Dans la deuxième partie de mon article sur Maker Mind, la startup spécialisée dans la pédagogie innovante, nous nous intéresserons au contenu du programme ainsi que son déploiement sur le terrain avec les enfants.
« Creative Learning »
C’est Laila Bennis qui se chargera de m’expliquer plus en détail le concept pédagogique de Maker Mind.
Maker Mind se base sur le principe du Learning Creative Learning, un système pédagogique conçu par le laboratoire de recherche du M.I.T.
Ce dernier met en avant la créativité naturelle de l’enfant et l’utilisation d’outils technologiques modernes pour faciliter très tôt chez eux l’adoption d’une démarche innovante !
La méthode scientifique pour les enfants !
Concrètement, cette technique repose sur le principe de la méthode scientifique. Cette dernière est privilégié pour penser et exécuter tous les projets éducatifs de Maker Mind.
Cette méthode permet de stimuler efficacement l’imagination des enfants et leur apprend que ce n’est qu’avec l’erreur et l’expérience que l’on peut faire aboutir ses idées (apprentissage par l’erreur) !
Les enfants suivent une démarche de réflexion similaire à celle utilisée par les scientifiques :
ils sont d’abord invités à émettre une idée ou une solution pour résoudre une certaine problématique.
Une fois leurs propositions émises, elles vont pouvoir être testées pour voir si elles marchent.
Bien sûr, pour ne pas rendre les choses trop ennuyeuses pour les plus jeunes, ce sont surtout des objectifs simples en rapport avec des problématiques très basiques comme construire une voiture grâce à ses différents composants en Lego ou faire bouger un objet avec une tablette connectée en bluetooth, etc.
La collaboration est aussi un aspect très important dans le creative learning car elle permet d’installer un cercle vertueux d’entraide plutôt qu’un esprit de compétition déjà largement utilisé dans le système pédagogique traditionnel.
Des programmes sur mesure !
Pour répondre adéquatement à tous les demandes, Leila Bennis a beaucoup travaillé avec ses équipes pour concevoir et mettre en place plusieurs programmes d’apprentissage et d’épanouissement conçus spécifiquement pour chaque tranche d’âge.
Contrairement à l’année dernière, les ateliers se déroulent désormais sur toute l’année scolaire à raison d’une heure par semaine soit 30 séances au total.
Plusieurs créneaux horaires sont disponibles et permettent une grande flexibilité aussi bien pour les parents que pour les enfants :
Le contenu pédagogique de chaque séance a été pensé dans le moindre détail avec pour particularité d’avoir toujours un objectif de réflexion, de création et de réalisation.
Chaque outil pédagogique est sélectionné sur la base de challenges progressifs et en fonction de l’acquisition des compétences des enfants.
Ainsi pour les 4-5 ans, ce sont des mini robots programmables avec des touches qui sont utilisés pour leur apprendre la spatialisation (passer d’un point A à un point B), les mathématiques, la logique et stimuler leur créativité :
Pour les enfants de 8-10 ans, ce sont plutôt les Legorobots, le logiciel Scratch et les tablettes qui servent d’outils d’apprentissage: grâce à ces derniers, les enfants réalisent par exemple qu’une tablette n’est pas uniquement faite pour le jeu ! Elle peut aussi servir et être utile.
Pour les 11-12 ans, l’imprimante 3D est utilisée par exemple pour imprimer un personnage de jeu vidéo, crée et développé sur ordinateur.
La connexion entre le monde réel et digital est ainsi établie de manière plus simple et amusante !
Pour les plus grands, il s’agira plutôt de leur faire découvrir les possibilités infinies des applications mobiles et des objets connectés. On leur apprend par exemple à savoir allumer et éteindre la lumière avec leur smartphone (domotique).
Les derniers outils pédagogiques en primeur !
Leila Bennis m’explique qu’elle se renseigne constamment sur la sortie sur le marché des derniers outils d’apprentissage recommandés par les centres de recherche en éducation (MIT, la Harvard School of Education, etc.)
Les Cubelettes, par exemple, viennent à peine d’être commercialisés aux États-Unis qu’ils sont déjà disponibles à Maker Mind !
Ces cubes que l’on peut assembler et défaire à sa guise sont en fait des objets connectés munis de différents capteurs qui leur confèrent toutes sortes de fonctions :
A la fin de chaque trimestre, les parents sont invités à venir assister à la présentation des différentes réalisations de leur progéniture !
Cela leur permet de mesurer concrètement l’évolution de leur apprentissage et de discuter avec les éducateurs pour voir quels aspects pédagogiques peuvent être améliorés pour leurs enfants, aussi bien à Maker Mind qu’à la maison !
Il existe aussi d’autres formules pédagogiques complémentaires comme le Club Maker Mind qui consiste à encadrer les projets personnels des enfants voulant aller plus loin dans leur passion, une heure par semaine ne leur suffisant pas !
Les stages intensifs, quant à eux, permettent aux enfants qui ne sont pas inscrits de venir s’initier et se former pendant les vacances aux joies du codage, de la robotique et du développement de jeux vidéos !
Ces stages se déroulent en général autour d’une thématique d’actualité particulière. Ainsi, cette année, à l’approche de la COP22, les organisateurs ont pensé à la problématique de l’environnement :
Enfin, il y’a aussi les événements geeks incontournables que les enfants de Cod Cod Codet ne veulent surtout pas rater comme la GameJam ou la fameuse Game Developper Conférence.
