Présentation du système de missiles de défense antiaérienne russes S-400 sur la Place Rouge à Moscou le 9 mai 2019 © AFP Mladen ANTONOV
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé mardi qu’il ne reculerait pas sur l’achat de missiles de défense antiaérienne russes S-400 malgré les mises en garde américaines.
« Nous avons passé un accord (avec la Russie). Nous sommes déterminés. Il n’est pas question de faire machine arrière », a assuré M. Erdogan dans des propos cités par l’agence officielle turque Anadolu.
La volonté d’Ankara d’acheter le système russe de défense antiaérienne S-400 est une source majeure de frictions entre la Turquie et les Etats-Unis, alliés au sein de l’Otan.
L’US Army redoute notamment que le système russe ne parvienne à percer les secrets technologiques de ses avions militaires dernier cri F-35, qu’Ankara a également entrepris d’acheter en nombre.
« C’est une affaire conclue », martèlent toutefois en réponse les dirigeants turcs depuis plusieurs semaines. La livraison des missiles russes pourrait avoir lieu cet été et précipiter de dures représailles de la part des Etats-Unis.
« Si elle va au bout de la réception des S-400, la Turquie le paiera très cher », a réitéré mercredi dernier la porte-parole du département d’Etat américain Morgan Ortagus, menaçant une fois de plus de suspendre la vente des F-35 et, surtout, d’imposer des sanctions « très dures » contre Ankara.
Le lendemain, une haute responsable du Pentagone, Kathryn Wheelbarger, a déclaré devant l’Atlantic Council, un groupe de réflexion de Washington, que « l’achèvement de cette transaction serait dévastateur » pour le programme F-35 mais aussi pour « l’interopérabilité de la Turquie avec l’Otan ».
Mme Wheelbarger, secrétaire adjointe à la Défense par interim chargée des affaires de sécurité internationale, a ajouté que même si l’administration Trump ne voulait pas infliger de sanctions à la Turquie pour cette acquisition, elle pourrait y être obligée par le Congrès.
Selon elle, la Turquie veut, en achetant ces systèmes, s’assurer du soutien russe contre les rebelles kurdes le long de sa frontière avec la Syrie. Mais elle a averti Ankara que la Russie n’était pas un partenaire fiable à long terme, ne fournissait pas de maintenance ou de support dans ses ventes militaires et tentait seulement de nuire à la cohésion de l’Otan.
– Pas d’offre « positive » sur les Patriot –
Des responsables américains ont cependant déclaré que la Turquie pourrait opter pour le système américain Patriot en lieu et place des S-400 russes, soulignant que cela permettrait de maintenir le programme de livraison des F-35.
La Turquie a l’intention d’acheter 100 avions F-35, et des pilotes turcs ont déjà commencé des entrainements aux Etats-Unis.
M. Erdogan a déclaré mardi avoir signifié aux Etats-Unis que la Turquie ne pourrait envisager d’acheter des Patriot que si les conditions étaient aussi favorables que celles offertes par la Russie pour ses S-400.
« Mais malheureusement nous n’avons pas reçu de proposition positive de la partie américaine au sujet des Patriot », a-t-il déclaré.
Le sujet des S-400 a été au coeur d’un entretien téléphonique mercredi dernier entre M. Erdogan et le président américain Donald Trump. M. Erdogan a réitéré la proposition mise sur la table en avril d’un « groupe de travail conjoint ».
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a commenté mardi cette perspective.
« Ce n’est pas notre affaire. Notre affaire, et celle de nos partenaires turcs est de mener à bien cette transaction sur la livraison des S-400 », a-t-il déclaré. « La Turquie peut parler avec n’importe quel pays tiers », a-t-il ajouté.
MM. Erdogan et Trump se rencontreront en marge du sommet du G20, fin juin au Japon.
LNT avec Afp