Le président ukrainien Petro Porochenko, le 30 janvier 2017 à Berlin © AFP/Archives Odd ANDERSEN
Le président ukrainien Petro Porochenko a appelé jeudi à faire pression sur la Russie au cinquième jour de combats entre soldats ukrainiens et rebelles prorusses dans l’est de l’Ukraine qui ont fait au moins 21 morts depuis dimanche.
Ces affrontements, les plus violents depuis une trêve obtenue en décembre, sont aussi les premiers depuis l’investiture du président américain Donald Trump, qui prône un rapprochement avec la Russie accusée par Kiev et l’Union européenne de soutenir militairement les séparatistes.
« Les soldats russes tirent sur Avdiïvka (…) Le monde doit être plus actif dans sa pression sur la Russie pour obtenir un cessez-le-feu », a déclaré Petro Porochenko, cité dans un communiqué par son service de presse, lors d’un entretien téléphonique avec son homologue slovaque Andrej Kiska.
Les combattants des deux camps ont continué à s’affronter dans la nuit de mercredi à jeudi à coups de roquettes et d’obus de mortier qui ont notamment tué une civile. Les autorités séparatistes ont également annoncé le décès d’un de leurs combattants dans les faubourgs d’Avdiïvka, portant à 21 le nombre de morts depuis la reprises des violences.
Alors que les températures descendent sous les -20° en plein coeur de l’hiver ukrainien, les 20.000 habitants d’Avdiïvka doivent en outre faire face à des pénuries de chauffage et d’eau courante suite aux dégâts infligés à la centrale électrique de la ville.
La question de la responsabilité initiale dans la rupture de la trêve n’est pas tranchée, les deux camps, soldats ukrainiens et rebelles prorusses, s’accusant mutuellement. Mais la ville d’Avdiïvka, sur la ligne de front, est sous le contrôle de l’armée ukrainienne, et des soldats ukrainiens ont indiqué à l’AFP avoir été pris par surprise par les attaques durant le week-end des séparatistes.
La nuit passée, une journaliste de l’AFP sur place a été témoin d’attaques menées par les rebelles contre des positions ukrainiennes.
La diplomatie ukrainienne a démenti jeudi des accusations de Moscou selon lesquelles Kiev a intensifié les violences pour attirer l’attention internationale sur ce conflit quasiment gelé, dénonçant des accusations « à la fois absurdes et complètement fausses ».
Mercredi, le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg a pour sa part appelé Moscou à user de sa « considérable influence auprès des rebelles » prorusses pour mettre fin aux violences.
– Mortiers et gruau –
L’armée ukrainienne a affirmé à l’AFP avoir repoussé « plusieurs attaques » contre ses positions. « Il n’y a pas de lumière dans la ville et nous gardons la centrale électrique à la température la plus basse possible pour éviter que les tuyaux ne gèlent », a précisé la porte-parole de la 72e brigade de l’armée, Olena Mokryntchouk.
Un soldat ukrainien répondant au nom de guerre de « Zoo » a par ailleurs indiqué jeudi à l’AFP être persuadé que des soldats russes ont participé aux attaques contre Avdiïvka. « Personne d’autre n’aurait pu se coordonner aussi bien », a-t-il affirmé.
Face à la menace de pénurie alimentaire, l’armée a installé des cantines itinérantes pour distribuer du gruau de sarrasin et du thé à plusieurs centaines d’habitants. Sept camps ont en outre été installés à travers la ville pour permettre à la population de se réchauffer.
« En ce moment, nous préparons du sarrasin et de la bouillie de millet. Nous espérons recevoir de la viande en conserve dans la soirée », a expliqué à l’AFP un soldat de 40 ans ne souhaitant donner que son nom de guerre, Taras.
Avdiïvka a toujours été un point stratégique du conflit. Prise par les combattants prorusses en avril 2014 en écho au soulèvement pro-européen du Maïdan à Kiev, la ville a été reprise quelques mois plus tard par les troupes de Kiev qui y ont depuis gardé un très important contingent.
Distante de moins de 10 kilomètre du bastion rebelle de Donetsk, c’est aussi un noeud routier dont les combattants rebelles ont su profiter pour déplacer des armes lourdes, sa cokerie ayant aussi une importance cruciale pour l’alimentation en électricité de la région.
LNT avec Afp