Sans aucun doute, le secteur du tourisme, et tout l’écosystème qui l’entoure, ont été parmi les premières victimes de la crise économique déclenchée par la pandémie. Le confinement et la fermeture des frontières ont mis brusquement l’ensemble du secteur à l’arrêt, et la forte incertitude régnant depuis le mois de mars n’a rien arrangé.
La fin de l’été, avec la reprise (tout du moins partielle) du tourisme des nationaux, a permis aux opérateurs touristiques de sortir quelque peu la tête de l’eau, mais la situation reste très précaire, et les perspectives du retour du trafic aérien international à son niveau habituel restent très incertaines.
Dans ce contexte, la 2ème édition des Tourism Marketing Days, qui ont pour objectif de réunir l’ensemble des professionnels du tourisme autour des questions stratégiques du secteur, avait une importance particulière, notamment celle de rassurer et fédérer les opérateurs autour d’un projet de relance commun. Covid oblige, l’édition 2020 des TMD s’est déroulée en semi-présentiel. Abrité par 2M, l’événement, animé par Ouadih Dada, a été diffusé depuis l’un des plateaux de la chaîne, en présence de Adel El Fakir, Directeur Général de l’ONMT, Hamid Bentahar, Vice-Président de la Confédération Nationale du tourisme et Président du Conseil Régional du Tourisme de Marrakech-Safi, de Reda Akaaboune, PDG de Golden Palm Group et de plusieurs directeurs de l’Office National Marocain du Tourisme. On notera avec un grand regret que l’événement n’était pas ouvert aux questions des journalistes, qui étaient ainsi relégués au rôle de simples spectateurs.
Le tourisme marocain à la reconquête de ses marchés
Si le retour des nationaux était une « bouffée d’oxygène », selon M. El Fakir, pour une vraie relance du secteur, « il faut agir maintenant » pour « reconquérir nos marchés ». Après avoir écouté des interrogations émises par les professionnels marocains du tourisme lors d’un micro-trottoir, la première partie des TMD avait pour objectif d’établir un diagnostic de la situation exceptionnelle traversée par le secteur, avec un focus sur le Maroc. On aura noté que les professionnels qui sont intervenus ont tous souligné leurs grands efforts pour conserver l’ensemble de leurs employés, ce qui est plus que saluable dans le contexte actuel. Cet état des lieux a permis de définir les principaux défis à relever afin de relancer le tourisme international. Parmi ces défis, Adel El Fakir a souligné la nécessité « d’agir avec le peu de possibilités qui nous sont offertes…Il ne faut pas attendre d’avoir de meilleures conditions. Il faut agir aujourd’hui, ensemble, directement sur les marchés, pour avoir un impact. » Pour M. El Fakir, il s’agit également de concentrer le marketing de la destination sur l’expérience. De son côté, Hamid Bentahar a expliqué que la relance du tourisme impliquait un minimum de 50 % de reprise du trafic aérien et la levée des restrictions de déplacements inter villes. Certains opérateurs ont émis de leur côté la nécessité de modifier le ciblage des marchés, en se concentrant en priorité sur ceux qui, en ce moment, connaissent une situation compatible avec la reprise des voyages de loisir (on comprendra, pas les pays européens).
La rencontre a été également vu par l’intervention, en duplex, de Nadia Fettah Alaoui, ministre du Tourisme, de l’Artisanat, du Transport Aérien et de l’Economie Sociale qui a souligné : « Nous envisageons toujours la relance, parce que nous le pouvons mais dans un contexte sanitaire spécifique. » Elle a rappelé que « depuis début mai, des protocoles sanitaires qui ont fait leurs preuves » ont été mis en place, mais que son département veut « aller un cran au-dessus », et « s’inscrire dans ce programme ambitieux « welcome safely » ». « Il s’agit aujourd’hui d’accueillir de nouveau les touristes », selon la ministre, et de mettre en place « un tourisme plus moderne, plus digital ». Rappelons malgré ces paroles et le fait que le ministère se félicite de l’arrivée, le 11 octobre, d’un premier groupe de touristes étrangers, la communication officielle du Maroc autour de la réouverture des frontières et de l’acceptation des touristes étrangers a été on ne peut plus floue, et très peu de touristes étrangers potentiels savent qu’il est possible de revenir au Maroc. Ce n’est pas avec des conventions signées par à-coup avec des opérateurs privés que des millions de touristes vont revenir peupler les hôtels marocains ! L’ONMT et les opérateurs, malgré tous leurs efforts, ne pourront pas remettre le secteur sur les rails sans une meilleure gestion de la communication, surtout à l’international, de la part du gouvernement…
Les nouvelles attentes des voyageurs
La deuxième partie des TMD a été l’occasion de présenter une partie des résultats de l’étude sur le tourisme international menée par l’ONMT depuis le début de la crise sanitaire afin de comprendre les nouvelles motivations de voyage des touristes et leurs attentes en cette période particulière, mais aussi leur perception de la marque Maroc ainsi que celle de l’univers concurrentiel. Ces résultats ont été challengés grâce aux recommandations et analyses des principaux acteurs du marché. A l’issue de cette séquence, Adel El Fakir a soulevé quatre priorités d’action majeures : les conditions d’accessibilité, la reconstruction de l’aérien, le partenariat avec les tour-opérateurs et la relation avec le client final.
La troisième partie de l’événement avait pour but de rappeler les priorités afin d’optimiser le rendement des actions promotionnelles et commerciales planifiées. La rencontre a été ponctuée d’interventions de grands acteurs étrangers du marché, comme TripAdvisor, FTI, Karavel-Fram, Voyage privé, Invia, Globalia, NG Travel, Edreams, Expédia, Trip.com Group ou encore Global Data, qui ont exprimé leurs attentes, leurs recommandations ainsi que leur fort attachement à la destination Maroc, qui dispose de tous les atouts pour une potentielle reprise.
Selim Benabdelkhalek