Stabilité financière : le CCSRS confirme la résilience du système financier marocain
Le Comité de Coordination et de Surveillance des Risques Systémiques (CCSRS) a tenu, le 23 décembre 2025 au siège de Bank Al-Maghrib à Rabat, sa vingt-deuxième réunion, consacrée à l’examen de la situation du système financier national et à l’adoption d’une nouvelle feuille de route en matière de stabilité financière. Cette rencontre a permis de dresser un bilan globalement rassurant, tout en traçant les priorités pour les années à venir dans un contexte international toujours marqué par de fortes incertitudes.
La nouvelle feuille de route validée par le Comité vise à consolider les acquis des dernières années et à renforcer davantage le cadre national de prévention et de gestion des risques systémiques. Elle s’articule autour de cinq axes structurants. Le premier concerne le renforcement du cadre institutionnel et légal, afin d’assurer une meilleure coordination entre les différentes autorités et une adaptation continue du dispositif réglementaire aux évolutions des marchés financiers. Le second axe porte sur l’approfondissement du dispositif analytique, à travers le développement des outils de surveillance et d’anticipation des risques, permettant une lecture plus fine des vulnérabilités potentielles.
Le troisième pilier est dédié au développement des instruments macroprudentiels, dans l’objectif de renforcer la capacité des autorités à agir de manière préventive face à l’accumulation de risques. Le quatrième axe concerne le cadre de résolution et de gestion de crise, avec l’ambition d’améliorer la préparation et la réactivité du système financier en cas de chocs majeurs. Enfin, la feuille de route accorde une importance particulière à la communication en matière de stabilité financière, considérée comme un levier essentiel pour renforcer la transparence, la confiance des acteurs économiques et la compréhension des enjeux par le grand public.
Une inflation « maîtrisée »
Lors de cette réunion, le CCSRS a également examiné la cartographie des risques systémiques et les travaux réalisés par son sous-comité mensuel. Ces analyses confirment que, malgré un environnement international incertain, marqué par des tensions géopolitiques persistantes et des politiques économiques parfois restrictives, les perspectives macroéconomiques nationales demeurent favorables. La croissance économique devrait s’accélérer en 2025, portée par la reprise de plusieurs secteurs productifs et par la poursuite de l’investissement, avant de se stabiliser à un rythme soutenu sur les années suivantes. L’inflation, après une période de fortes pressions, s’inscrit dans une trajectoire maîtrisée, contribuant à un meilleur ancrage des anticipations et à la préservation du pouvoir d’achat.
Sur le plan des équilibres externes, le déficit du compte courant devrait rester contenu, soutenu par la solidité des recettes extérieures et par la bonne tenue des réserves officielles. Celles-ci continuent de se renforcer, offrant au pays un matelas de sécurité appréciable face aux chocs externes. Les finances publiques suivent également une trajectoire d’assainissement progressif, avec une réduction graduelle du déficit budgétaire et une stabilisation, puis un recul du ratio d’endettement, traduisant les efforts de maîtrise des dépenses et d’amélioration des recettes.
Le secteur bancaire, pilier central du système financier, affiche des fondamentaux solides. Le CCSRS a relevé une rentabilité soutenue, conjuguée à une adéquation satisfaisante des fonds propres. Les ratios de solvabilité demeurent supérieurs aux seuils réglementaires, tandis que les indicateurs de liquidité restent confortables. Les tests de résistance macroéconomiques réalisés confirment la capacité des établissements bancaires à absorber des chocs sévères, sans compromettre la stabilité globale du système. Cette résilience est attribuée à la qualité du cadre prudentiel, à la diversification des activités et à la vigilance accrue des autorités de supervision.
Le Comité a également examiné l’évolution du marché des capitaux, qui poursuit une dynamique favorable. La Bourse de Casablanca a enregistré une progression notable, traduisant un regain d’intérêt des investisseurs et une amélioration de la confiance. La capitalisation boursière a atteint des niveaux élevés, soutenue par la performance des valeurs cotées et par un contexte de liquidité favorable. Le marché obligataire reste actif, avec des émissions régulières de bons du Trésor et une progression de l’encours de la dette privée, contribuant au financement de l’économie.
Par ailleurs, le CCSRS a été informé du lancement officiel du processus d’évaluation mutuelle du dispositif national de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Cette échéance, prévue à partir de 2026, constitue un enjeu stratégique majeur pour le Royaume. Les autorités ont réaffirmé leur engagement en faveur d’une mobilisation coordonnée de l’ensemble des acteurs concernés, afin de consolider les avancées réalisées et de répondre aux standards internationaux.
À l’issue de cette réunion, le CCSRS a souligné que la stabilité financière demeure un chantier permanent, nécessitant une vigilance continue, une adaptation constante des outils et une coordination étroite entre les institutions. La nouvelle feuille de route adoptée s’inscrit dans cette logique, avec pour ambition de préserver la résilience du système financier marocain, de soutenir le développement économique et de renforcer durablement la confiance des investisseurs et des citoyens.
Selim Benabdelkhalek
