Si la crise sanitaire semble de mieux en mieux maîtrisée, elle fait place à une crise économique dont l’ampleur est indescriptible et la mesure désastreuse. Certes, le Comité de Veille Economique et les groupements professionnels s’activent pour faire face à une crise économique dont l’ampleur se mesure à l’annonce d’une récession qui dépasserait les 7% du PIB ! Et la situation budgétaire, malgré les milliards récoltés par le fonds spécial dédié à la gestion du Covid 19 comme celle du tissu économique, s’est beaucoup fragilisée.
Certes, sans les mesures de soutien mises en place pendant la crise du Covid 19, la situation aurait été plus grave, qu’il s’agisse des indemnisations des salariés du secteur formel des entreprises en difficulté, dont des centaines de milliers d’entreprises et des millions de salariés ont bénéficié. Mais aussi, des versements des aides financières au profit des ménages opérant dans le secteur informel à plus de 85% de l’ensemble de la population éligible, soit 3,7 millions de ménages. Pour les particuliers, pour plus de 400 000 personnes, dont les revenus ont baissé, l’Etat et le secteur bancaire ont pris en charge l’intégralité des intérêts intercalaires, générés par le report des échéances des crédits logement et consommation pour la période s’étalant entre mars et juin 2020. Les entreprises, quant à elles, ont été soutenues par le crédit trésorerie, Damane
Oxygène en faveur des Très Petites Entreprises (TPE), des Petites et Moyennes Entreprises (PME) et des Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI), qui a été prorogé jusqu’au 31 décembre 2020, et pour lequel aucune sûreté n’est exigée. Quant aux entreprises réalisant un chiffre d’affaires de plus de 500 Mdh par an, elles vont bénéficier d’un dispositif approprié pour le financement de la relance. Ainsi, l’Etat a très vite manifesté un engagement fort pour la relance économique, le soutien des banques pour l’octroi de financements massifs auprès de tous les segments des entreprises, privées et publiques, en vue de préserver l’emploi, réduire fortement les crédits inter-entreprises, et restaurer la confiance.
En effet,, nombre de PME se trouvent dans une situation de défaillance grave du fait double d’un manque de trésorerie dû à la perte de chiffre d’affaires, d’une part, et des difficultés de recouvrement, de l’autre. Malheureusement, la seule solution qui leur est offerte est le Crédit Oxygène qui a déjà bénéficié à plus de 20.000 entreprises et 420.000 dossiers pour près de 12 milliards de DH. Celui-ci qui peut être transformé en crédit à moyen terme par un report des échéances de crédit, ou en un crédit pour le financement du fonds de roulement.
Sous cette forme, cette aide constitue pour les PME un endettement supplémentaire. Or, la sortie de crise pour les PME en particulier, consiste en même temps à redémarrer leur activité et rattraper difficilement celle des mois perdus, et de trouver des solutions de paiements de leurs échéances mises en suspens depuis 4 mois. C’est ce cap qu’il faut aider les entreprises à dépasser pour éviter leur faillite et la perte d’emplois qui s’en suivrait. Concrètement, comment une entreprise pourrait faire face à ses échéances fiscales mise en suspens depuis mars alors qu’elle n’a pas de trésorerie, puisqu’elle n’a pas encore relancé son activité ? Comment pourra-t-elle payer la TVA, l’IR et les charges de la CNSS des 6 deniers mois tout en recommençant à prendre en charge la totalité de ses salaires et de ses autres charges courantes ? La seule solution qui s’offre à elle est de s’endetter encore et encore, alors même que les banques refusent d’accorder aux PME des crédits de trésorerie pour payer les impôts arguant que celles-ci doivent en demander le report, qui se traduirait par un crédit envers l’Etat. La PME n’a donc que la solution de cumuler des dettes pour sortir de la crise, une issue qui représente plutôt la mort annoncée de milliers de PME !
Afifa Dassouli