Le constat fait l’unanimité : dans le sillage de la dynamique de l’aéronautique mondial, le Maroc a su tirer son épingle du jeu. Très vite, en quelques années seulement, le secteur est parvenu à imposer une forte présence dans le tissu économique du pays, devenant ainsi incontournable pour la création d’emplois et de valeur ajoutée.
En effet, le secteur aéronautique représente aujourd’hui un écosystème de 142 entreprises employant 17 500 salariés et réalisant 1,9 milliard de dollars à l’export, avec un taux d’intégration local de 38 %.
Selon les chiffres de l’Office des Changes, les exportations du secteur ont atteint durant les trois premiers mois de l’année 2024 plus de 5,8 MMDH, en amélioration de 13,7% par rapport à la même période un an auparavant.
Cette évolution s’explique par la hausse des ventes des segments de l’Assemblage de 20,3% à 3,82 MMDH et de EWIS (Electrical Wiring Interconnection System – système d’interconnexion de câblage électrique) de 2,7% à 1,95 MMDH.
Ses perspectives de croissance annuelle s’élèvent à plus de 20%. Les investissements continuent de converger, d’autant plus que la base aéronautique au Maroc est considérée aujourd’hui comme étant la supply chain la plus compétitive dans le prolongement naturel de l’Europe.
Dans la même lignée, le développement remarquable du secteur aéronautique et spatial au Maroc se traduit notamment par la présence de véritables centres d’excellence couvrant la production, les services, la maintenance et l’ingénierie, etc. Cette situation est confortée par la présence de grands avionneurs internationaux sur le sol national, notamment Airbus, Boeing, Safran, EADS Aviation, le groupe aéronautique espagnol Aciturri …
Il est important de revenir à ce niveau sur la présence d’Airbus au Maroc, avec qui l’avionneur européen entretient un partenariat qui a aujourd’hui 50 ans, grâce notamment à sa filiale Stelia Aerospace implantée à Nouaceur. «Aujourd’hui, les investissements du groupe ont atteint 60 millions de dollars en trois ans, permettant de consolider sa présence industrielle locale», dit-on auprès d’Airbus Afrique et Moyen-Orient, tout en notant que le Maroc aura besoin de 260 aéronefs supplémentaires à l’horizon 2038 pour répondre à la croissance significative du trafic de passagers qui devrait plus que doubler en 20 ans. Et de rappeler par la même occasion que cette demande grandissante à l’échelle nationale, qui a quadruplé depuis 2002, « nécessitera 210 avions de petite taille, 41 et 9 avions de moyenne et grande taille respectivement ». Et de rappeler qu’en 2018, Airbus Hélicoptères et Heliconia ont élargi leur partenariat avec la création d’un nouveau centre de maintenance à Marrakech pour les hélicoptères de type H125 et H135 exploités en Afrique de l’Ouest. Pour rappel aussi, Airbus Hélicoptères a développé depuis 40 ans une relation privilégiée avec les FAR. Les flottes Super Pumas, Pumas, Gazelle, Panther, Dauphins, H135, H145 équipent les FAR, la Marine Royale et la Gendarmerie Royale.
M. Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie se veut rassurant quant aux perspectives de développement de l’aéronautique. D’après lui, le secteur reste prometteur, notant que le Maroc est classé 20ème mondialement : « Nous en sommes fiers et le Maroc est capable de produire n’importe quelle pièce d’avion. La dernière unité de production que j’ai inaugurée fabrique une pièce hautement sensible du moteur, produite uniquement dans cinq pays au monde”. Et de réaffirmer que le pays possède actuellement une forte expertise dans l’industrie aéronautique : “Notre pays aspire à produire un avion entièrement fabriqué localement d’ici 2030”, a indiqué le ministre lors de la 13ème conférence ministérielle de l’OMC tenu cette année à Abu Dhabi.
Et de poursuivre dans le même sens que le Maroc possède aujourd’hui une expertise solide en la matière. Mais pour lui, la complexité de la nature de l’industrie aéronautique nécessite des compétences de haut niveau internationalement reconnues : « La réalisation de cet objectif positionnerait le Maroc comme un acteur incontournable dans le domaine industriel, capable de produire une gamme variée de produits complexes », tient à préciser le ministre Mezzour, pour qui la vision industrielle globale du Maroc reste axée sur la souveraineté et la réponse aux besoins des citoyens marocains : « Cette vision englobe des domaines tels que la sécurité alimentaire, sanitaire, la souveraineté énergétique et la transition vers les énergies renouvelables, une transition d’autant plus pertinente après les leçons tirées de la pandémie de la COVID-19 ».
En somme, la vision du Maroc pour son avenir dans l’aéronautique est ambitieuse. À ce rythme, il s’agit tout simplement d’une success-story qui prend forme, à condition de rester armé de grande vigilance face à tous les défis technologiques et géopolitiques de l’heure.
Hassan Zaatit