Dossier Spécial Bilan Boursier 2017 du blog Afifa Dassouli
- Le MASI en 2017, les yeux pour pleurer…
- Sociétés cotées, les investisseurs ne sont pas dupes !
- Bourse, les pistes pour relancer et diversifier l’offre
- En 2017, les bourses mondiales ont dépassé toutes les prévisions de croissance de leurs indices
Le MASI, principal indice de la bourse de Casablanca, a terminé l’année 2017 sur une note positive marquée par une progression 6,4%, à 12.388,82 points.
Cette hausse qui s’avère au demeurant faible, a connu différentes phases. Elle a commencé en décembre 2016 et s’est confortée en 2017 en raison notamment de l’amélioration globale et sensible des bénéfices semestriels 2017 des sociétés cotées, de +8,3%.
(lire en bas d’article l’encadré sur les différentes phases de l’évolution de cet indice)
Le MASI a atteint un pic de plus 20% en début de 2017, avant de corriger sous l’effet de prises de bénéfices boursiers.
Pourtant, cette performance relative de l’indice MASI, s’est aussi reflétée au niveau des échanges par un volume moyen quotidien de 158 MDh, en amélioration de 23% par rapport à l’année 2016, signe d’un regain d’intérêt des investisseurs pour le marché Actions.
Et ce, compte tenu des faibles rendements des produits de taux, comme le montrent les souscriptions des OPCVM Actions et diversifiés qui ont cru respectivement de 40% et 25%. (Voir encadré 2 en bas d’article)
Ce bilan boursier qui tient en ces quelques lignes montre pourtant que le marché financier ne se porte guère mieux qu’en 2016 ni même que les années précédentes.
En effet, la très faible croissance de son indice principal, le MASI, est inférieure à celle des résultats semestriels des sociétés cotées alors même que les projections annuelles de ces derniers restaient sur le même trend.
C’est pourquoi, un juste bilan de la bourse doit se faire comme pour tout marché, à partir de l’offre et de la demande.
L’offre repose, bien sûr sur les sociétés cotées, leur existant en nombre qu’il faut différencier sur la base des critères de dynamisation de chaque valeur. Ceux-ci sont sa liquidité, le rendement de son dividende, celui de son cours boursier et le niveau de sa transparence en termes de communication financière.
Et ce, au-delà du constat que l’enrichissement de cette offre est quasi existant avec une seule et unique introduction en bourse depuis longtemps, celle de Marsa Maroc.
Du côté de la demande, le contexte est favorable à l’investissement en bourse compte tenu du niveau bas des taux d’intérêt qui perdure, puisqu’il se situe autour de 3 %, avec une petite différence entre les 2 ans,5 ans et 10 ans.
Par ailleurs, la croissance des résultats des sociétés cotées améliore le taux de rendement du dividende à plus de 4% l’an, soit au-dessus des rendements obligataires.
La quête du rendement donc devrait orienter les investisseurs vers le marché financier.
Mais, les valeurs cotées pêchent par la faiblesse de leur liquidité, moins de 10 sur les 75 cotées, sont vraiment liquides.
La transparence des valeurs en est un second défaut pour la demande car nombreuses sont les sociétés qui se contentent du minimum exigé en matière de communications financières malgré les recommandations de l’AMMC et le nombre de warnings en augmentation.
Un vrai bilan du marché financier exige donc des analyses plus approfondies par catégories de valeurs, distinguées non pas par secteurs d’activités, mais sur la base de ces critères de performance.
Ce qui, malheureusement réduit en peau de chagrin le nombre de celles qui sont attractives et ne nous laisse que nos yeux pour pleurer…
Même s’il ne nous faut pas oublier que le préalable à la rentabilité d’un marché boursier repose sur les performances des résultats des sociétés cotées.
Et si, de surcroît, la croissance s’installe et devient prévisible d’un semestre à l’autre et d’une année à l’autre, alors les valeurs cotées prendraient encore plus d’importance aux yeux des investisseurs qui influeraient inévitablement sur le marché financier.
Cela n’a été malheureusement pas le cas à la Bourse de Casablanca au cours des cinq dernières années.
En effet, pour les années 2014 et 2015, les résultats globaux des sociétés cotées ont été très décevants, en croissance de moins de 2% l’an.
En septembre 2016, les résultats semestriels ont connu une meilleure croissance qui s’est malheureusement écrasée en fin d’année !
