Vladimir Poutine a prévenu jeudi qu’il était « illusoire » d’imaginer une défaite russe sur le champ de bataille, lors du sommet des Brics à Kazan où le président russe doit s’entretenir de l’Ukraine avec le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.
Les Occidentaux « ne cachent pas leur objectif d’infliger une défaite stratégique à notre pays », « des calculs illusoires que seuls peuvent faire ceux qui ne connaissent pas l’histoire de la Russie et ne tiennent pas compte de son unité forgée pendant des siècles », a-t-il dit au moment où ses troupes continuent de progresser face à l’armée ukrainienne.
A l’unisson des dirigeants des Brics, Vladimir Poutine a également prévenu que « l’ensemble du Moyen-Orient (était) au bord d’une guerre totale ».
Son homologue chinois Xi Jinping a appelé au cessez-le-feu à Gaza, à la mise en place de la solution à deux Etats dans le conflit israélo-palestinien, et à l’arrêt de la « propagation de la guerre au Liban », où Israël est engagée depuis un mois dans une offensive contre le Hezbollah pro-iranien.
Sous les yeux d’Antonio Guterres, le président iranien Massoud Pezeshkian a déploré l’inefficacité des institutions internationales, en particulier l’ONU, à « éteindre le feu » au Proche-Orient.
Groupe de neuf pays pesant pour près de la moitié de la population mondiale et près du tiers du PIB de la planète, les Brics peuvent être « une force stabilisatrice pour la paix », a affirmé Xi Jinping, dont le pays est le principal soutien de la Russie face aux pays occidentaux.
Le Moyen-Orient et surtout l’Ukraine seront au menu de l’entretien prévu dans la soirée, après la clôture du sommet, entre Vladimir Poutine et Antonio Guterres, leur premier depuis avril 2022. Moscou et Kiev ont cessé toute négociation officielle et leurs positions semblent en l’état irréconciliables. La perspective de négociations reste très hypothétique au moment où le Kremlin se félicite d’une « dynamique positive » sur le front pour ses troupes.
– « Paix » et « stabilité » –
A Kazan, « le secrétaire général réaffirmera ses positions bien connues sur la guerre en Ukraine et les conditions d’une paix juste fondée sur la charte et les résolutions des Nations unies et le droit international », a souligné l’un de ses porte-parole, Farhan Haq.
Antonio Guterres a régulièrement souligné que l’annexion de territoires n’avait « pas de place dans le monde moderne ».
Alors que Xi Jinping a dit jeudi que les Brics devaient devenir une « force stabilisatrice pour la paix », des offres de médiation de pays partenaires ont été accueillies « favorablement par le président russe » à Kazan, a affirmé mercredi son porte-parole Dmitri Peskov.
Dès son arrivée mardi, le Premier ministre indien Modi, assurant être en contact avec les deux parties, avait exprimé son soutien à tous « les efforts pour restaurer rapidement la paix et la stabilité ».
La Chine comme l’Inde n’ont jamais condamné – ni davantage reconnu – l’annexion de territoires ukrainiens par la Russie.
– « Mauvais choix » –
Lula, le président du Brésil, un autre pilier des Brics, s’est lui attiré de vives critiques en Ukraine et en Occident pour avoir affirmé que les responsabilités du conflit étaient partagées, même s’il a condamné l’assaut russe de février 2022.
Les appels à la paix et à l’ouverture de pourparlers en Ukraine lancés à Kazan ne sont pas de nature à répondre aux attentes de l’Union européenne, qui exhorte les chefs d’Etat et de gouvernement des Brics à inciter Vladimir Poutine à « mettre immédiatement un terme à la guerre qu’il mène contre le peuple ukrainien ».
En se rendant à Kazan, M. Guterres a fait un « mauvais choix » qui « ne fait qu’endommager la réputation de l’ONU », a déploré Kiev.
Avec cette réunion des Brics dans son pays, Vladimir Poutine entend démontrer l’échec de la politique occidentale de sanctions et d’isolement de son pays, notamment auprès des pays appartenant à ce qui est souvent décrit comme le « Sud global », et afficher sa volonté de mettre à bas l' »hégémonie » supposée de l’Occident dans les relations diplomatiques mondiales pour favoriser l’avènement d' »un monde multipolaire ».
Il a eu des rencontres bilatérales avec des représentants de bêtes noires de l’Occident, l’Iranien Massoud Pezeshkian ou encore le Vénézuélien Nicolas Maduro.
Comptant quatre membres (Brésil, Russie, Inde, Chine) à sa création en 2009 et ayant intégré l’Afrique du Sud en 2010, le bloc désormais dit des Brics (les initiales de ces Etats en anglais) a été rejoint cette année par l’Ethiopie, l’Iran, l’Egypte et les Emirats arabes unis).
La Turquie, membre de l’Otan, a demandé en septembre à intégrer le groupe. Son président Recep Tayyip Erdogan s’est dit jeudi déterminé à poursuivre le « dialogue avec la famille des Brics ».
LNT avec Afp