
Manifestation anti-gouvernementale à Valencia, au Venezuela, le 6 août 2017 © AFP Ronaldo SCHEMIDT
Le président vénézuélien Nicolas Maduro a affirmé que l’armée avait repoussé une « attaque terroriste » contre une base militaire, menée par des « mercenaires » dont certains restaient recherchés lundi.
Cette attaque, qui a fait deux morts parmi les assaillants, renforce les craintes de violences accrues au Venezuela. Le pays est en proie à une profonde crise politique et économique alors que ses relations avec la communauté internationale, notamment les Etats-Unis, sont de plus en plus tendues.
« Une vingtaine de mercenaires » ont attaqué très tôt dimanche une base militaire dans le nord du pays, à Valencia (180 km à l’ouest de Caracas), a expliqué dimanche soir à la télévision publique le président socialiste, en butte depuis quatre mois à des manifestations qui ont fait quelque 125 morts.
Il a rejeté l’idée d’une « rébellion » militaire, pour parler d’une « attaque terroriste » financée selon lui depuis Bogota et Miami.
Deux assaillants ont été tués et huit capturés durant l’attaque qui a duré environ trois heures, a-t-il dit en félicitant l’armée pour sa « réaction immédiate ».
Un officier, identifié comme un déserteur, figure parmi les prisonniers. Il « donne des informations », de même que ses sept codétenus, a-t-il poursuivi.
Les forces de sécurité recherchent toujours « une partie du groupe qui a réussi à s’emparer de quelques armes », a indiqué le ministre de la Défense Vladimir Padrino. Selon lui, les prisonniers ont avoué avoir été recrutés « par des militants de l’extrême droite vénézuélienne en contact avec des gouvernements étrangers ».
Le ministère n’a pas communiqué le nom de l’auteur présumé de l’attaque, indiquant qu’il s’agissait d’un « officier subalterne renvoyé de l’armée il y a trois ans pour trahison à la patrie et rébellion » et qui avait fui à Miami (Etats-Unis).
– ‘Chasse aux sorcières’ –
Le chef des forces armées, le général Jesus Suarez Chourio, a affirmé que l’opération était « financée par la droite et ses collaborateurs, financée par l’empire nord-américain » (les Etats-Unis, NDLR).
Le président du Parlement vénézuélien, Julio Borges, porte-voix de l’opposition, a demandé la « vérité » sur cet incident et refusé toute « chasse aux sorcières ».
L’attaque est survenue alors qu’une Assemblée Constituante omnipotente voulue par M. Maduro, contestée par l’opposition ainsi que par une grande partie de la communauté internationale, a entamé samedi ses travaux en destituant la procureure générale Luisa Ortega, l’une des principales adversaires de M. Maduro.
Dimanche, sur une vidéo supposément tournée dans la base de Valencia circulant sur les réseaux sociaux, un homme se présentant comme un officier se disait « en rébellion légitime » contre « la tyrannie assassine de Nicolas Maduro ».
« Ceci n’est pas un coup d’Etat, ceci est une action civique et militaire pour rétablir l’ordre constitutionnel », affirmait l’homme, se présentant sous le nom de capitaine Juan Caguaripano et flanqué de quinze personnes en tenue de camouflage, certaines armées. « Nous exigeons la formation immédiate d’un gouvernement de transition et des élections générales libres », ajoutait-il.
Principal pilier du pouvoir, la puissante armée vénézuélienne est jusqu’à présent restée sourde aux appels de l’opposition à la rejoindre.
Le président Maduro affirme fréquemment être la cible d’un complot orchestré par l’opposition avec le soutien de Washington.
– ‘Une normalité absolue règne’ –
Les autorités ont affirmé que le calme était revenu après l’attaque. « Une normalité absolue règne dans le reste des unités militaires du pays », a assuré sur Twitter Diosdado Cabello, vice-président du parti au pouvoir et membre de la toute puissante Assemblée constituant élue le 30 juillet.
La base militaire de Valencia était gardée dimanche par des véhicules blindés et des hommes armés, et survolée par des hélicoptères, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Selon des habitants, un couvre-feu a été imposé durant la nuit. Les forces de l’ordre avaient dispersé dimanche des manifestants qui avaient dressé des barricades.
Le Venezuela a des relations de plus en plus tendues avec la communauté internationale, inquiète de la dérive autoritaire du régime. Le Mercosur, le marché commun d’Amérique du Sud, l’a suspendu samedi « pour rupture de l’ordre démocratique ».
Le Pérou a convoqué pour mardi une réunion des ministres des Affaires étrangères de quatorze pays latino-américains pour discuter de la crise.
La Constituante, qui a suspendu dimanche ses travaux après l’attaque, a le pouvoir de dissoudre le Parlement actuel dominé par l’opposition, et veut réécrire la Constitution de 1999 du défunt Hugo Chavez.
M. Maduro lui a fixé pour mission d’apporter la « paix » et redresser l’économie en lambeaux de cette nation pétrolière. L’opposition l’accuse de vouloir accroître ses pouvoirs et prolonger son mandat qui s’achève normalement en 2019.
LNT avec Afp