Un membre des Forces démocratiques syriennes (FDS) retire un drapeau du groupe Etat islamique le 30 avril 2017 à Tabqa © AFP/Archives DELIL SOULEIMAN
Les combattants kurdes et arabes traquaient jeudi les derniers jihadistes dans la ville de Tabqa, dont la reprise mercredi ouvre la voie vers Raqa, la « capitale » de facto du groupe Etat islamique (EI) en Syrie.
Il s’agit de l’une des plus importantes victoires des Forces démocratiques syriennes (FDS), l’alliance arabo-kurde soutenue par Washington qui combat l’organisation la plus redoutée au monde depuis 2015.
La prise de Tabqa, située dans le nord à 55 km à l’ouest de Raqa, est intervenue au lendemain de l’annonce pour la première fois par les Etats-Unis qu’ils allaient fournir des armes à la composante kurde des FDS, les YPG.
Cette annonce a provoqué la colère de la Turquie, alliée de Washington au sein de l’Otan, qui considère les YPG comme une organisation « terroriste ».
Outre la ville, les FDS se sont emparées mercredi du barrage de Tabqa, le plus grand de Syrie.
« Les opérations de ratissage de poursuivent dans la ville. Les SDF ont pu se déployer sur le barrage durant la nuit », a indiqué à l’AFP Rami Abdel Rahmane, le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
« Mais les civils n’arrivent toujours pas à avoir accès à certaines parties de la ville en raison des mines » disséminées par l’EI, a-t-il précisé.
Après des craintes d’importantes inondations si le barrage venait à céder et la fuite des techniciens lors des derniers combats, une équipe de maintenance attendait jeudi l’autorisation des FDS pour y entrer, selon une source proche de cette équipe.
Elle entend évaluer les dommages éventuels et s’assurer que le lieu n’était pas miné, d’après la même source.
Les YPG ont diffusé jeudi une vidéo montrant des combattants et des enfants dansant la dabké (danse traditionnelle au Moyen-Orient) à Tabqa.
Une autre vidéo montre un group d’enfants scandant avec enthousiasme devant la caméra « le barrage a été libéré! ».
Située sur le fleuve de l’Euphrate, Tabqa est un verrou important sur la route de Raqa, principal fief de l’EI en Syrie.
Depuis le lancement en novembre de l’offensive baptisée « Colère de l’Euphrate » par les SDF, cette alliance a pu, avec le soutien de frappes aériennes américaines, s’emparer de larges territoires dans la province de Raqa et coupé les principales voies autour de la ville.
Ses combattants sont désormais positionnés à 8 km au plus près de la ville et l’étau se ressserre avant l’assaut final.
– Ankara ulcéré –
En plus des frappes aériennes, les SDF bénéficient de l’aide de conseillers américains ainsi que des canons des Marines déployés il y a quelques mois.
Les FDS sont dominées par les Unités de protection du peuple kurde (YPG) qui, bien que honnies par Ankara, sont le principal allié des Américains dans la lutte contre l’EI en Syrie.
Washington a d’ailleurs annoncé qu’ils allaient renforcer encore leur soutien en livrant des armes aux YPG, une première pour une administration américaine.
Jusqu’à présent, les Américains avaient toujours affirmé qu’ils ne livraient d’armes qu’à la composante arabe des FDS et non aux YPG eux-mêmes.
Le président américain Donald Trump a autorisé le Pentagone à « équiper » les milices kurdes « autant que nécessaire pour remporter une nette victoire sur l’EI à Raqa.
Les YPG ont qualifié cette décision d' »historique », mais celle-ci a provoqué l’ire d’Ankara, qui considère ces milices comme la branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
« Les YPG et le PKK sont des groupes terroristes, il n’y a aucune différence entre eux. Et chaque arme qui leur parvient représente une menace pour la Turquie », a déclaré mercredi le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu.
La décision américaine sonne comme une désillusion pour la Turquie, où l’élection de M. Trump avait suscité l’espoir d’un changement de position vis-à-vis des milices kurdes, que l’administration Obama avait déjà décidé de soutenir pour contrer l’expansion jihadiste.
L’annonce de la Maison Blanche a été faite à une semaine d’un déplacement à Washington du président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a appelé l’administration américaine à « revenir sans délai » sur sa décision.
LNT avec Afp