de 45 MDH, due à l’augmentation des encours gérés en épargne.
Ce résultat revient principalement aux assurés par le mécanisme de participations aux bénéfices (en épargne).
Quant au résultat technique, il s’affiche comme stable en Vie et en baisse en Non-Vie :
Baisse du résultat Non-Vie issu à environ de 80% de la charge de sinistre nette.
Résultat Vie stable à 173 MDH, sous l’effet d’une hausse de la sinistralité en décès absorbée par l’amélioration du résultat en épargne.
Partant, le résultat net est en baisse du fait de l’activité Non-Vie alors que le résultat Non Technique est en amélioration de 51 MDH après remboursement intégral, en début d’exercice, de la dette résiduelle (463 MDH).
Le meilleur est à venir
Pour les filiales africaines, la plupart étant des « greenfields », une démarche inscrite dans l’ADN de Wafa Assurance, dixit Ramsès Arroub, les résultats au S1 2018 sont mitigés, du fait essentiellement qu’il s’agit de compagnies en phase de démarrage et que les performances s’en ressentent tout naturellement. Mais Wafa Assurance ne compte pas se détourner de sa politique d’externalisation en Afrique.
Dans ses commentaires induits par les questions des journalistes, le PDG de Wafa Assurance a récusé l’idée que le secteur et sa compagnie particulièrement connaîtraient autre chose qu’un « essoufflement passager et conjoncturel » car tant la branche Non-Vie, (un « vrai moteur de croissance) avec l’automobile, la couverture maladie, etc., que la Vie étaient amenés à connaître des performances en ligne avec la croissance économique et les besoins des entreprises.
Et M. Arroub de remarquer, au passage, que le secteur des assurances disposait de liquidités importantes qui pourraient être mises au service du déblocage de la situation sociale, de l’investissement et de la création d’emplois si l’État souhaitait recourir à l’emprunt intérieur.
Sur le digital enfin, l’un des gros chantiers de Wafa Assurance, qui se dotera d’ailleurs d’un nouveau plan stratégique dans les tous prochains mois, le président de Wafa Assurance reste sur le schéma d’une configuration B to B to C, c’est-à-dire qui n’exclut pas les intermédiaires en assurances, partenaires stratégiques des compagnies, qu’ils soient courtiers ou agents.
Et de noter, in fine, que l’assurance directe, tout comme la banque éponyme, présentes depuis des lustres, n’ont jamais réussi à faire mieux que 10 % de parts de marché.
Wafa Assurance, désormais reprise en main par l’un des managers les plus compétents du secteur des assurances, est en phase de retour en force sur le marché, alors que M. Arroub, qui encourage la compétition, y compris avec les grands « players » internationaux, affirme un optimisme et une confiance de bon aloi !
Fahd YATA