Tout, absolument tout ce qui a trait à Donald Trump, même avant qu’il ne redevienne le nouveau Président des États-Unis, prête à polémique. C’est même sa marque de fabrique et il ne le subit pas, mais au contraire le provoque bien volontiers. Dans ce contexte, il était attendu que sa cérémonie d’investiture soit moins traditionnelle et moins solennelle que celle de ses illustres prédécesseurs. Pour autant, ce n’est qu’en le voyant réellement que l’ampleur de la digression a pu être mesurée.
Sur la forme, l’investiture de Donald Trump était un mélange savamment orchestré fait de clichés sur l’Amérique mangeuse de burgers McDonalds, de discours populistes et de fidèles venu témoigner leur allégeance. Flanqué de ses nouveaux lieutenants, Musk en tête, Trump parade et s’amuse, y allant même de quelques pas de danse. Que l’on ait aimé ou pas la cérémonie à la sauce beauf « redneck » n’enlèvera rien à son impact, l’« entertainment » était au rendez-vous et dans ce sens c’était un succès sans équivoque pour celui qui aime tant être le centre de l’attention.
Mais, c’est avec aussi un sentiment de gêne voire de malaise que certains ont abordé cette cérémonie dont beaucoup de marqueurs peuvent être considérés comme des « Red flags ». D’abord, tout crie à la revanche, de la liste des invités, dont certains ont retourné leur veste avec une célérité inédite pour s’attabler avec le nouveau maitre des lieux, au culte de la personne de Trump qui donne un arrière-gout amer aux relents dictatoriaux.
Surtout, c’est la théâtralisation de la signature des décrets présidentiels, comme un putschiste révolutionnaire, qui sont autant de coups d’épées dans les acquis de l’Amérique, qui semble donner le LA des quatre prochaines années. Barack Obama s’adressant à Georges W. Bush pendant la cérémonie, avec son plus beau rictus aux lèvres, semble dire à son prédécesseur « Comment fait-on pour arrêter ce qui est en train de se passer ? ». Une boutade qui a fait son petit effet, mais qui dénote clairement de l’état d’esprit de beaucoup d’observateurs et d’acteurs de la vie politique américaine. Car, sur le fond, beaucoup de choses sont profondément inquiétantes pour les Américains en premier lieu, pour leurs voisins proches ensuite et inexorablement pour le reste du monde également.
Exemple s’il en est, le geste, répété, d’Elon Musk n’est certainement pas anodin, ni affectueux envers la foule de ses supporters trumpistes. En politique, la naïveté se paye cher et il vaut mieux rapidement nommer les chats. Elon Musk n’a pas fait un geste déplacé qui est un acte isolé, pas lorsqu’on connait la profondeur de ses accointances avec la quasi-totalité des mouvements d’extrême droite dans le monde, de Farage à Zemmour, de Meloni à l’AfD allemande ou à Milei l’argentin.
L’Europe est d’ailleurs dans la ligne de mire directe d’Elon Musk qui ne s’en cache pas et qui prône déjà via son réseau X le slogan « MEGA – Make Europe Great Again » ou qui appelle à de nouvelles élections britanniques en opposition directe avec le gouvernement de gauche récemment élu.
L’ingérence d’Elon Musk est non seulement idéologique mais aussi teintée d’intérêts commerciaux majeurs et patents. La Tech américaine dont il est le chef de file autoproclamé et adoubé par Trump, s’est dotée de moyens financiers colossaux tout en s’affranchissant de nombreuses contraintes légales, dans le but d’accélérer sa domination sur les sujets de l’IA en particulier.
Et, ce ne sont pas les feux californiens qui pourraient arrêter cette dynamique et ces ambitions, mais bel et bien ce que l’Europe peut créer comme contrainte aux géants américains pour accéder à son marché de consommateurs ou encore ce que la Chine peut déployer comme technologies concurrentes, plus accessibles et paradoxalement plus puissantes pour le reste du monde.
Sur le plan géopolitique, tout cela peut et va avoir un impact, d’autant que les positions de Trump sont plutôt changeantes. Ainsi, alors que certains pariaient sur un soutien de la nouvelle administration clair à la Russie contre l’Ukraine, c’est bien à Xi Jinping que Vladimir Poutine a longuement parlé au téléphone au lendemain de l’investiture de Trump. De même, bien heureux celui qui pourrait prédire ce que la nouvelle administration américaine va prendre comme positions de fond sur le proche et moyen-orient dont l’équilibre si fragile est à reconstruire.
A titre d’exemple de la capacité de Trump à grouper le tir de manière aléatoire en apparence, le Mexique qui est un des grands voisins partenaire de l’Amérique, a pris en quelques minutes une rafale de balles qui remet en cause toute la relation bilatérale pourtant inextricable entre les deux pays. Les milliers de personnes qui espèrent chercher une vie meilleure aux États-Unis, le gouvernement mexicain et même le Golfe du Mexique sont mis au pied du mur face aux décisions unilatérales de Trump sous l’influence de son entourage.
En réalité, la seule chose dont nous pouvons être certains, c’est que le monde s’embarque sur un « roller coaster » de quatre ans. « Brace yourself for impact »…
Zouhair Yata
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