Le porte-avions USS Theodore Roosevelt transite dans l'océan Pacifique au large des côtes de la Californie du Sud le 30 avril 2017 © US NAVY/AFP/Archives Paul L. ARCHER
Un marin du porte-avions américain USS Theodore Roosevelt est mort lundi de complications du Covid-19 sur l’île de Guam, dans le Pacifique, où le navire contaminé par le coronavirus a été partiellement évacué, a annoncé l’US Navy.
Le marin, dont ni l’identité ni l’âge n’ont été divulgués, avait été trouvé inconscient vendredi matin lors d’un contrôle médical régulier dans les installations mises à disposition de l’équipage. Il avait été transféré dans l’unité de soins intensifs de l’hôpital de Guam, a précisé la marine militaire américaine.
Le marin avait été testé positif au Covid-19 le 30 mars, trois jours après l’arrivée à Guam du Theodore Roosevelt. Il avait été évacué du navire et placé en isolation sur une base navale avec quatre autres militaires du porte-avions.
Des médecins militaires effectuaient des visites deux fois par jour pour vérifier leur état de santé. Trouvé inconscient, il avait été ranimé par ses camarades qui lui avaient administré un massage cardiaque.
Il est le premier militaire américain en service actif à mourir de complications du Covid-19. Un réserviste de la Garde Nationale compte également parmi les victimes du nouveau coronavirus.
Dans un communiqué, le ministre de la Défense Mark Esper s’est déclaré « profondément attristé » par ce décès. « Nous restons déterminés à protéger notre personnel et nos familles tout en continuant à fournir notre assistance dans la bataille contre cette épidémie », a-t-il ajouté.
Lundi matin, 92% de l’équipage avait été testé au Covid-19. Au total, 585 marins ont été testés positifs et 3.673 négatifs au nouveau coronavirus qui a fait plus de 115.000 morts dans le monde dont plus de 22.000 aux Etats-Unis.
Pour le Theodore Roosevelt, tout a commencé le 4 mars, lorsque le porte-avions a effectué une visite hautement symbolique dans le port de Danang, au Vietnam, alors que l’épidémie de Covid-19 s’eétait déjà largement propagée en Asie.
Le Pentagone défend alors cette visite, destinée à contrer l’influence géostratégique de la Chine dans la région, affirmant qu’il n’y a encore que très peu de cas dans le pays.
– Appel à l’aide –
L’équipage du porte-avions, qui passe cinq jours à Danang, est autorisé à se rendre à terre.
Deux semaines après le départ du navire, le 24 mars, l’US Navy annonce que trois marins ont testé positif au Covid-19 à bord du Theodore Roosevelt, premier cluster à bord d’un navire de guerre américain.
Ils sont évacués, mais les cas se multiplient à bord. Le porte-avion accélère son retour vers Guam où il parvient le 27 mars.
Le commandant du porte-avion, le capitaine de vaisseau Brett Crozier, demande à ce que l’équipage soit évacué et le navire désinfecté.
Mais la hiérarchie militaire, dont M. Esper, voulant éviter de montrer toute vulnérabilité face aux adversaires des Etats-Unis, préfère isoler l’équipage à bord du porte-avions et non à Guam.
Le 30 mars, le commandant Crozier écrit une lettre de plusieurs pages à sa hiérarchie demandant l’évacuation immédiate du porte-avions contaminé par le coronavirus.
« Nous ne sommes pas en guerre. Il n’y a aucune raison que des marins meurent », souligne l’officier de marine.
Sa lettre, qui contredit le discours rassurant du Pentagone sur la situation à bord, fuit dans la presse et son appel à l’aide fait le tour du monde.
– « Stupide ou naïf » –
Le 2 avril, le secrétaire à l’US Navy, Thomas Modly, décide de révoquer le commandant Crozier, estimant qu’il a « fait preuve d’un très mauvais jugement en période de crise ».
Le commandant quitte le navire sous les acclamations de ses marins, qui publient des vidéos de l’évènement sur les réseaux sociaux. Il est lui aussi testé positif au Covid-19.
M. Modly se rend alors à Guam pour tenter de justifier sa décision auprès de l’équipage et il accuse dans un discours à bord du porte-avions Brett Crozier d’avoir été « trop stupide ou trop naïf pour commander un navire comme celui-ci ».
De nouveau, ce discours fuite dans la presse, provoquant la colère de Washington. Le 7 avril, M. Modly démissionne.
LNT avec Afp