Comme chaque année à pareille époque, c’est-à-dire à l’occasion de la célébration de la Fête du Trône, La Nouvelle Tribune et www.lnt.ma publient un numéro spécial dédié à une problématique d’actualité, soit-elle politique, économique, financière ou sociale.
Mais pour l’édition 2020, une différence majeure se fait jour en raison de la survenance d’un phénomène aussi extraordinaire que catastrophique, le déclenchement d’une pandémie mondiale causée par un nouveau coronavirus, la Covid-19.
Le Maroc n’a point été épargné, même s’il a très rapidement pris les mesures sanitaires destinées à empêcher la progression de cette épidémie au sein de notre population.
Mais cela a été réalisé au prix de l’arrêt quasi-général des activités et l’imposition d’un confinement strict sur toute l’étendue du territoire national.
Aujourd’hui, la situation tend à un retour progressif à la normale, mais la crise sanitaire a eu des effets dévastateurs dans la plupart des champs d’activité ainsi qu’au plan social.
C’est donc à une crise multiforme et multi dimensionnelle qu’il s’agit de faire face désormais à la précision près que ses dégâts ont été aggravés parce que les défaillances et lacunes structurelles, nées notamment de la crise économique mondiale de 2008, n’ont pas été résolues à ce jour dans notre pays.
C’est donc aux suites et conséquences de ce « grand bouleversement » que s’intéressera ce numéro spécial qui s’articulera en quatre grandes parties.
En effet, on partira du constat que cette pandémie est venue s’agréger à un terreau malheureusement riche de problématiques préoccupantes et non résolues et que la crise sanitaire a accentuées.
Il y a donc un «avant, un pendant et un après» que les analyses et commentaires portés par ce numéro aborderont dans une perspective de continuité.
On s’apercevra ainsi que la situation actuelle, lourde de menaces notamment pour l’emploi et le pouvoir d’achat des couches populaires, puise ses origines dans un état général du pays qui était pendant bien avant le mois de mars 2020.
Quelques exemples illustreront ce constat.
S’il est une question qui fait l’unanimité aujourd’hui, c’est celle de la tragédie des PME et de TPE dont il s’agit.
Depuis toujours sous-capitalisées, en manque structurel de trésorerie, elles ont été frappées de plein fouet par l’arrêt des activités économiques et peinent très fortement aujourd’hui à redresser la barre alors que les mesures annoncées pour les soulager sont essentiellement constituées de financements conditionnés qui auront pour conséquence d’alourdir leur endettement et d’obérer fortement leur pérennité !
Autre exemple, la préservation de l’emploi. Chacun sait que notre marché de l’emploi est de taille réduite et que la création de nouveaux postes est depuis longtemps largement inférieure à la demande exprimée, notamment par la jeunesse.
La COVID-19 va incontestablement générer de fortes tensions qui seront aggravées par les faillites d’entreprises ou la nécessité pour d’autres d’alléger leurs charges.
Cela se produira alors que les filets sociaux sont quasiment inexistants pour atténuer les effets de cette crise sociale qui s’annonce.
Dernier exemple, les capacités budgétaires de l’État, qui s’étaient orientées vers le social, l’éducation et la santé dans les dispositions de la Loi de Finances 2020, seront soumises à de fortes et nouvelles tensions pour résoudre autant que faire se peut les problématiques générées par la pandémie.
Une Loi de Finances rectificative abordera certes ces dimensions dans une perspective correctrice, mais ce faisant, elle se traduira par un alourdissement de l’endettement, interne et externe et l’imposition d’un Budget d’austérité pour les services de l’État.
Ces questions et d’autres encore sont ainsi présentes dans ce numéro spécial qui ne manquera pas également d’analyser la place du Maroc dans un environnement international délétère ainsi que la nécessité de préserver les acquis et les atouts de la politique d’externalisation du Royaume en Afrique sub-saharienne.
Enfin, ce numéro spécial proposera des pistes de réflexion issues des débats et discussions qui ont animé les «Rencontres économiques d’Aix» organisées par le Cercle des Économistes français et que les équipes de La Nouvelle Tribune suivent avec diligence depuis plus de dix ans.
Bonne lecture !
Fahd YATA