Des triathlètes disputent l'épreuve de natation de l'Ironman de Nice, le 23 juillet 2017
« On se dit que ces gens sont un peu fous et un jour on s’inscrit »: l’Ironman, plus long format du triathlon, s’est démocratisé au fil des ans et de l’évolution des méthodes et des outils d’entraînement, qui ont contribué à le « démystifier ».
Le soleil sera à peine levé dimanche à Nice au-dessus de la baie des Anges lorsque Léa Vieljeuf s’élancera pour son premier Ironman: 3,8 km de natation, 180 km de vélo et un marathon (42,195 km) à pied.
La distance, dantesque, lui a longtemps fait peur. « Au départ, on se dit que c’est réservé à une élite, que ces gens sont un peu fous de se lancer dans un truc qui paraît totalement surhumain », témoigne la triathlète amateur de 28 ans. « Et un jour on s’inscrit et on se dit qu’on va peut-être y arriver aussi ».
Né en 1978 à Hawaï d’un pari entre têtes brûlées locales, l’Ironman est aujourd’hui une entité reconnue, avec des épreuves dans le monde entier rassemblant des milliers de concurrents.
« Il y a de plus en plus de monde au fil des années », confirme Thibault Vellard, responsable d’Ironman France. « Le profil des participants n’est surtout plus tout à fait le même qu’il y a 20 ans. A l’époque, il n’y avait personne avec plus de 6% de masse graisseuse sur la ligne l’arrivée. Ce n’est plus le cas désormais ».
Le portrait-robot du triathlète longue distance, même si les femmes sont de plus en plus nombreuses (autour de 15%), reste pourtant sensiblement le même selon lui: « Un homme d’une quarantaine d’années, CSP+ ». Et plus généralement « des gens qui ont envie de se lancer un défi », au-delà d’un « simple » marathon.
C’est le cas de Léa Vieljeuf. La jeune femme, montée progressivement en distance depuis ses débuts dans la discipline, en 2019, souhaitait « repousser (ses) limites » en s’alignant sur « le type d’épreuve le plus difficile au monde ».
« C’est extrêmement chronophage. Il y a un rythme de vie à prendre entre les entraînements et le travail, des concessions à faire », raconte cette chargée de marketing. « Mais avec un peu d’entraînement, tout le monde peut y arriver ».
– « Un minimum de préparation » –
L’Ironman, un défi vraiment à portée de tous? Oui, à condition d’avoir « un minimum de préparation », répond la double championne de France de triathlon longue distance Charlotte Morel. « Je ne conseille à personne de s’y aventurer comme ça du jour au lendemain ».
« Les barrières horaires sont maintenant assez larges », relève-t-elle. « Les meilleurs mondiaux finissent en 7-8 heures, mais certains mettent le double du temps et font finalement leur petit bout de chemin à leur allure en fonction de leur objectif, de leur niveau et de leur expérience ».
Depuis qu’elle a lancé, il y a une dizaine d’années, sa structure d’entraînement My Tribe avec un autre ancien pro, Frédéric Belaubre, les méthodes de préparation et les outils (montres connectées, capteurs de puissance…) à disposition du grand public ont également participé à « démystifier » le format.
« Il y a eu une évolution radicale de la façon d’entraîner », explique-t-elle. « Avec des mesures plus précises, donc des analyses et des retours plus précis également. On va davantage dans le détail, même avec des athlètes amateurs ».
La soleil aura amorcé sa descente au-dessus de Nice lorsque Léa Vieljeuf, si tout va bien, coupera dimanche la ligne d’arrivée. Ce sera pour elle « un accomplissement personnel et beaucoup de fierté », « l’apogée de tout le travail accompli ».
Malgré la nouvelle dimension prise par l’Ironman, le slogan des pionniers hawaïens, 45 ans après, n’a pas pris une ride: « Nagez 3,8 km! Roulez 180 km! Courez 42 km! Vantez-vous pour le reste de votre vie! »
LNT avec Afp