La comparaison de l’exécution budgétaire, d’un mois à l’autre, depuis l’arrêt de l’activité économique imposé par la crise sanitaire, fait ressortir clairement, le rôle crucial qu’a joué le Fonds spécial pour la gestion de la pandémie du Covid-19, dans « l’amortissement » du déficit budgétaire notamment.
Il a enregistré des excédents depuis sa création qui se sont élevés à 17,1 milliards de dirhams à fin mars, 25,4 milliards de dirhams à fin avril, et 18,1 milliards de dirhams à fin mai, suite à l’accélération des déblocages des aides aux salariés affiliés à la CNSS et aux ménages .
En conséquence, grâce aux excédents enregistrés par le fonds spécial, la situation des finances publiques a laissé apparaître un excédent budgétaire de 5,7 MMDH en mars, mois du déclenchement de la pandémie où les dépenses budgétaires ont connu un véritable bon en avant.
En avril, le fonds spécial a continué à récolter des dons atteignant plus de 35 milliards de dirhams, alors que les recettes fiscales se sont sévèrement contractées et les dépenses directes de la crise sanitaire ont explosé.
C’est encore grâce au fonds spécial que le déficit budgétaire a été maîtrisé avec un petit excédent à 5 MMDH.
Ce n’est qu’à la fin du mois de mai que l’absorption des ressources exceptionnelles du fonds spécial par les multiples interventions de l’État sur les plans économiques et sociaux, a abouti à une aggravation du déficit public à 25,4 MMDH.
Pour mieux mettre en exergue le poids du fonds spécial pour la gestion de la pandémie dans le maintien de l’équilibre budgétaire, il suffit de mesurer le déficit budgétaire de mars à juin, compte non tenu des ressources du fonds spécial COVID.
A fin mars, il aurait été de 11,4 MMDH. Puis il se serait aggravé de façon significative au cours des 2 mois suivants avril et mai, à 32,2 MMDH.
Plus globalement, le déficit budgétaire aurait atteint 43,6milliards de dirhams pour les cinq premiers mois de l’année, contre 19,5 milliards de dirhams pour la même période de 2019, soit une aggravation de +124%.
Celle-ci s’explique essentiellement par la baisse importante des recettes fiscales de 9,3 MMDH , imputable exclusivement aux mois d’avril et de mai, conséquentes à l’effet des mesures de confinement.
Pour ces deux mois, les dépenses budgétaires ont enregistré globalement une hausse de 6,4 MMDH, en dépit de la baisse de l’investissement public de 3,4 MMDH.
Les ressourses non fiscales du fonds spécial ont clairement joué un rôle compensatoire contenant le déficit budgétaire à un niveau soutenable.
D’autant que les autres catégories de recettes non fiscales comme celles dites de monopoles qui sont versées par les entreprises publiques en fonction de leurs bénéfices, ont nettement diminué.
Dans le détail, pendant ces mois de crise, l’augmentation des versements du compte spécial pour la gestion du Covid a été spectaculaire, mais, en fait, le total des recettes non fiscales n’a augmenté que de 161 MDH ou 3,3 % .
Cette hausse recouvre une baisse des recettes de monopoles (dividendes versés par les établissements publics) de 778 MDH ou 43,3% et une augmentation des fonds de concours de 1,7 MMDH uniquement .
Toutefois, le Fonds spécial pour la gestion de la pandémie du Covid-19 est géré distinctement, le but étant d’individualiser les opérations de dépenses et de recettes liées à la gestion de la pandémie.
De ce fait, toutes les dépenses quelle que soit leur nature, sont enregistrées comptablement dans ce compte pour permettre leur suivi et leur évaluation.
Cela, même si au niveau budgétaire, d’un point de vue économique et analytique, ces opérations peuvent être reclassées dans les dépenses selon leur nature, c’est-à-dire soit comme transferts sociaux, (pour les aides monétaires), soit comme dépenses d’investissement, (pour les équipements sanitaires), soit comme dépenses de fonctionnement.
Ainsi, les montrent qu’en avril, ses recettes se sont montées à 32,2 MMDH et ses dépenses à 6,7 MMDH, alors qu’en mai ses recettesse se sont élevées à 33 MMDH et ses dépenses à 14,9 MMDH.
Le fonds spécial a ainsi permis de sauvegarder la santé financière de l’Etat.
L’élan de solidarité dont les Marocains ont fait preuve, en répondant spontanément à l’appel royal, a permis à notre pays de traverser cette crise inédite en préservant au maximum le potentiel du budget public…
Cependant, au vu de ces résultats, l’État aura besion d’autres fonds et en montants importants pour réussir la relance.
Ce que la BERD, l’UE, le FMI, la BM et sa capacité d’endettement domestique et sur les marchés de capitaux internationaux, lui apporteront certainement …
A.D