
En 2019, le tourisme contribuait à hauteur de 7 % au PIB et employait près de 500 000 personnes.
Cependant, la crise sanitaire a lourdement impacté le secteur qui, aujourd’hui, a besoin d’être redynamisé.
Sous le thème « impulser les écosystèmes du tourisme », l’Institut Groupe CDG et Madaëf, le fonds d’investissement touristique du Groupe CDG, ont organisé un webinaire avec la participation de Housna Medaghri Alaoui, directrice innovation & business transformation, Madaëf, Othmane Cherif Alami, président du Conseil Régional du Tourisme de la région de Casablanca-Settat, Larbi Safaa, professeur à l’École Supérieure de Technologie d’Essaouira, Université Cadi Ayyad, et Jean Luc Boulin, consultant en tourisme.
Pour ce dernier, l’avenir des destinations touristiques réside de plus en plus dans la coordination intelligente des activités touristiques au sein d’écosystèmes coordonnés ou non coordonnés.
Ces écosystèmes sont le fruit d’un processus de mise en synergie d’acteurs hétérogènes relevant des pouvoirs publics, des organismes nationaux décentralisés, délégataires de services publics et du secteur privé : hôtellerie, restauration, animation, transport…
Cette hétérogénéité rend la constitution d’écosystèmes extrêmement complexe, qui doivent se construire par élargissement progressif jusqu’à intégrer l’ensemble des acteurs.
Toute cette chaine de valeur doit être capable de proposer dans le cadre d’un « parcours du voyageur », une offre intégrée de services aux touristes faisant de la qualité de la coopération entre les secteurs public et privé un pilier de la réussite de ces écosystèmes et, in fine, de la résilience du secteur touristique, souligne M. Boulin.
A cet égard, la Commission Spéciale sur le Modèle de Développement (CSMD) a inscrit le secteur dans sa vision du Maroc de demain en recommandant, entre autres mesures, le soutien aux initiatives entrepreneuriales, particulièrement pour le développement de TPME à portée locale.
C’est le choix qui a été fait par Madaëf, comme l’a rappelé Mme Medaghri Alaoui, en initiant, en 2020, le programme entrepreneurial Madaëf Éco6, décliné sur cinq territoires : Taghazout Bay, Saïdia, Tamuda Bay, Al Hoceima et Fès et à une activité spécifique, le golf.
Au terme de cette première phase, le programme a retenu 75 projets sur près de 600 candidatures, permettant ainsi de jeter les bases des premiers écosystèmes touristiques coordonnés.
De son côté, Larbi Safaa a soulevé l’importance du rôle d’un organisme pivot pour orienter les actions moins vers la promotion et plus vers l’ingénierie touristique et ainsi insuffler une dynamique en phase avec la proposition d’expérience de voyage et l’image de marque territoriale.
Larbi Safaa a ainsi rappelé le rôle de l’écosystème des riads dans le rayonnement international de la ville de Marrakech entrainant dans son sillage les grands hôtels, qui proposent l’esprit riad à leur clientèle.
Pour M. Boulinon, nous sommes dans une situation où la gouvernance publique-privée doit absolument être vertueuse pour arriver à anticiper et avoir une résilience rapide par rapport à des crises successives. « Il faut être en ordre de marche à la prochaine crise qui pourrait arriver dans 5 ans ou 10 ans comme dans 6 mois afin de préserver les outils de production et d’allouer efficacement les moyens pour garantir une reprise rapide », a-t-il précisé.
Pour ce faire, il est important que tous les acteurs sortent des schémas traditionnels et prennent le temps de la concertation et de la prospective pour s’inscrire dans l’adaptabilité et la résilience. De même, au regard des évolutions que connait le monde du tourisme, comme l’a rappelé M. Cherif Alami, la réflexion sur de nouveaux KPI mérite d’être engagée car les anciens indicateurs tels que les nuitées ne donnent plus une image fidèle de la réalité.
Enfin, sur le volet des ressources humaines, le secteur est toujours pénalisé par le niveau de formation de ses employés ce qui influence directement, et négativement, la qualité de service dans le cadre d’un parcours du voyageur. Un sujet qui demeure crucial pour le développement du secteur, selon les intervenants.
AL