La scène donne envie de vomir, une jeune adolescente se fait agresser sexuellement par d’autres jeunes adolescents, qui arborent fièrement de grands sourires et qui filment leur crime en toute impunité.
Les internautes n’en finissent pas de s’indigner, et chaque femme qui est exposée à cette vidéo ne peut s’empêcher d’exprimer son dégout, sa tristesse et son désespoir face à l’ignominie de cet acte. Ce viol, collectif de surcroit, se retrouve médiatisé et la scène crue est exposée au voyeurisme de tous. Mais, il est surtout révélateur de ce qu’on ne voit pas, ce qu’on ne montre pas… La violence physique et sexuelle que subissent l’écrasante majorité des Femmes marocaines. Si cet acte a été filmé, combien se produisent au quotidien dans l’indifférence et l’ignorance générales, dans les rues, les écoles, les collèges et lycées, ou même le monde professionnel ?
Jusqu’à quand la frustration sexuelle des hommes sera-t-elle plus légitime que la vie de nos mères, sœurs, filles, épouses ? Jusqu’à quand un pays musulman ouvert et tolérant comme le proclame le Maroc autorisera ces atteintes aux droits les plus fondamentaux de la Femme ? Les mentalités ne changeront pas, les hommes n’ont ni la volonté ni la conviction pour changer. La jeunesse est laissée pour compte, sans éducation, sans avenir, avec pour seule arme la violence.
Il faut légiférer d’abord et rendre les actes de violence sexuelle, verbale, psychologique et physique contre les femmes, des crimes aux sentences exemplaires. Les pouvoirs publics doivent déployer des moyens dédiés, comme des forces de police, pour lutter contre la violence faites aux femmes au quotidien. Il ne doit plus y avoir de zone grise où ces actes peuvent être « contextualisés » ou « excusés » par le poids de la société, la morale sociale ou le conservatisme religieux. Si une victime ne témoigne pas contre ses bourreaux, l’Etat doit les poursuivre systématiquement parce qu’il a pour obligation de défendre les victimes.
Le Roi Mohammed VI a appelé dans un discours récent à matérialiser l’esprit de la Constitution pour que son exécution suive son esprit. Si ce n’est pas demain la veille que la parité entre les hommes et les femmes sera appliquée, pouvons-nous, au moins peut-être, garantir aux femmes la même sécurité de leur personne que les hommes ?
La honte doit changer de camp ! Les hommes qui harcèlent les femmes, qu’elles soient jeunes, vieilles, mariées, mères, enceintes, voilées, doivent être montrés du doigt par la Loi et ce n’est que comme cela que la société commencera à les voir comme des coupables.
Il faut s’attaquer à ce problème aussi bêtement qu’on a réussi à imposer le port du casque en moto ou celui de la ceinture de sécurité en voiture, parce que la répression aura au moins le mérite de répondre à la situation existante. En réalité, les causes profondes qui justifient l’existence de cette maltraitance continue à l’égard des femmes sont impossibles à régler rapidement. Le manque voire l’absence d’éducation et donc de perspectives d’avenir, la frustration existentielle de la jeunesse marocaine et d’une partie des adultes, est le réel fléau qui doit nous inquiéter.
La violence faite aux femmes en est une conséquence directe, comme les actes récents de zoophilie, les crimes à l’arme blanche ou le terrorisme radical…
Il est grand temps d’agir !
Zouhair YATA