Le Président Donald Trump vient d’annoncer, ce qui était prévisible, le retrait des États-Unis d’Amérique de l’accord sur le nucléaire iranien. Cette annonce s’accompagne du rétablissement de l’arsenal de sanctions à l’encontre de l’Iran et qui avait été levé lors de la conclusion de cet accord international péniblement acquis en 2015, après plus de vingt mois de négociations pluripartites.
Outre le fait qu’il plonge plusieurs capitales mondiales (Paris, Londres, Berlin, Moscou, Pékin), dans la consternation, il porte également un coup sévère au business mondial puisque toutes les firmes occidentales qui avait repris le chemin des affaires avec Téhéran devront cesser leurs relations avec leurs homologues iraniennes dans les six mois sous peine d’être sévèrement sanctionnées par Washington.
Ce faisant, Donald Trump ne décide pas seulement pour son pays, mais pour la planète entière, ce qui nous ramène
plusieurs dizaines d’années en arrière en termes de relations internationales.
Pire encore, la décision de la Maison Blanche aura pour double conséquence de conforter le va-t-en-guerre Netanyahu dans ses projets de confrontation avec l’Iran, (notamment sur le sol syrien), mais aussi de renforcer au sein du pouvoir théocratique iranien les tenants d’une ligne dure, les faucons de la révolution islamique, qui pousseront indubitablement à la reprise du programme nucléaire de leur pays.
Enfin, en remettant au goût du jour « l’axe du Mal » de son prédécesseur George Bush, Donald Trump installe de nouveau le monde dans une dichotomie dangereuse, relançant ainsi l’état de guerre froide puisque Moscou est l’un des allés les plus fermes de Téhéran.
Ainsi, quelques mois à peine après le rejet des Accords de Paris sur le Climat, Trump donne de nouveau un grand coup de bâton sur le multilatéralisme, foulant sans vergogne, au passage, les engagements solennels pris par Barack Obama.
Qu’attendre donc pour la suite sinon de graves perturbations au niveau international, un climat délétère entre les grandes puissances et leurs alliés respectifs, le relèvement très conséquent du niveau d’alerte pour des conflits armés « périphériques » (Israël, Syrie, Iran, etc.), mais aussi une nouvelle crise mondiale pour les hydrocarbures ?
En effet, avec le retour des sanctions américaines et le boycott des produits pétroliers iraniens, les cours du brut vont flamber à nouveau, remettant en cause, à coup sûr, la reprise et la croissance qui caractérisent l’économie mondiale depuis quelques mois.
Les premiers pays qui en seront affectés seront ceux qui, à l’instar du Maroc, sont des importateurs nets d’énergies fossiles !
Dans un tel contexte, s’il est entendu que l’Iran ne compte pas parmi les amis du Royaume, la décision de l’Exécutif américain ne devrait pas pour autant être applaudie ou soutenue.
Certes, on peut convenir de la nécessité de contenir l’expansionnisme persan dans le Golfe ou au Proche-Orient.
On peut également mettre en œuvre les politiques nécessaires pour préserver notre intégrité territoriale et empêcher les séparatistes de bénéficier de l’aide matérielle du Hezbollah, courroie de transmission de l’Iran.
On peut même se montrer soucieux de soutenir les monarchies du Golfe, Arabie Saoudite et Émirats Arabes Unis en premier, dans leur antagonisme musclé avec l’Iran.
Mais, en aucun cas, nous ne devrions donner de satisfecit à Donald Trump pour ses décisions qui mettent à mal la sécurité et la stabilité mondiales.
Les États-Unis ont à leur tête un président démocratiquement élu certes, mais jamais dans leur histoire, le manque de rationalité, l’improvisation et l’outrance n’avaient été si fortement implantés à Washington, à la Maison Blanche !
En attendant les prochaines présidentielles, alors que Trump n’a qu’une année de mandat derrière lui à peine, on croisera les doigts pour que ses jugements et décisions ne conduisent pas à l’irréparable…
Fahd YATA