le propriétaire du café 'Le Belfort bistro', John Bleys, prépare la fermeture de son établissement à Berlin, le 1er novembre 2020 © AFP Omer MESSINGER
Frappés de plein fouet par la deuxième vague de l’épidémie de coronavirus, les pays européens renforcent leurs restrictions, notamment l’Allemagne et la Belgique ce lundi, non sans provoquer ressentiment voire colère au sein de leurs populations, comme en Espagne ou en Italie.
Et l’épidémie n’épargne personne, pas même le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Tedros Adhanom Ghebreyesus a annoncé dimanche soir s’être placé en quarantaine après avoir été en contact avec une personne testée positive au Covid-19.
Le virus en pleine recrudescence accroît aussi les tensions. Celles-ci pourraient encore augmenter cette semaine dans la péninsule italienne. Selon la presse locale, le gouvernement annoncera lundi un confinement des grandes villes du pays, à commencer par Milan et Naples.
Un pari risqué après les affrontements ayant opposé samedi à Rome la police à des manifestants en colère contre les restrictions imposées pour tenter d’enrayer l’épidémie. Des incidents similaires ont également éclaté vendredi à Florence.
En Espagne, la police a interpellé tôt dimanche des dizaines de personnes au cours d’affrontements dans plusieurs villes. Les troubles les plus importants se sont produits à Madrid, où de nombreux manifestants scandant « Liberté! » ont mis le feu à des bennes à ordures et érigé des barricades de fortune sur la Gran Via, la principale artère du centre de la capitale.
Les manifestants dénonçaient le couvre-feu nocturne imposé la semaine dernière et le bouclage décrété par la quasi totalité des régions espagnoles.
L’amertume est grande aussi en Allemagne où de sévères restrictions entrent en vigueur lundi.
« Un gifle », voila ce qu’a ressenti le monde de la culture après l’annonce de la fermeture pendant au moins un mois de toute une série d’établissements, dans la gastronomie, les loisirs, les sports mais aussi la culture.
« Etre assis ici dans une salle si vide, c’est totalement déprimant et douloureux », soupirait samedi soir Jan Brachmann, 48 ans, noeud papillon autour du cou et masque chirurgical sur le visage. Avec une cinquantaine d’autres spectateurs, ce passionné de bel canto a assisté à la « première » de l’opéra « Die Vögel » (les oiseux) du compositeur allemand Walter Braunfels, aux allures pourtant de « dernière ».
Comme toutes les salles de spectacle, l’opéra de Munich ferme ses portes lundi.
– « Confinement plus sévère » –
En Belgique, pays au monde où le coronavirus circule le plus, le gouvernement a décidé un « confinement plus sévère » pendant six semaines. Tous les commerces non essentiels resteront fermés lundi et le télétravail devient la norme, partout où il est possible.
Le Premier ministre Alexander De Croo a également annoncé la limitation des invitations au domicile à une seule personne et une nouvelle prolongation de trois jours des vacances scolaires, jusqu’au 15 novembre inclus.
A Bruxelles, comme ailleurs en Europe, les autorités justifient ce nouveau tour de vis par la situation « critique » dans les hôpitaux. En France, l’épidémiologiste Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique qui guide le gouvernement, a averti que le nombre d’hospitalisations et d’entrées en service de réanimation allait « grimper » au cours des prochains jours. « On ne peut pas l’empêcher », a-t-il averti dimanche.
Dans ce contexte anxiogène, le Premier ministre Jean Castex a exhorté les Français dimanche au respect du confinement, « indispensable » pour en sortir au plus vite. Et pour calmer la fronde des petits commerçants, il a annoncé la fermeture des rayons non essentiels dans les grandes surfaces par mesure d’équité.
« Les Français râlent, les Français sont dans la difficulté » et « je comprends la lassitude de nos concitoyens », a-t-il assuré dimanche soir.
– « Pas une fête normale » –
Au Royaume-Uni, pays le plus endeuillé d’Europe avec au moins 46.555 morts, le Premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé un reconfinement de l’Angleterre de jeudi jusqu’au 2 décembre. Le Pays de Galles était déjà confiné, et l’Irlande du Nord en confinement partiel.
En Autriche, « un second confinement est mis en place à compter de mardi et ce jusqu’à fin novembre », a annoncé le chancelier Sebastian Kurz. Le pays enregistre plus de 5.000 cas quotidiens, contre seulement 1.000 début octobre.
En Suisse, la ville de Genève a annoncé dimanche la fermeture des bars, restaurants et commerces non essentiels face à une « sévère aggravation de la situation ». Le port du masque sera également obligatoire sur toutes les remontées mécaniques des montagnes suisses tout l’hiver.
Les pays européens constituent la troisième région la plus touchée avec 10,46 millions de cas, derrière l’Amérique latine et les Caraïbes (11,3 millions) et l’Asie (10,57 millions). Sur l’ensemble de la planète, ce sont plus de 46 millions d’êtres humains qui ont été contaminés, dont près de 1,2 million sont morts.
Les Etats-Unis ont enregistré dimanche plus de 87.000 nouveaux cas ces dernières 24 heures, peu après un record national (94.000), selon le comptage de l’université Johns Hopkins. Ils sont le pays le plus touché tant en nombre de morts (230.934) que de cas (9.198.700).
Au Moyen-Orient, le ministère libanais de l’Intérieur a annoncé dimanche un couvre-feu national de 21H00 à 05H00, reconduit la fermeture des bars et boîtes de nuit « jusqu’à nouvel ordre », ainsi que le confinement total imposé à 115 villages et localités pour une semaine.
Rare bonne nouvelle, mais pour une poignée de privilégiés seulement, le site inca du Machu Picchu, joyau des sites touristiques du Pérou, a rouvert dimanche après près de huit mois de fermeture pour cause de Covid-19.
Mais pour des raisons de sécurité sanitaire, seulement 675 touristes pourront accéder au site chaque jour, soit 30% du nombre quotidien de visiteurs avant la pandémie.
LNT avec Afp