L’agence Française de Développement (AFD) et l’Observatoire du Sahara et du Sahel viennent de signer un nouveau partenariat pour la mise en place d’une initiative régionale intitulée « Stress hydrique et changement climatique en Afrique du Nord ».
Selon l’AFD, cette initiative intervient dans le cadre de la Facilité d’appui au dialogue de politiques publiques et citoyen financée par l’agence et pour laquelle une convention de recherche et de partenariat a été signée jeudi dernier à Tunis avec l’OSS, organisation intergouvernementale à vocation africaine et disposant d’une expertise reconnue sur le sujet des ressources en eau et de changement climatique en zone aride et semi-aride.
L’objectif de cette initiative régionale sera d’alimenter pour une durée de 18 mois le dialogue de politiques publiques dans la région (Maroc, Algérie, Egypte, Libye et Tunisie) et d’encourager le partage de connaissances à une échelle régionale sur les enjeux et solutions permettant de faire face à ces défis.
L’initiative permettra la création d’espaces de dialogue sur le sujet avec la production de documents de synthèse par pays et à l’échelle régionale et la publication de documents de recherche dans les collections de l’AFD.
Un atelier d’échange de haut niveau sera également organisé à Tunis en juin 2021 avec la participation principalement des décideurs des pays concernés ainsi que des fonctionnaires aux niveaux décisionnels élevés travaillant au sein des ministères sectoriels mais aussi transversaux, ainsi que la communauté scientifique, la société civile et le secteur privé.
Selon Khatim Kherraz, secrétaire exécutif de l’OSS, établi à Tunis, les cinq pays concernés par ce projet sont tous en situation de stress hydrique ou de pénurie d’eau, que le changement climatique ne va pas améliorer, loin de là.
Cité dans un communiqué de l’AFD, le responsable a estimé nécessaire d’explorer toutes les voies qui permettraient, soit une meilleure gestion des ressources conventionnelles disponibles, soit la mobilisation de ressources non conventionnelles additionnelles, dans le plus grand respect possible de l’environnement.
« Ces sujets sont particulièrement pertinents pour les pays de la région », a fait savoir pour sa part Julie Gonnet en charge du programme à la direction régionale de l’AFD en Afrique du Nord.
Elle a ajouté que l’augmentation des températures et la baisse relative des précipitations attendues selon les modèles climatiques de la région devraient conduire à une aggravation de la situation de stress hydrique alors que tous les pays affichent déjà des niveaux de disponibilité de la ressource largement en-deçà du seuil de pénurie défini par l’ONU (1000 m³/hab./an) et inférieurs à 650m3/an/hab.
En travaillant sur des enjeux partagés, l’initiative devrait favoriser les échanges, le partage de connaissances, la diffusion de bonnes pratiques et de solutions innovantes favorables à l’atteinte des objectifs de développement durable comme l’accès à l’eau, la sécurité alimentaire, la préservation des ressources naturelles et la lutte contre les changements climatiques, a-t-elle expliqué.
Elle a ajouté que ce projet « utilisera les canaux de dialogue déjà existants en s’articulant avec les autres initiatives déjà déployées sur ces thématiques ».
Dotée d’un climat naturellement aride ou semi-aride, l’Afrique du Nord subit d’ores et déjà les effets du changement climatique comme le stress hydrique exacerbé, la baisse des rendements agricoles ainsi que l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des événements extrêmes.
D’après un récent rapport du Réseau méditerranéen des experts en environnement et changements climatiques (MedeCC), la zone subit une augmentation de températures à un rythme 20 % plus élevé que les moyennes mondiales, qui pourrait, sans action supplémentaire, atteindre +2,2°C dès 2040 et aller jusqu’à +3,8 °C dans certaines régions en 2100.
Pour l’AFD, le stress hydrique actuel, amené à s’aggraver, pourrait accroître les tensions entre les usages et les ressources conventionnelles renouvelables.
Elle estime qu’il apparaît dans ce contexte particulièrement opportun de s’interroger sur la potentielle contribution des ressources en eau non conventionnelles (en particulier la réutilisation des eaux usées traitées pour l’agriculture, le dessalement ou la déminéralisation des eaux et les eaux fossiles transfrontalières) et de détailler les conditions et les meilleures pratiques associées, ainsi que les éventuels risques, notamment environnementaux.
L’agence a noté que l’approche régionale apparaît très complémentaire des programmes déjà historiquement financés sur ce secteur par l’AFD dans les pays d’Afrique du Nord, notamment au Maroc et en Tunisie.
LNT avec MAP