Le Président Directeur Général de Wafa Assurance, M. Ramsès Arroub.
D’après les conclusions du dernier Comité de Coordination et de Surveillance des Risques Systémiques, tenu le 22 décembre 2022, le secteur des assurances maintient une forte stabilité financière en affichant des fondamentaux solides et démontre sa résilience face à la conjoncture nationale et internationale ainsi que les fortes incertitudes qui en découlent.
L’ACAPS a publié les indicateurs-clés de l’activité technique et financière du secteur des assurances au 31 décembre 2022 qui confortent ces conclusions. En effet, pour l’année 2022, le secteur a enregistré un chiffre d’affaires de 54,9 Milliards de dirhams, en croissance de +9,3% par rapport à 2021. Cette progression est elle-même tirée à la fois par le chiffre d’affaires de l’activité Vie, qui affiche une progression de 11,5% pour s’établir à 25,6 MMDHs et par celui Non-vie, qui affiche une croissance de 7,5% en 2022 à 29,3 MMDHs.
Dans cet environnement, Wafa Assurance occupe une place prépondérante avec au global, une croissance du chiffre d’affaires supérieure à celle du marché de 14,7%. Cette surperformance est tirée aussi bien par la Vie que par la Non-vie qui affichent des croissances respectives de 18,7% et de 9,8% contre 9,5% et 7,1% pour le secteur des assurances.
Toutefois, si sur le plan technique le secteur a maintenu un bon rythme de croissance, sur le plan financier, les placements des entreprises d’assurances ont connu une forte diminution de leurs plus-values latentes qui se sont repliées de 40,6% pour se situer à 19,3 milliards de dirhams. Et ce, du fait de la forte correction du marché boursier et de la hausse des taux sur le marché secondaire des obligations. La performance boursière à fin décembre 2022 ayant été négative de -19,75%, elle a entrainé une baisse de la capitalisation boursière qui est tombé à 561milliards de dirhams en baisse de 129 MMdhs par rapport à fin 2021.
Concomitamment, le retournement de la courbe des taux a engendré une remontée de ces derniers sur le marché secondaire des bons du trésor, qui a touché tous ses compartiments, du moyen et long terme. Concrètement, les hausses de taux ont été respectivement de 99 points de base, pdb, pour le 5 ans, 86 pdb pour le 10 ans et 67 pdb pour le 20 ans, établissant les taux à 3,19% pour le 10 ans, 3,41% pour le 15 ans et 3,55% pour le 20 ans.
En conséquence, de façon générale, le résultat financier des compagnies est en recul impacté par la baisse du marché boursier et celle de la valeur des titres obligataires dans leur portefeuille du fait de la hausse des taux.
Pour Wafa Assurance aussi, le résultat financier pour l’activité Vie s’affiche à 952 MDH en baisse limitée de -4% à fin décembre 2022.
Alors que celui de l’activité Non-Vie de 394 MDH a également baissé de 29% par rapport à 2021, du fait de la forte reprise de la provision liée à la sortie de la pandémie de la Covid.
Et donc, la compagnie d’assurance a réalisé un Résultat Net en Vie qui s’établit à 157 MDH pour 2022, en baisse de 16,1% impactée par la baisse des marchés financiers même s’il a été atténué par l’amélioration de la sinistralité.
Quand le Résultat Net Vie de Wafa Assurance s’est établi à 457 MDH en progression de 8,7% sous l’effet de la nette amélioration de la sinistralité en partie gommée par la baisse des marchés financiers.
Les placements consolidés de Wafa Assurance au 31 décembre 2022 ont aussi été naturellement impactés par la baisse du marché boursier passant de 51485 Mdhs à 49485 Mdhs soit 1987 Mdhs en moins ou moins 4%.
Sur ce point en particulier, M. Ramses Arroub, le Président du groupe Wafa Assurance, a expliqué à l’assistance de journalistes, mercredi dernier, que l’impact de la dépréciation boursière de presque 20% de la bourse de Casablanca combinée à la hausse des taux qui a impacté la valeur du portefeuille obligataire des institutionnels dont les compagnies d’assurance, a été plus ou moins lourde en fonction de la politique de placement de chacune de ces dernières.
En effet, les compagnies d’assurances peuvent soit investir directement en bourse et dans l’acquisition d’obligations publiques ou privées, soit souscrire à des OPCVM obligataires actions ou diversifiées auprès des sociétés de gestion à qui d’ailleurs elles peuvent déléguer la gestion de leurs fonds dédiés, c’est-à-dire entièrement détenus par une compagnie et donnés en gestion à une société de ce métier.
Et M. Arroub de préciser que la règle de comptabilisation des moins-values latentes diffère selon le mode d’acquisitions des titres. Car pour tous les titres obligataires ou boursiers achetés en direct par une compagnie, selon les normes IFRS, leurs plus ou moins-values sont prises en compte dans les comptes consolidés au niveau des capitaux propres dans une réserve de réévaluation et ne font donc pas l’objet d’une quelconque charge en provisions. Et d’ajouter que dans les comptes sociaux établis selon la norme comptable marocaine, seules les moins-values sont prises en compte les plus-values n’étant pas comptabilisées. Avec la précision importante que les fonds réunissant les titres d’une compagnie d’assurance donnés en gestions à une société de gestion, sont traités comme les valeurs détenues en direct.
En revanche, les valeurs acquises auprès des OPCVM dont les valeurs liquidatives sont fixées à la fin de chaque semaine oblige les compagnies à les évaluer à celle du 31 décembre de l’année civile et de mettre dans les réserves de réévaluation, les plus ou moins-values latentes au niveau des comptes consolidés ou de provisionner les moins-values dans les comptes sociaux. En définitive, une compagnie qui a une plus importante proportion d’actifs en directs ou dans des fonds dédiés subit moins de dépréciation financière de son portefeuille. C’est le cas du groupe Wafa Assurance qui, détenant plus de titres en direct, en actions, obligations ou fonds dédiés, que dans les OPCVM, a minimisé la dépréciation de son résultat financier suite à la double baisse de performance des marchés boursiers et obligataires…
Afifa Dassouli