Transformation numérique de l’éducation : À Paris, Seghrouchni relève plusieurs défis
La ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’Administration, Amal El Fallah Seghrouchni, a souligné, lundi à Paris, que la transformation numérique de l’éducation ne saurait reposer exclusivement sur l’action publique. Intervenant lors d’un panel dédié à la thématique de la « Transformation numérique et l’éducation », dans le cadre de la Cinquième réunion annuelle de la Coalition mondiale pour l’éducation, organisée au siège de l’UNESCO, elle a insisté sur la nécessité d’une mobilisation collective des différents acteurs de l’écosystème : startups, entreprises technologiques, chercheurs, universités et investisseurs.
Dans son intervention, la ministre a mis en garde contre les défis que pose cette convergence d’acteurs autour d’une vision commune. « Faire converger ces acteurs autour d’une vision partagée, en cohérence avec les priorités nationales, soulève plusieurs défis », a-t-elle expliqué. Le premier défi identifié est celui de l’alignement stratégique, dans un contexte où les logiques économiques et les rythmes d’innovation du secteur privé ne coïncident pas toujours avec les exigences du service public en matière pédagogique.
Répondre aux enjeux du terrain
Mme Seghrouchni a également souligné l’importance d’intégrer les contributions des acteurs non étatiques dans les orientations éducatives nationales. À ce sujet, elle a précisé : « Il devient dès lors essentiel de créer des cadres permettant à l’innovation privée et à la recherche académique de répondre concrètement aux enjeux du terrain ».
Elle a présenté à cet égard trois initiatives concrètes illustrant cette volonté d’articulation entre recherche, innovation et système éducatif : le réseau des instituts « JAZARI », dédié à l’intelligence artificielle, conçu comme un pont entre le monde académique et l’écosystème numérique ; le « Digital Lab » du ministère de l’Éducation nationale ; et les écoles de codage « YouCode », qui visent une formation professionnalisante et inclusive pour les jeunes.
La ministre a également insisté sur la nécessité d’une coordination institutionnelle renforcée. « La concrétisation de la vision numérique de l’éducation repose sur une collaboration étroite entre les différentes institutions publiques », a-t-elle déclaré, ajoutant que seule une approche collective permettrait d’inscrire durablement l’éducation publique marocaine dans l’ère numérique.
Dans cette optique, l’éducation figure parmi les priorités de la stratégie Digital Morocco 2030, qui entend moderniser les services publics, renforcer la souveraineté technologique du pays et dynamiser l’économie numérique. Mme Seghrouchni a ainsi rappelé que le Maroc a déjà engagé plusieurs chantiers structurants, parmi lesquels la création de plus de 140 filières numériques dans l’enseignement supérieur et le programme JobInTech, qui ambitionne de former 15 000 jeunes aux métiers du numérique d’ici 2026.
Sur le plan opérationnel, elle a mis en avant des avancées tangibles, notamment la généralisation de la plateforme MASSAR. Celle-ci permet aujourd’hui de suivre le parcours scolaire de 12 millions d’élèves, de gérer les évaluations, d’automatiser les services administratifs et de connecter le système éducatif à d’autres bases de données publiques, facilitant par exemple l’accès aux aides sociales ou l’organisation des concours de recrutement.
Pour autant, la ministre estime que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour accompagner la transition. Elle a insisté sur le rôle central des enseignants, appelés à intégrer pleinement les outils numériques dans leurs pratiques pédagogiques, tout en appelant à une meilleure interopérabilité entre le système éducatif et d’autres secteurs, comme la santé ou la protection sociale. Elle a notamment évoqué la possibilité de faciliter le partage sécurisé d’informations telles que le carnet de santé des élèves.
Mme Seghrouchni a enfin plaidé pour une articulation plus forte entre la recherche, l’innovation technologique et les usages pédagogiques concrets. « Il devient crucial de mieux relier la recherche, l’innovation technologique et les usages pédagogiques concrets, afin d’accélérer le passage de la connaissance à l’action », a-t-elle affirmé. À cette fin, le Maroc privilégie une approche progressive, fondée sur l’expérimentation, le dialogue avec les acteurs de terrain, et le déploiement ciblé de solutions éprouvées.
Créée en 2020 en réponse à la crise éducative provoquée par la pandémie de COVID-19, la Coalition mondiale pour l’éducation est aujourd’hui considérée par l’UNESCO comme un réseau actif d’acteurs engagés en faveur de la transformation de l’éducation. Elle œuvre notamment à réduire la fracture numérique, renforcer les capacités des enseignants, promouvoir l’égalité des genres et soutenir l’employabilité des jeunes à l’échelle mondiale.
LNT