Un membre des forces syriennes pro-gouvernementales tient un drapeau du groupe Etat islamique après avoir repris à Daech le village de Dibsiafnan aux abords de Raqa, en Syrie, le 11 juin 2017 © AFP George OURFALIAN
La force arabo-kurde soutenue par les Etats-Unis est parvenue lundi à s’approcher de la vieille ville de Raqa, principal fief du groupe Etat islamique en Syrie, selon une ONG.
Les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants kurdes et arabes qui avait lancé en novembre une vaste opération en vue de chasser l’EI de sa « capitale » en Syrie, ont pénétré pour la première fois le 6 juin dans cette cité septentrionale conquise par les jihadistes en 2014.
Après avoir pris le contrôle de Mechleb, un quartier de l’est de la ville, elles se sont emparées dimanche pour la première fois d’un quartier de l’ouest de Raqa, al-Roumaniya.
Lundi, les combats continuaient sur ces deux fronts.
A l’est, les FDS avançaient rapidement dans le quartier d’Al-Senaa, qui fait la jonction entre Mechleb et la vieille ville, selon l’OSDH.
« Les FDS contrôlent à présent 70% d’Al-Senaa », a indiqué à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.
– ‘La vraie bataille’ –
« Si elles prennent la totalité d’Al-Senaa, cela serait la plus grande avancée dans la bataille de Raqa car cela les mettrait aux portes du centre-ville, où se situent les positions les plus importantes de l’EI », a-t-il expliqué.
« La vraie bataille commencera vraiment lorsque les FDS auront pris Al-Senaa », a-t-il estimé.
Les combats s’annoncent plus rudes dans le centre-ville densément peuplé.
« Plus nous nous approchons du centre-ville, plus nous allons combattre au milieu d’immeubles de plusieurs étages », a dit dimanche à l’AFP Berkhdan Qamichli, un combattant des FDS.
« Les combats en ville sont plus difficiles que dans les villages, mais nous allons continuer jusqu’à ce que nous contrôlions la totalité de la ville », a-t-il dit.
Dans l’ouest de la ville, les FDS se battaient lundi pour entrer dans le quartier de Hatine, qui jouxte al-Roumaniya, capturé dimanche.
Les FDS ont fait état de « violents combats entre (leurs) combattants et les terroristes » sur les deux fronts et de 23 membres de l’EI tués, sans préciser où et quand.
Une source des FDS a rapporté à l’AFP que leurs combattants avaient mis au jour des tunnels creusés par les jihadistes dans le quartier de Mechleb.
« Nous avançons avec précaution pour éviter l’énorme quantité de mines disposées par l’EI dans la ville », a ajouté cette source.
A l’approche de l’ouest de la ville, un correspondant de l’AFP a vu dimanche des motos éventrées et des obus de mortiers tirés par l’EI par terre, sans avoir explosé.
Les corps de présumés jihadistes gisaient dans les rues désertées.
Les combattants des FDS semblaient nerveux, inquiets de la présence éventuelle de mines posées par l’EI et des drones dont le groupe se sert pour larguer des bombes.
– Plus de farine –
A l’extérieur de Raqa, les combats continuaient lundi sur le front nord, où les FDS avancent plus difficilement.
Elles peinent à prendre le contrôle d’une base militaire dite « de la division 17 » et d’une usine de sucre adjacente, utilisées par l’EI pour verrouiller l’accès nord de Raqa.
Cette base est une ancienne caserne de l’armée syrienne prise par l’EI fin juillet 2014.
Raqa est devenue le symbole des atrocités des jihadistes en Syrie ainsi qu’une base pour la planification d’attentats sanglants commis à l’étranger.
La ville comptait 300.000 habitants sous le règne de l’EI, dont 80.000 déplacés venus d’autres parties de la Syrie.
Des milliers de personnes ont fui ces derniers mois et l’ONU estime que 160.000 personnes y vivent toujours dans des conditions qui se détériorent de jour en jour.
Les boulangeries sont fermées car il n’y a plus de farine, selon des militants sur place. L’électricité est coupée, et il y a d’importantes pénuries d’eau.
Les civils dans la ville risquent d’être pris au piège par les combats. Selon l’OSDH, plus de 60 civils ont été tués depuis le lancement de l’assaut sur la ville par les FDS, le 6 juin.
Cinq civils sont morts dans la nuit de dimanche à lundi, dans des raids et par des tirs de roquette, selon l’OSDH.
LNT avec AFP