Trump reçoit le président syrien, une rencontre historique pour consacrer leur alliance
Donald Trump reçoit lundi à la Maison Blanche Ahmad al-Chareh, marquant une première historique pour un chef d’État syrien depuis l’indépendance du pays en 1946. Pour l’ancien jihadiste devenu président intérimaire, cette visite consacre son retour sur la scène internationale et son pays sort de l’isolement après moins d’un an au pouvoir.
Arrivé samedi à Washington avec son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, M. Chareh a déjà rencontré dimanche la directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva, afin de discuter des « potentiels domaines de coopération » pour soutenir le développement économique syrien, selon la présidence syrienne. Après treize ans de guerre civile, la Syrie cherche à mobiliser des fonds pour sa reconstruction, estimée à plus de 216 milliards de dollars par la Banque mondiale.
Au cours de cette visite, Damas devrait signer un accord pour rejoindre la coalition internationale antijihadiste menée par les États-Unis, une priorité confirmée par une source diplomatique syrienne. Les Américains prévoient également d’établir une base militaire près de Damas « pour coordonner l’aide humanitaire et observer les développements entre la Syrie et Israël », selon une autre source diplomatique.
Cette rencontre « ouvre un nouveau chapitre dans la politique américaine au Moyen-Orient », estime Nick Heras, analyste au New Lines Institute for Strategy and Policy. Vendredi, les États-Unis ont retiré M. Chareh de la liste noire des terroristes. Depuis 2017 et jusqu’à décembre dernier, le FBI proposait une récompense de 10 millions de dollars pour toute information menant à son arrestation, en raison de son passé au sein de Hayat Tahrir al-Sham, ancienne branche syrienne d’Al-Qaïda. Jeudi, le Conseil de sécurité de l’ONU a levé les sanctions contre le dirigeant syrien, saluant son engagement à « lutter contre le terrorisme ».
Depuis sa prise de pouvoir, M. Chareh a multiplié les ouvertures vers l’Occident et les pays de la région, dont Israël, avec lequel la Syrie est théoriquement en guerre. Donald Trump avait déjà rencontré le dirigeant syrien en mai dans le Golfe. Selon Nick Heras, cette visite à la Maison Blanche a pour objectif de présenter M. Chareh non plus comme un terroriste, mais comme un dirigeant « pragmatique et flexible » capable de faire de la Syrie un pilier stratégique régional sous la direction américaine et saoudienne. Le président syrien cherche également la « bénédiction » de Trump pour débloquer des milliards de dollars destinés à la reconstruction et à la consolidation de son contrôle sur le pays.
Cette coopération avec Washington pourrait accentuer le déséquilibre entre Damas et les Forces démocratiques syriennes (FDS), majoritairement kurdes, qui contrôlent le nord-est du pays où sont stationnées la majorité des troupes américaines. L’ouverture d’une base américaine à l’aéroport militaire de Mazzeh, près de Damas, changerait la donne, alors que les négociations pour intégrer les FDS dans l’armée syrienne avancent lentement.
Trump et Chareh devraient également discuter des pourparlers engagés avec Israël en vue d’un accord de sécurité, permettant à l’État hébreu de se retirer des zones du sud occupées après la chute de Bachar al-Assad. En mai, le président américain avait déjà encouragé la Syrie à rejoindre les accords d’Abraham, qui avaient conduit plusieurs pays arabes à reconnaître Israël en 2020.
LNT avec AFP
