Du tourisme solidaire, loin du mercantilisme capitaliste, sauvage, élitiste, gaspilleur des ressources naturelles et hydriques ? C’est possible. Les participants à la 8ème édition du Forum International du Tourisme Solidaire tenue du 27 au 30 janvier à Ouarzazate, y croient très fortement. Il s’agit tout simplement d’un tourisme eco-friendly, de masse, respectueux de la dignité des populations locales et créateur d’emploi, de valeur ajoutée et de richesses. Un tourisme impliquant toutes les parties autour d’un concept fédérateur, à savoir le développement durable.
A Ouarzazate, plus de 500 participants venus de plus de 35 pays du globe, tous animés par cette ferme volonté de lutter contre ce tourisme capitaliste le plus souvent égoïste, ont été unanimes à souligner l’importance de la solidarité, l’éthique, le partage, l’échange, le respect de la nature et de la dignité de l’homme, pour toute activité touristique, particulièrement celles en rapport avec les oasis, les rivières, les océans et autres déserts.
Après trois jours de travaux intenses, plus d’une dizaine d’ateliers, la 8ème édition du FITS 2020 a émis une série de recommandations prônant une approche beaucoup plus humaine et culturelle que purement commerciale.
Les recommandations explicitées résultent des débats qui se sont déroulés lors des activités programmées dans le cadre de la 8ème édition du FITS Ouarzazate 2020, et visent la promotion du tourisme responsable et solidaire dans les oasis du monde. Ainsi, la Déclaration de Ouarzazate appelle à prendre en compte à l’échelle planétaire, de manière prioritaire, l’urgence climatique, continuer et renforcer à travers le monde la sensibilisation de tous les acteurs concernés, sur la réalité du changement climatique en cours et de ses graves répercussions et sur l’impérative nécessité de prendre des mesures urgentes pour favoriser les adaptations et compenser ses effets, à défaut de pouvoir y remédier. Elle appelle à prendre en considération la dimension environnementale dans le montage et la mise en place des projets touristiques (adaptation des normes, utilisation des technologies appropriées, réalisation des formations pratiques) : protection de l’environnement, conservation de la biodiversité et de la production alimentaire… Donner une priorité au développement de l’agroécologie, dans la perspective de répondre aux besoins alimentaires réellement exprimés dans le contexte de la crise climatique et, en particulier, en lien avec les activités d’accueil du tourisme solidaire en zones rurales. A Ouarzazate aussi, les participants ont appelé à faire évoluer à travers le monde la politique et la stratégie des pays en matière de tourisme alternatif, à faire en sorte que la dimension tourisme alternatif soit beaucoup plus présente dans les politiques publiques, et à renforcer l’implication et l’appui des collectivités territoriales dans les pays oasiens, dès la phase de préparation des projets touristiques : Diagnostic, Conception, Mise en Œuvre, Suivi, Evaluation. Ils ont également insisté sur la nécessité de développer l’information dans le domaine de l’économie sociale et solidaire auprès des acteurs locaux et plus particulièrement des porteurs de projets de tourisme, veiller à l’implication plus directe, en appui au secteur du tourisme solidaire, des institutions et organisations de l’économie sociale, en particulier les fondations, les coopératives, les associations… Il s’agit aussi de poursuivre le renforcement et l’extension des réseaux de l’Economie Sociale et Solidaire qui interviennent en appui au secteur du tourisme responsable et solidaire ou des réseaux plus spécialisés (écotourisme), renforcer dans les pays oasiens la place des femmes et des jeunes dans le développement touristique, et donner une plus grande place aux jeunes dans les actions de développement du tourisme responsable et solidaire. Favoriser, en particulier par des cofinancements, les projets de terrain portés par des femmes et des jeunes dans le domaine du tourisme local et des activités connexes.
Il faut également appuyer et renforcer la commercialisation liée au tourisme solidaire dans les pays oasiens et s’ouvrir aux acteurs du tourisme de masse afin de créer des relations de partenariat commercial, prendre mieux en compte le patrimoine local, (patrimoine matériel et immatériel), l’impératif de sa conservation et le souci de sa valorisation… Pour ce faire, on pourrait favoriser, aux différents niveaux territoriaux, la réalisation d’inventaires du patrimoine naturel et culturel, identifier et faire connaître les expériences novatrices de conservation et de valorisation du patrimoine local, encourager des mécanismes de mobilisation des fonds, pour appuyer le développement et la promotion du tourisme responsable et solidaire. Et surtout, prendre fondamentalement en compte la durabilité environnementale, compte tenu de l’extrême fragilité du milieu oasien à l’heure notamment des changements climatiques qui interpellent tous les intervenants.
H.Z