La 9ème édition des Assises de l’agriculture qui s’est tenue le 17 avril à Meknès, en marge du SIAM, a traité un thème crucial, celui de l’eau et sa relation avec la sécurité alimentaire.
Selon le ministre de l’Agriculture et de la pêche maritime, Aziz Akhennouch, les ressources hydriques représentent un enjeu planétaire en matière de sécurité alimentaire et l’utilisation durable de l’eau est l’un des principaux défis mondiaux du 21e siècle.
Parmi ces défis, on trouve la préservation des oasis, zones de végétation fragilisées par l’avancée du désert.
Les oasis couvrent près de 15% de la superficie totale du Royaume et hébergent près de 5% de la population nationale. Leur situation est aujourd’hui dramatique, à cause de l’impact des changements climatiques, mais aussi de l’action humaine inadaptée à la situation de pénurie, et qui contribue en grande partie dans leur érosion.
En effet, ces 10 dernières années, les palmeraies marocaines ont connu une forte dégradation, due notamment à une exploitation irrationnelle de la ressource hydrique, une récolte excessive de la végétation, une diminution de la fertilité des sols et des rendements de la production agricole, etc.
Cette situation déplorable entraîne un stress hydrique, une dégradation de la qualité de l’eau et une détérioration des conditions de vie des populations oasiennes.
Ceci préoccupe de plus en plus les ONG et tissus associatifs, qui s’inquiètent de la disparition possible de ces îlots de verdure.
Conscient du problème, le gouvernement marocain a entamé depuis 2004 la Stratégie Nationale d’Aménagement et de Développement des Oasis et a engagé un vaste chantier de réhabilitation, de sauvegarde et de mise en valeur durable de ces écosystèmes. En effet, plusieurs initiatives ont été entreprises, dont le Programme de développement durable des Oasis du Sud (POS) et le Programme des Oasis du Tafilalet (POT).
En 2010, l’Agence Nationale pour le Développement des Zones Oasiennes et de l’Arganier (ANDZOA) a été créée pour élaborer un programme global de développement des zones de son intervention, d’assurer son exécution, le suivi de sa réalisation, et ce, dans le cadre d’un développement durable au niveau économique, social, culturel, environnemental et humain conformément aux orientations et stratégies décidées.
Depuis leur création, ces programmes ont enregistré de grandes avancées.
Dans le cadre du POS, par exemple, plus de 46 communes relevant du périmètre du programme ont été accompagnées pour l’élaboration des Plans Communaux de Développement, tout en impliquant des intervenants locaux institutionnelles et de la société civile.
Le 4ème Forum des oasis et du développement local, qui s’est déroulé en janvier 2016 à Zagora, était l’occasion de lancer un appel pour l’amélioration de la résilience et l’adaptation des oasis face aux changements climatiques.
Les signataires de l’«Appel de Zagora» ont mis l’accent sur les risques réels que comportent les perspectives des changements climatiques dans les zones oasiennes, et rappelé l’importance de la mise en œuvre participative d’une gestion durable des ressources naturelles et foncières oasiennes articulant, entre autres, savoir-faire traditionnel, techniques innovantes et systèmes de suivi et d’information.
Lors de la COP22, le Maroc, qui a perdu deux tiers de ses oasis en un siècle, a présenté un plan d’action baptisée «l’Oasis durable» dont l’objectif est la préservation des espaces oasiens particulièrement vulnérables au changement climatique. Cette proposition accompagne l’autre proposition marocaine, AAA (Adaptation Afrique Agriculture), qui a pour objectif d’atteindre les objectifs d’atténuation et un meilleur accès aux financements de projets allant dans ce sens.
Cette initiative s’est appuyée sur l’article 7 de l’Accord de Paris, qui énonce la nécessité de protéger les écosystèmes les plus vulnérables, comme les oasis, abritant 2 milliards d’habitants (28% de la population mondiale).
«Oasis durable» vise une meilleure reconnaissance du caractère unique et de la vulnérabilité des oasis, la mise en œuvre d’actions pour préserver le patrimoine oasien notamment sa biodiversité et son système humain et la valorisation des potentialités économiques des oasis dans une vision de développement durable.
L’objectif final de toutes ces initiatives est de lutter contre la désertification et contre la pauvreté en sauvegardant et valorisant les oasis, un patrimoine humain qu’il convient de protéger et de préserver.
Asmaa Loudni