
L'allongement rapide de la liste des pays touchés et des groupes affectés par le coronavirus plongeait les indices boursiers dans de nouveaux gouffres, balayant la furtive stabilisation de la veille © AFP/Archives Philip FONG
Wall Street a terminé dans la tourmente jeudi une rude journée pour les indices boursiers mondiaux, qui se dirigent vers leur pire semaine depuis la crise de 2008 face à la propagation de l’épidémie de coronavirus à travers la planète.
L’indice vedette de la Bourse de New York, le Dow Jones, a accéléré ses pertes en toute fin de séance pour s’effondrer de plus de 1.000 points, ou 4,4%. Il a plongé de plus de 11% depuis le début de la semaine.
Si cette dégringolade se poursuit vendredi, il s’agirait de sa plus forte perte hebdomadaire depuis le pic de la crise financière mondiale à l’automne 2008.
Mis à rude épreuve depuis lundi, les marchés européens ont aussi tous fini en forte baisse: de Paris (-3,32%) à Londres (-3,50%), de Francfort (-3,19%) à Madrid (-3,55%) ou encore Amsterdam (-3,75%).
En une semaine, l’Euro Stoxx, l’indice boursier rassemblant des grandes valeurs de la zone euro, affiche désormais près de 10% de recul (-9,60%).
Tokyo avait donné le la en tout début de journée jeudi avec un repli de plus de 2% face aux menaces grandissantes que fait peser la crise sanitaire sur l’organisation des Jeux olympiques.
Le pétrole est aussi en chute libre, le baril coté à Londres (-2,3% à 52,18 dollars) et celui coté à New York (-3,4% à 47,09 dollars) tombant à leur plus bas niveaux en plus d’un an après avoir plongé de plus de 10% depuis le début de la semaine.
Et signe d’une ruée des investisseurs vers les actifs jugés plus sûrs, le taux à 10 ans sur les bons du Trésor américains a décliné jusqu’à 1,2408% en cours de séance, un niveau jamais vu. Le taux d’emprunt à 10 ans de l’Allemagne a de son côté reculé à -0,54%, un plus bas depuis octobre 2019.
– Plans d’urgence –
« On n’a pas encore de réponses et on ne va pas en avoir pendant un certain temps, sans doute pas avant deux à quatre semaines », remarque Maris Ogg, gestionnaire de portefeuilles pour Tower Bridge Advisors. « Plus il y aura d’infections liées au coronavirus, plus on risque de rester en zone de correction », poursuit-elle.
« L’environnement de marché est assez déprimé. Il n’a pas encore cédé à la panique mais il y a des premiers signes de capitulations d’investisseurs », estime pour sa part Andrea Tuéni, analyste de Saxo Banque.
« On est en train d’enregistrer la pire semaine depuis 2008 sur les marchés. En variation hebdomadaire et en vitesse du mouvement, c’est assez similaire à ce qu’on a pu connaître en 2008 », décrit le spécialiste.
Outre les inquiétudes croissantes liées au coronavirus, les marchés affrontent des « vents de panique sur des seuils techniques » qui entraînent « des ventes forcées », c’est-à-dire intervenant automatiquement en se basant sur des algorithmes, explique à l’AFP Laurent Gaetani, gérant chez Degroof Petercam.
Le nouveau coronavirus a contaminé plus de 82.000 personnes et fait plus de 2.800 morts dans une cinquantaine de pays et territoires. Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé a estimé jeudi que l’épidémie avait atteint un « point décisif » et a appelé les pays à agir « rapidement » pour endiguer ce « virus très dangereux ».
Face à cette diffusion, plus personne ne doute de l’impact de l’épidémie sur la croissance mondiale, même s’il est encore difficile à évaluer.
D’ores et déjà, nombre d’entreprises ont révisé leurs objectifs à la baisse ou fait montre de prudence en faisant sans aucune ambiguïté le lien avec le coronavirus, à l’instar de la banque Standard Chartered, du numéro un mondial de la bière AB InBev, du groupe aérien Air France-KLM ou du géant de l’informatique Microsoft.
Signe des mesures drastiques prises par les entreprises, Facebook a annoncé jeudi l’annulation de sa conférence annuelle des développeurs prévue pour … début mai.
Des plans d’urgence avec financement immédiat sont prêts à être déployés, notamment par le Fonds monétaire international, pour venir en aide aux pays qui ne parviendraient pas à faire face à une épidémie du nouveau coronavirus.
Dans l’Union européenne, Bruxelles envisage de proposer dans un mois, si c’est nécessaire, « des mesures d’accompagnement » aux secteurs économiques fragilisés par le coronavirus, a indiqué jeudi le commissaire européen à l’Industrie, Thierry Breton.
« Une réponse de politique monétaire est possible, les marchés jouent avec l’idée de baisse des taux aux Etats-Unis » pour soutenir l’économie, écrit aussi La Banque Postale Asset Management dans une note.
LNT avec Afp