Coronavirus : Tenue d'une réunion du Comité de Veille Economique (CVE)
Au Maroc, l’État a été sur tous les fronts contre le coronavirus constituant notamment un Comité de Veille Economique (CVE).
Le CVE, présidé par Benchaâboun, a été élargi à tous les ministres, au gouverneur de la banque centrale et à la CGEM.
Il a décidé de mettre en place une série de mesures en faveur des salariés pour une période de trois mois et demi à fin juin 2020.
La plus importante porte sur un soutien des salariés déclarés à la CNSS dès février 2020, dont les entreprises employeurs sont en difficultés sur une simple déclaration sur l’honneur, sur le site dédié à cet effet créé par la CNSS.
En effet, il s’agit d’une aide accordée par le fonds spécial pour la gestion de la pandémie de solidarité au coronavirus.
La CNSS intervient dans le processus pour en faciliter la logistique en versant une indemnité forfaitaire mensuelle de 2000 dirhams net aux personnes concernées.
Cette indemnité mensuelle nette de 2000 dirhams ne constitue en aucun cas une indemnité de chômage et de ce fait n’est pas comparable aux montants des salaires, il s’agit d’un « don ».
C’est en effet une précision de taille du fait que toutes les entreprises, des plus petites aux plus grandes, et quel qu’en soit le secteur d’activité, qui, compte tenu de leurs difficultés, ont opté pour cette aide qui bénéficie à leur personnel, tout en distinguant les cadres des ouvriers ou autres employés dans la liste à remplir sur le site en question.
A l’identique, le Comité de veille économique a examiné une nouvelle série de mesures au profit des salariés non affiliés à la CNSS et qui opèrent dans le secteur informel
Toutefois, il faut réaliser que tous les acteurs sont concernés par la crise économique qui s’est traduite par un arrêt quasi-total de l’activité au niveau national.
Car le confinement ne consistait pas seulement à rester chez soi, il se traduisait par l’isolement du pays et l’annulation de tous les moyens de transport, aériens, terrestres et portuaires, au cœur de toutes les activités économiques.
De fait, les difficultés du blocage économique ont engendré tout particulièrement une asphyxie de la trésorerie des entreprises, chacune se prémunissant en préservant sa propre trésorerie, et donc s’abstenant de payer ses fournisseurs, ses impôts, ses charges sociales avant d’en arriver à ne pas payer ses salaires.
Le plus grave c’est que l’adage du pot de terre contre le pot de fer, a régné !
Les grandes entreprises et les administrations ont exercé leur force contre les moyennes et petites entreprises en ne leur payant pas leur dû, contribuant ainsi à les étouffer.
L’État ne pouvant ignorer l’aggravation des difficultés de fonds de roulement des entreprises, PME, TPME, les a accompagnées en leur accordant la suspension du paiement de leurs charges sociales et impôts jusqu’au 30 juin 2020. De même qu’elles ont pu bénéficier d’un moratoire pour le remboursement des échéances de leurs crédits bancaires et pour le remboursement des échéances des leasings jusqu’au 30 juin sans paiement de frais ni de pénalités, voire même activer une ligne supplémentaire de crédit de fonctionnement octroyée par les banques et garantie par la CCG.
Sauf que la crise est générale mais les moratoires fiscaux ne concernent que les entreprises dont le chiffre d’affaires de l’exercice 2018 est inférieur à 20 millions de dirhams.
C’est pourquoi, quelles que soient les décisions prises en matière de mesures fiscales, la DGI s’attend à des défaillances de paiements de tous les impôts.
Toutefois, elle a appelé à la solidarité des grandes entreprises pour qu’elles payent leurs impôts afin de permettre à l’Etat d’aider les petites. Car de fait, ce sont le 1% des grandes entreprises banques et assurances qui contribuent à hauteur de plus de 90% des recettes de l’impôt sur les sociétés !
Face à l’arrêt du fonctionnement des marchés où il n’a plus ni d’offre ni de demande, le rôle économique de l’État s’est de fait renforcé, la crise économique ne peut que s’aggraver avec le temps engendrant des faillites des entreprises les plus faibles qui si elles dépassent les problèmes de trésorerie, seront rattrapées par la détérioration de leurs carnets de commandes.
Appelons donc, s’abord les grands groupes à ne pas bloquer les règlements en faveurs des petites et moyennes entreprises !
L’économie marocaine connaît une crise qui est de la même ampleur que celle des économies occidentales alors que les moyens de l’Etat pour y faire face sont moindres pour en amortir le choc. Pour ne prendre qu’un exemple, l’État français, pour soutenir les entreprises en difficultés, prend en charge 85% des salaires le temps de leur chômage partiel !
Aujourd’hui, vue l’ampleur de la crise économique engendrée par le coronavirus, l’Etat est face aux défauts du marché. Il doit être présent sur le front économique pour sauver les entreprises en attendant la reprise.
Il doit aller au delà de ses exigences budgétaires et ne plus regarder à la dépense dans la perspective de sortir de la crise sanitaire et de la crise économique qui risque de perdurer tant elle touche tous les pays partenaires du Maroc.
Pour la première fois, l’État est obligé d’endosser toutes les responsabilités, celles d’État-providence, État-incitateur et État- stratège ….
Afifa Dassouli