Trump en Israël: entre symboles et substance
Monde
Les actes et les mots de Donald Trump seront scrutés à la loupe lundi et mardi lors de sa visite à Jérusalem et à Bethléem, en Cisjordanie occupée, qui amène sur un terrain sensible celui qui veut résoudre le vieux conflit israélo-palestinien.
Dans quel contexte M. Trump arrive-t-il ?
Presque 70 ans après la création d’Israël, la paix reste à faire. 2017 marque 50 années d’occupation par Israël des Territoires palestiniens. Israël et le Hamas islamiste, qui gouverne la bande de Gaza, préparent depuis trois ans leur prochaine confrontation armée et les violences à faible intensité persistent en Cisjordanie. Les dernières négociations de paix, sous les auspices des Etats-Unis, ont capoté en 2014.
A-t-il un plan ?
Donald Trump se targue de son expérience d’homme d’affaires pour présider à « l’accord ultime » mais la Maison Blanche prévient de ne pas attendre un vaste plan seulement quatre mois après l’investiture. Le président américain cherche simplement à « faciliter » la reprise de l’effort de paix et à obtenir des deux bords des engagements et des mesures de confiance, disent ses collaborateurs. Le scepticisme reste de mise, tant Israéliens et Palestiniens sont éloignés. « Enclencher le début d’un processus ne signifie pas aller jusqu’à sa fin », dit Ali al-Jarbawi, politologue palestinien.
Réunira-t-il les parties ?
d’entretien direct substantiel depuis 2010. M. Abbas a rapporté avoir dit à M. Trump à la Maison Blanche début mai qu’il était prêt à rencontrer M. Netanyahu sous son « parrainage ». Des sources américaines ont dit dans la presse que hypothèse était très improbable, tout en soulignant le caractère imprévisible du président Trump.
Evoquera-t-il la solution à deux Etats ?
M. Trump a semé le trouble en prenant initialement ses distances avec la solution dite à deux Etats. La création d’un Etat palestinien coexistant avec Israël est la référence de la communauté internationale. Son conseiller à la Sécurité nationale, le général HR McMaster, a cependant signifié que le président pourrait s’être ravisé. Quand il rencontrera M. Abbas, Donald Trump exprimera son « désir de dignité et d’autodétermination pour les Palestiniens ».
Quel rôle pour les pays arabes ?
M. Trump arrive d’Arabie saoudite, acteur primordial de l’effort de paix. Une idée dominante à la Maison Blanche semble « d’impliquer des pays arabes clés, l’Egypte, la Jordanie, l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis et d’autres alliés des Etats-Unis dans un processus régional qui créerait ce que Trump appelle un canevas plus large pour parvenir à la paix », dit l’analyste Ghaith al-Omari.
Quel discours sur la colonisation ?
Sur la colonisation, considérée par la communauté internationale comme illégale et un obstacle majeur à la paix, M. Trump a déjà réfréné Israël. Mais « nous n’avons aucune exigence de gel », a dit le nouvel ambassadeur américain David Friedman. Une déclaration ferme mettrait sous pression M. Netanyahu, confronté à la surenchère du lobby des colons auquel son gouvernement fait la part belle. Ces derniers avaient salué l’avènement de Donald Trump comme le début d’une nouvelle ère dans laquelle la colonisation reprendrait sans frein et peut-être même une partie de la Cisjordanie serait annexée.
Et sur l’ambassade et le statut de Jérusalem ?
M. Trump a promis pendant sa campagne électorale de déménager l’ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem et de reconnaître Jérusalem capitale d’Israël, rompant avec la diplomatie historique des Etats-Unis et le consensus observé par la communauté internationale du fait du statut disputé de la ville. Renouvellera-t-il cette promesse alors qu’il est tenu par l’agenda politique américain de prendre une décision d’ici à début juin ?
Avec qui M. Trump ira-t-il au mur des Lamentations ?
M. Trump devrait être le premier président américain en exercice à se rendre au mur des Lamentations, lieu le plus saint où les juifs puissent prier, situé à Jérusalem-Est, annexé et occupé par Israël. Les préparatifs de cette visite ont suscité une controverse et l’indignation de la droite israélienne: reflétant une position traditionnelle consistant à ne pas se prononcer sur les questions de souveraineté à Jérusalem, l’administration américaine s’est gardée de dire que le mur était en Israël. Elle a précisé qu’aucun responsable israélien n’accompagnerait Donald Trump au mur.
LNT avec AFP