Durant la période pandémique, Al Madrassa Al Watania s’est vue obligée d’opter pour l’enseignement à distance. L’expérience a révélé les efforts qui restent à déployer pour améliorer l’écosystème scolaire national.
Au Parlement, Saaid Amzazi, ministre de l’Education Nationale, de la Formation Professionnelle, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, porte-parole du gouvernement, explique que la promotion et l’institutionnalisation de l’enseignement à distance dans l’avenir nécessitent une évaluation sérieuse et objective. Et ce, afin d’évaluer les points forts et les points faibles et l’interaction positive avec toutes les observations et les propositions en la matière.
Et d’indiquer que le ministère a lancé, dans une première étape, un vaste sondage via des plateformes d’enseignement à distance et son site web officiel, qui concerne les étudiants, les professeurs et les familles, notant que les résultats de cette enquête devraient permettre de s’informer sur la manière avec laquelle les étudiants, leurs parents et leurs professeurs ont réagi face à l’instauration de ce nouveau processus, qui a remplacé l’enseignement en présentiel de manière temporaire. Ainsi, près de 6000 contenus numériques sont disponibles et 600.000 élèves utilisent quotidiennement la plateforme d’enseignement à distance.
En outre, le ministère a veillé à améliorer l’expérience de l’enseignement à distance en mettant en place des salles virtuelles par le biais du service en ligne « Massar », pour assurer une communication en temps réel entre les enseignants et leurs élèves, a souligné Amzazi, affirmant à cet égard que 725.000 salles virtuelles ont été mises en place dans l’enseignement public, soit un taux de couverture de 96%, et 108.000 dans l’enseignement privé (70%). Il a également mis en exergue l’interaction des 300.000 élèves et leurs 85.000 enseignants. Du point de vue du ministère, le bilan se veut plus au moins probant. Mais du côté du HCP, ce n’est pas aussi convaincant que laisse entendre le département Amzazi.
Ainsi, pour 48% des ménages, les enfants scolarisés au primaire poursuivent les cours à distance d’une façon régulière, en utilisant les différents supports numériques mis en place, selon le HCP. Cette part est de 51% pour les élèves du cycle collégial, de 69% pour ceux du secondaire et de 56% pour les étudiants de l’enseignement supérieur.
A l’échelle nationale, le HCP rappelle que 36% des ménages ont des enfants scolarisés au primaire, 20% au collège, 12% au secondaire et 8% au supérieur, notant que ces derniers, suite à la suspension des cours en mode présentiel, se sont retrouvés contraints de s’adapter avec les exigences de l’enseignement à distance. Ainsi, le suivi régulier des cours à distance est plus prépondérant parmi les enfants scolarisés dans les cycles primaire et collégial du secteur privé, avec respectivement 81% et 84%, contre respectivement 42% et 48% dans le secteur public, souligne la même source, relevant néanmoins, que, pour 18% des ménages, les enfants scolarisés ne suivent pas les cours à distance, 29% en milieu rural contre 13% en milieu urbain.
Cette proportion est de 21% pour les enfants du primaire, 33% en milieu rural et 14% en milieu urbain, 24% dans le secteur public et 4% dans le secteur privé et atteint 24% parmi les enfants issus de ménages pauvres. Au niveau collégial, pour 17% des ménages, les enfants ne suivent pas les cours à distance, 27% en milieu rural et 12% en milieu urbain, ces proportions sont respectivement de 10%, 21% et 7% au niveau secondaire.
Les difficultés à suivre les cours à distance pour manque de canaux d’accès aux cours concernent 51% des ménages ayant des enfants au primaire et 48% au collège, selon l’enquête, notant que ce motif est soulevé, en particulier, par les ménages ruraux (55% pour le primaire et 54% pour le niveau collégial), et les ménages pauvres (respectivement 60% et 53%).
Pour 41% des ménages ayant des enfants au secondaire, et 29% au supérieur, l’insuffisance de ces canaux est la principale difficulté. Le désintérêt est également pointé du doigt par 13% des ménages ayant des élèves au primaire, 11% au collège et 16% au secondaire.
Réalisée du 14 au 23 avril dernier, cette enquête a permis de suivre l’adaptation du mode de vie des ménages sous la contrainte du confinement. Elle a ciblé un échantillon de 2.350 ménages représentatif des différentes couches socio-économiques de la population marocaine selon le milieu de résidence, urbain et rural.
L’enquête a pour objectif d’appréhender, notamment, le niveau d’effectivité du confinement, les connaissances des ménages relatives au Covid-19, les actions prophylactiques, l’approvisionnement domestique en produits de consommation et d’hygiène, les sources de revenu en situation de confinement, l’accès à l’enseignement, l’accès aux services de santé et les réactions psychologiques.
Toutefois, l’enquête du HCP sur l’e-enseignement démontre que la digitalisation pourrait être une solution à même de résoudre une bonne partie des maux de l’enseignement marocain.
H.Z