Le leader de la Corée du Nord Kim Jong-Un (c), sur une photo non datée publiée le 13 mai 2017 par l'agence officielle nord-coréenne (KCNA) © KCNA via KNS/AFP STR
Séoul – Le président américain Donald Trump a plaidé dimanche pour un durcissement des sanctions contre Pyongyang, après un nouveau tir de missile nord-coréen en forme de défi au nouveau chef de l’Etat sud-coréen.
Il s’agit du deuxième tir nord-coréen en 15 jours, et du premier depuis la prestation de serment, mercredi à Séoul, du nouveau président sud-coréen Moon Jae-In, qui défend un dialogue avec le Nord.
Lancé de la base militaire nord-coréenne de Kusong, dans la province du Nord Pyongan, vers 05h30 (20h30 GMT samedi), le projectile a parcouru environ 700 km avant de s’abîmer en mer du Japon.
« Que cette nouvelle provocation soit un appel à toutes les Nations pour mettre en oeuvre des sanctions bien plus fortes contre la Corée du Nord », a indiqué la Maison Blanche dans un communiqué.
Le ministère russe de la Défense a cependant souligné que ce projectile, qui s’est abattu à 500 kilomètres de ses frontières, n’avait représenté « aucun danger pour la Fédération russe ». Le missile est tombé « si près du sol russe (…) que le président ne peut imaginer que la Russie soit contente », a poursuivi la Maison blanche.
La Chine, que les Etats-Unis ne cessent d’exhorter à faire pression sur son voisin et allié nord-coréen, a également tenté de tempérer les choses.
« Toutes les parties en présence doivent faire preuve de retenue et s’abstenir d’accroître la tension dans la région », a déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères dans un communiqué.
– ‘Provocation irresponsable’ –
Les présidents russe Vladimir Poutine et chinois Xi Jinping ont de leur côté évoqué le dossier nord-coréen lors d’une rencontre à Pékin et « les deux parties ont exprimé leur préoccupation devant l’escalade des tensions », a déclaré à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
Les multiples sanctions n’ont pas entamé la détermination de la Corée du Nord à se doter de missiles balistiques susceptibles de porter le feu nucléaire sur le sol américain. Pyongyang se dit acculé par les menaces américaines à cette stratégie militaire.
Avant ce nouveau tir de missile, le Trésor américain avait annoncé qu’il examinait « tous les moyens à sa disposition » pour couper les sources de financement international de Pyongyang.
Contrairement à sa prédécesseur, M. Moon défend l’idée d’un dialogue avec le Nord pour apaiser une situation tendue sur la péninsule. Mais il a averti dimanche qu’un tel dialogue serait possible « seulement si le Nord change d’attitude ». Le nouveau président sud-coréen a de son côté dénoncé une « provocation irresponsable », selon son porte-parole Yoon Young-Chan.
Lors de sa prestation de serment, le président issu du Parti démocratique (centre-gauche), qui avait été la cheville ouvrière du dernier sommet intercoréen en 2007, s’était dit prêt à se rendre « à Pyongyang si les conditions (étaient) réunies ».
– ‘Maximiser l’influence’ –
Les tensions sont encore montées ces derniers mois du fait d’une surenchère verbale avec le gouvernement Trump, qui s’est dit prêt à régler seul, si besoin par la force, le problème nord-coréen. La situation s’est crispée sur la péninsule en raison de l’accélération des programmes balistiques et nucléaire nord-coréens. La Corée du Nord a réalisé de puis le début 2016 deux essais nucléaires et des dizaines de tirs de missiles.
Le climat avait cependant paru s’apaiser récemment, Donald Trump déclarant même qu’il serait « honoré » de rencontrer le leader nord-coréen Kim Jong-Un.
Samedi, c’est Pyongyang qui a évoqué une possible ouverture, par la voix de la cheffe du département Amérique du Nord au ministère nord-coréen des Affaires étrangères.
Cette diplomate, Choe Son-Hui, a déclaré aux journalistes à l’aéroport de Pékin, où elle faisait escale avant de repartir pour Pyongyang, que son pays pourrait « avoir un dialogue, si les conditions s’y prêtent », avec le gouvernement américain, selon l’agence sud-coréenne Yonhap.
« Le Nord cherche apparemment à tester M. Moon et à voir comment prendront forme sa politique nord-coréenne ainsi que la coordination politique entre le Nord et les Etats-Unis », a déclaré Yang Moo-Jin, professeur à l’Université des études nord-coréennes de Séoul.
Ce tir vise à « maximiser l’influence politique du Nord », dans la perspective d’éventuelles négociations avec les Etats-Unis, a-t-il encore estimé.
« Le Nord entend montrer, avant des négociations, qu’il ne renoncera pas aussi facilement à ses armes puissantes et précieuses », a-t-il poursuivi.
Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a qualifié dimanche le tir de « totalement inacceptable », parlant d’une « grave menace » pour Tokyo. Il s’agit aussi du premier tir de missile nord-coréen depuis que le bouclier antimissile américain Thaad, installé en Corée du Sud, a été déclaré opérationnel le 2 mai.
Le commandement américain du Pacifique a estimé de son côté qu’il ne s’agissait vraisemblablement pas d’un missile intercontinental.
LNT avec AFP