Pétris d’effroi, de colère, de révulsion et d’horreur, voilà ce que ressentent les Marocains après le double et sauvage assassinat de deux jeunes femmes, touristes venues du Nord de l’Europe, passer des vacances en faisant du trekking sur les pentes du Toubkal.
Très vite, certes, les autorités sécuritaires ont pris les choses en main et en moins de quarante-huit heures, quatre suspects arrêtés.
Des individus, qui, selon des sources judiciaires, avaient prêté allégeance à Daech, plusieurs jours avant de commettre leur horrible forfait.
Quelques heures plus tard, le BCIJ procédait à l’interpellation de neuf autres personnes en relation les premiers.
Les conséquences de ces actes ignominieux, perpétrés par des brutes sauvages et quasiment analphabètes, comme le confirment leurs curricula vitae, seront, malheureusement, terribles pour notre pays, son image à l’extérieur, l’activité touristique en général et celle, tout particulièrement, de Marrakech et de sa région.
Déjà, la presse internationale, les chaînes de télévision, commentent amplement ces assassinats terroristes et le Royaume, à son corps défendant, est de nouveau rangé dans le camp des pays non sûrs, dangereux, infréquentables.
L’industrie du Tourisme, qui se portait mieux, à l’insu d’ailleurs du ministère de tutelle, sera indéniablement affectée par cet acte odieux et il est à craindre que les performances du secteur s’en ressentent dans les semaines et mois à venir.
Nonobstant le fait que ces présumés assassins seront très certainement condamnés à la peine maximale, on ne peut s’empêcher de s’interroger sur les causes et responsabilités qui ont induit ce terrible événement.
En effet, il ne saurait être question ici de mettre en question l’efficacité des sécuritaires et le palmarès éloquent de leurs actions contre les cellules terroristes.
Le BCIJ, notamment, est à la hauteur de l’immense responsabilité qui lui a été confiée et, de concert avec les autres services, son travail mérite toutes les louanges.
Mais, le risque zéro n’existe pas et la preuve, ultime, en a été administrée dans nos montagnes.
La région d’Imlil, où ces assassinats ont eu lieu, est notoirement fréquentée par de nombreux touristes étrangers, adeptes des randonnées en montagne.
Ce tourisme de niche, qui s’est beaucoup développé au cours des dernières années, est fortement attractif pour des étrangers en quête de découverte et de plein air dans des paysages magnifiques, où la Nature a encore gardé tous ses droits et sa beauté.
Mais, s’il est estimé que plus de 25 000 personnes étrangères au pays se rendent, chaque année dans cette région, est-on pour autant assuré que leurs déplacements se font en toute sécurité et que les moyens humains et matériels sont en place pour prévenir tout risque ?
Très visiblement, la réponse est non puisque ces deux jeunes femmes ont été tuées à quelques centaines de mètres d’un village, alors que leurs assassins, qui ne sont pas des résidents du cru, campaient également au même endroit, très certainement pour mettre à exécution leurs terribles desseins d’assassiner des touristes étrangers.
Pour ce que l’on peut comprendre à la lumière des informations disponibles, il n’y avait aucune force de sécurité dans les environs et quiconque le désirait, pouvait jusqu’à cette nuit funeste, séjourner dans les parages.
Aujourd’hui, le mal, le terrible mal est fait.
Il va s’agir de « remonter la pente », de faire oublier cet acte ignoble, de rassurer et de convaincre, urbi et orbi, que le Royaume est toujours ce pays sûr et hospitalier.
Quatre brutes épaisses ont voulu détruire, en une nuit, ce que le Maroc et les Marocains ont construit pendant des années, la confiance !
Et s’il fallait tirer une seconde leçon de ce drame innommable, outre celle du renforcement de la sécurité pour les étrangers, c’est de faire de la lutte incessante et résolue contre les idées et les perceptions aussi erronées que sanguinaires des adeptes de Daech et de ceux qui professent une vision de terreur et d’obscurantisme, une priorité absolue.
Le peuple marocain, sur les réseaux sociaux notamment, en allant se recueillir près des ambassades danoise et norvégienne à Rabat, par le biais de la presse nationale également, sans compter la réaction ferme et rapide des autorités, a montré sa compassion, son rejet de l’horreur indicible matérialisée par ces assassinats.
Aujourd’hui, il faut aller plus loin et plus vite.
Tolérance zéro pour toutes les manifestations de l’intégrisme, y compris sur le plan intellectuel et mise en œuvre d’actions ciblées contre les milieux qui soutiennent, même indirectement, les brutes bestiales qui ont commis l’irréparable à Imlil.
Et, cette fois-ci, pas question de se voiler la face.
L’hydre monstrueuse de l’intégrisme takfiriste, salafiste et jihadiste doit être combattue sans relâche, car elle n’a point cessé de pervertir les esprits au Maroc même !
Fahd YATA