Durant ces événements, les enfants peuvent rencontrer et discuter avec les plus grands spécialistes nationaux et internationaux !
A la G.D.C, ils ont par exemple pu poser toutes les questions qui leur venaient à l’esprit à Michel Ancel, le créateur de Rayman, l’un des personnages de jeux vidéos préférés des enfants :
Une équipe pédagogique compétente et bien formée
Sur le papier, le programme pédagogique de Maker Mind a l’air très intéressant ! J’étais curieux cependant de voir comment ce programme bien pensé était exécuté concrètement sur le terrain…
Je tenais particulièrement à savoir sur quelles bases était recruté l’équipe pédagogique.
En discutant avec les différents associés, je me suis rendu compte qu’eux-mêmes sont des parents passionnés par le domaine de l’éducation.
Jean Girault a d’ailleurs son fils qui est inscrit dans le programme annuel de Maker Mind.
« Le processus de sélection des éducateurs et animateurs a donc été mis au centre de nos priorités ! toute l’équipe pédagogique qui est en contact avec les enfants a été sélectionnée sur la base de critères extrêmement rigoureux ! » me confiera Julien.
L’équipe doit donc impérativement avoir les qualités suivantes :
– une personnalité enthousiaste et une capacité pédagogique à transmettre cet enthousiasme;
– une capacité à être en contact sain avec les enfants : ni trop autoritaire ni trop permissif;
– une habilité à pouvoir s’adapter à la personnalité de chaque enfant.
Être issu du milieu de l’enseignement n’est donc pas une obligation. « C’est surtout la passion pour l’éducation qui doit être ressenti chez eux ! » insistera Julien.
Une fois recrutée, l’équipe est formée techniquement aux derniers outils technologiques et pédagogiques (formation à l’outil Scratch, à la carte Arduino, etc.) pour être toujours à jour et en adéquation avec le programme qui évolue et s’améliore constamment.
Séance découverte avec Jean et les enfants !
J’étais personnellement aussi très curieux de découvrir comment se faisait le contact entre l’équipe pédagogique et les enfants. J’ai donc demandé à assister à une des séances avec les enfants pour mieux visualiser la mise en pratique du concept.
C’est ainsi que je me suis retrouvé, un jeudi après-midi, avec les enfants et leur éducateur vedette, Jean Husson De Sampigny, pour une session d’apprentissage pédagogique !
La séance s’est déroulé avec 4 enfants (Maker Mind a fixé à 5 le nombre maximal d’enfants par séance ) et une jeune maman qui est venue, elle aussi, découvrir l’atelier.
« L’avantage d’avoir de tous petits groupes… », me dira Jean, « …c’est de me permettre plus facilement d’identifier et de comprendre la personnalité de chaque enfant. Certains sont extravertis d’autres plus introvertis. Il y’a aussi ceux qui sont plus visuels et d’autres plus manuels, etc.
Il faut dans tous les cas s’adapter et apporter un accompagnement individuel et une technique pédagogique spécifique à chacun. »
J’ai pu effectivement constater ce qu’affirmait Jean lors de la séance à laquelle j’ai assisté : Chaque enfant avait son rythme d’apprentissage et Jean, en parlant et en agissant différemment pour chacun, a réussi au bout d’une heure, à faire aboutir le projet qui leur avait été octroyé en tout début de séance (il s’agissait de construire une voiture en Lego et de la faire avancer et reculer grâce à une tablette connectée en bluetooth).
« Il n’y a rien qui puisse me faire plus plaisir que lorsqu’un enfant me dit » : « c’était très difficile mais j’ai réussi ! » me confiera Jean à la fin de l’atelier pédagogique…
L’éducation est un domaine très important et vital pour un pays. Les innovations dans ce secteur ne peuvent qu’être salutaires et apporter une véritable valeur ajoutée au système éducatif.
Le Creative Learning fait justement partie de ces innovations qui peuvent avoir un fort impact sur l’apprentissage des enfants.
Durant mon reportage sur Maker Mind, j’ai pu découvrir à quel point un système pédagogique innovant pouvait avoir un impact sur la capacité de développement cognitif et émotionnel des enfants !
La mise en avant de l’apprentissage du code et de la manipulation des outils numériques est aussi un aspect très important pour cette startup. Demain, nous vivrons dans un monde où l’Intelligence Artificielle et les robots seront omniprésents dans nos vies. Les enfants formés et éduqués à la technologie seront ainsi plus armés pour faire face aux changements radicaux qui se profilent dans notre société.
Appuyé par de solides références (MIT et Harvard School of Education, etc.) et une équipe de passionnés, Maker Mind a tout pour contribuer, avec d’autres structures et associations (comme le Devoxx4kids par exemple) nationales et internationales, à la mise en place et la réalisation de grands projets éducatifs au Maroc.
Espérons seulement que sa collaboration avec le Ministère de l’Éducation Nationale francais (près de 40 écoles de la mission française vont travailler avec elle) soit élargie et diffusée à l’ensemble des autres systèmes scolaires (publics et privés), marocains et africains (Maker Mind compte aussi s’étendre en Afrique), pour que cela puisse profiter à un maximum d’enfants…
à propos de l’auteur :
Omar Amrani est un entrepreneur passionné d’innovation et d’éducation.
Il dirige un cabinet de formation et de conseil en innovation pour les grandes entreprises et les PME et enseigne le cours « Culture de l’innovation » à l’école Com’Sup à Casablanca.
Vous pouvez suivre ses articles sur la page Facebook de son blog Chroniques du futur