Photo diffusée par l'agence officielle syrienne SANA montre un membre des forces de séécurité à côté d'une camionnette endommagée par un attentat suicide du groupe Etat islamique (EI), le 25 juillet 2018 à Soueida, dans le sud du pays © SANA/AFP Handout
Le groupe jihadiste Etat islamique (EI) a tué mercredi 54 personnes dans des attentats suicide et pris d’assaut des villages du sud de la Syrie, les premières attaques de cette ampleur menées par l’EI depuis des mois dans le pays en guerre.
Les attaques ont eu lieu dans la province de Soueida, contrôlée totalement par le régime de Bachar al-Assad. Les jihadistes de l’EI sont présents dans une zone désertique au nord-est de cette région.
Selon les médias officiels syriens, les forces du régime ont lancé une contre-attaque pour repousser les jihadistes. Des raids aériens ont dans le même temps ciblé le groupe extrémiste, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
« Quatre kamikazes ont fait détoner leurs ceintures explosives dans la ville de Soueida », chef-lieu de la province du même nom, a indiqué à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.
D’autres kamikazes ont mené des attaques dans des villages du nord-est de la province avant que les jihadistes ne les prennent d’assaut, a-t-il ajouté. Le groupe extrémiste a réussi à s’emparer de trois villages.
Au moins 54 personnes -22 civils et 32 membres des forces prorégime- ont été tuées et des dizaines blessées, selon un nouveau bilan de l’OSDH, qui ne cesse de s’alourdir.
« Outre les attentats suicide, les jihadistes ont attaqué des villages et tué des habitants dans leurs maisons », a dit M. Abdel Rahmane.
De son côté, l’agence officielle Sana et la télévision d’Etat ont confirmé des morts et des blessés dans des attaques dans la province de Soueida, sans donner un bilan précis.
– Flaques de sang –
« Des unités de l’armée ont lancé une contre-attaque (pour repousser) les terroristes de Daech », a indiqué la télévision d’Etat en utilisant un acronyme en arabe de l’EI.
Des raids aériens ont dans le même temps pris pour cible les jihadistes, a précisé M. Abdel Rahmane, en faisant état de 21 morts parmi les combattants de l’EI.
Des images diffusées par les médias officiels syriens après les attaques montrent un cadavre près d’un mur détruit dans la ville de Soueida, ainsi que des légumes répandues par terre au milieu de flaques de sang.
Les jihadistes présents près de la province de Soueida mènent ponctuellement des attaques contre des localités dans la région.
Mais selon M. Abdel Rahmane, les attaques de mercredi sont les premières de cette ampleur lancées par l’EI depuis des mois en Syrie, où l’organisation jihadiste a subi de multiples revers et ne contrôle plus qu’une poignée de secteurs.
Elles surviennent alors que le régime cherche à reprendre entièrement les provinces proches de Deraa et Qouneitra, contrôlées à plus de 90% par le pouvoir.
Dans le sud-ouest de la province de Deraa, un groupe extrémiste lié à l’EI contrôle un réduit, cible depuis plusieurs jours de raids aériens intenses du régime et de l’allié russe qui veulent déloger les jihadistes.
Selon Sana, les attaques de l’EI à Soueida « visent à alléger la pression militaire » de l’armée syrienne contre les derniers jihadistes « qui seront anéantis dans la province de Deraa ».
– « Deux ou trois mois » –
Après avoir occupé en 2014 de vastes pans de la Syrie, l’EI ne contrôle plus aujourd’hui que moins de 3% du territoire.
Il est encore présent dans une partie de la province de Deir Ezzor (est), dans une zone désertique à l’est de la ville de Homs (centre) et dans certains secteurs du sud du pays. Des cellules sont également actives dans la province d’Idleb (nord-ouest).
En juin, le groupe jihadiste avait lancé une offensive contre la ville de Boukamal, contrôlée par le régime dans la province de Deir Ezzor, avec une série d’attaques suicide. Il avait réussi à s’emparer de la moitié de la ville avant d’en être chassé par le régime.
Mardi, le commandant des forces françaises au sein de la coalition internationale antijihadistes menée par les Etats-Unis, le général François Parisot, a affirmé que les combats contre les derniers combattants de l’EI dans Deir Ezzor devraient encore durer « au moins deux ou trois mois ».
Cette coalition aide en Syrie une alliance de combattants arabes et kurdes face à l’EI.
Grâce à l’intervention militaire russe dans la guerre depuis 2015, le régime syrien a réussi à engranger des victoires et a repris plus de 60% du territoire.
Plus de 350.000 personnes ont été tuées depuis 2011 dans ce conflit qui s’est complexifié au fil des ans avec l’implication de pays étrangers et de groupes jihadistes, sur un territoire morcelé.
LNT avec Afp