Avant même que ne se déclenche la pandémie du nouveau coronavirus, des interrogations et constats pertinents faisaient état de la fin d’une mondialisation essentiellement organisée au profit des États les plus riches et les plus forts. Cette ère est révolue et les nouvelles conditions nées des conséquences de la crise sanitaire mondiale sont désormais en place, sachant qu’en réalité ses prémices s’annonçaient avant même les bouleversements causés par la COVID-19. A chacun, à chaque pays d’y trouver sa place !
La mondialisation que l’on a connue au cours des dernières décennies, celle de l’économie basée sur les énergies fossiles, celle du monde bipolaire américano-soviétique auquel a succédé un monde multipolaire est bel et bien dépassée.
Précisément, la multipolarité du monde d’aujourd’hui et de demain procédera davantage de l’émergence de puissances économiques du fait de leurs capacités d’innovation. Ce seront de plus en plus des contrées ou régions autres que celles qui en avaient précédemment le monopole ou l’exclusivité. En fait, il y a bien émergence d’une nouvelle mondialisation, à l’image de ce qui s’est passé à d’autres époques de l’Histoire.
L’Empire Islamique ou l’Empire romain ont représenté une forme de mondialisation, l’Europe issue des guerres napoléoniennes l’a également été, les empires établis par la colonisation idem… Et de ce fait, le choix du Maroc vers l’ouverture n’est pas usurpé, car c’est un bon choix, dès son origine, celui d’un ancrage à l’Europe puis du partenariat stratégique euro-marocain.
Cette alliance continuera de prévaloir en dépit des péripéties que connaît le Vieux Continent, en s’ajoutant à tout ce qu’on fait en Afrique, ce qui est formidable en soi. Même désunie, l’Europe des 27 agrégée, continuera pendant longtemps d’être la première puissance économique au monde. L’Europe post-Brexit, se remettra en marche, sans doute selon une forme renouvelée d’intégration européenne, différente de celle ayant prévalu jusqu’à lors, c’est-à-dire «extensive». Elle sera probablement plus « intensive », bâtie autour de « cercles concentriques » qui iront en s’élargissant sous l’influence du couple franco-allemand, comme le matérialisent les nominations de Mme Ursula van der Leyen à la tête de la Commission européenne et de Mme Christine Lagarde à la direcion générale de la Banque centrale européenne, les deux principales institutions de l’UE.
Notre pays a fait le choix courageux de l’ouverture, et les 56 Accords de libre-échange qu’il a signés n’ont pas aidé sa balance commerciale à être équilibrée, pour utiliser une litote. Considérons plutôt ce que l’économie engrange en termes d’investissements directs étrangers et de devises du fait aussi du tourisme ou des transferts des migrants. Considérons plutôt l’ouverture à l’altérité dans un environnement globalement de libertés et de tolérance que ces choix initiaux ont autorisée … Les bienfaits multiformes de cette ouverture à l’étranger vont donc bien au-delà de déséquilibres d’échanges commerciaux ou financiers et, en tous cas, sont bien supérieurs aux effets d’un protectionnisme ou d’un repli sur soi.
L’industrialisation aux termes d’une intégration dans des chaînes mondiales de valeurs : les autorités publiques marocaines en montrent le chemin. Réussir l’ensemble, c’est créer de nouveaux écosystèmes autour de ceux qui émergent déjà, ceux qui engageraient davantage encore des PME du cru, voire des TPME, en organisant une économie en grappes et en réseaux. On perçoit au Maroc qu’il y a des avancées, telles les infrastructures portuaires ou aéroportuaires, l’industrie automobile, l’aéronautique …
Le « reste » semble être à la peine même si des efforts louables ont été entrepris, au cours des dernières années, en faveur d’une équité géographique et spatiale. Mais les infrastructures ne sauraient, seules, résoudre les problèmes structurels de la société ou de l’économie, d’autant que les moyens de l’État ne sont pas infinis…
FY