Pourtant, l’on aurait pu croire qu’après ces années de baisses consécutives, et après un bon premier semestre 2016, les résultats s’amélioreraient, confortant un retour d’intérêt pour le marché actions. Et si 2017 à nouveau, a connu un bon semestre avec des résultats semestriels en croissance de plus de 8%, quid des résultats annuels ?
Force donc est de constater que la croissance économique et son impact sur les résultats des sociétés cotées, restent les principaux stimulant d’une hausse de l’indice MASI casablancais.
Il n’y a pas de croissance boursière en l’absence de croissance des bénéfices des sociétés cotées.
Non seulement, c’est la condition numéro un, mais surtout sans elle, il n’est pas nécessaire d’examiner les autres conditions d’évolution d’un marché financier !
La preuve en est que le marché actions casablancais ne présentant pas de visibilité, les investisseurs ont maintenu leurs positions sur les marchés obligataires malgré la baisse continue des taux avant 2016.
Celle-ci a engendré d’une part un problème de rendement, mais aussi, de l’autre, le souci du placement des liquidités issues des tombées des coupons.
D’autant qu’au-delà d’une certaine proportion d’obligations dans un portefeuille, le risque de krach obligataire se pose.
Si les taux atteignent 5% par exemple, les titres rémunérés à moins deviennent invendables, ce qui engendre une correction à la baisse des obligations.
C’est ainsi que la position court-termiste a commencé à s’effacer dans l’esprit des investisseurs au profit de la bourse.
Et ce, même si la confiance dans un marché domestique comme la bourse de Casablanca est précaire y compris en période de croissance des résultats des sociétés cotées du fait de la faiblesse de la liquidité de nombreux titres.
Et c’est cette absence de profondeur du marché qui se traduit par des hausses disproportionnées des cours et de l’indice. C’est aussi pour cette logique que les prises de bénéfices collectives finissent par les effacer …
Afifa Dassouli
Les différentes phases de l’évolution du MASI
La Performance du Masi a résulté du comportement des mêmes valeurs tout au long de l’année 2017. Même si, pour des raisons conjoncturelles 2017 a connu 3 phases d’évolution de ce dernier. La Phase 1 couvre fin 2016 et début 2017 : En effet, l’accélération haussière du MASI a démarré 1 mois avant le début de l’année 2017, soit le 01/12/2016. Sur la période allant du 01/12/2016 au 10/01/2017, le marché a ainsi cru de 21.4% en l’espace de 40 jours seulement, passant de 10.618 pts à 12.886 pts.
Concrètement, cette hausse exceptionnelle du MASI a été soutenue en partie par une souscription importante (environ 1 MMDh) en faveur du marché Actions dans un contexte favorable marqué par des perspectives positives de la croissance bénéficiaire des sociétés cotées qui est passée à 15,4% au premier semestre 2016 après plusieurs années de croissance molle. Par une baisse des taux obligataires à des niveaux historiquement bas, concrétisée particulièrement par le BDT 10 ans qui est passé de 5,6% à fin 2013 à 3,2%, sans perspective de retournement de tendance à court terme, et par le retour d’un certain appétit pour le risque chez les investisseurs, particulièrement après le succès qu’a connu l’IPO Marsa Maroc avec une performance boursière cumulée de 142% et un rendement de dividende actuel supérieur à 5,0%.
La seconde phase correspond à une correction du marché dès le 10/01/2017 et jusqu’au 14/04/2017, de 13,0%, passant de 12.886 pts à 11.223 pts. Cette correction était largement attendue compte tenu des habituelles prises de bénéfice réalisées par les investisseurs à l’issue d’une performance exceptionnelle de 21,4% en l’espace de 40 jours seulement. Mais cette baisse a par ailleurs profité aux institutionnels qui car ont pu se repositionner sur le marché à des niveaux de cours relativement bas par rapport au début de l’année.
Enfin, on a pu identifier une 3ème phase dans le comportement du MASI à partir de la mi-Avril 2017, qui s’est caractérisée par une reprise de ce dernier, moins agressive mais durable. Cette tendance haussière a duré environ 8 mois de mi-Avril jusqu’à la fin d’année avec une performance cumulée du MASI de 10,0%. Cette performance a été soutenue par l’afflux de liquidités vers le marché Actions dans un contexte où les sociétés cotées ont rassuré les investisseurs à travers une croissance bénéficiaire autour 9,0% au S1-17. Les taux bas perdurant, le manque d’alternatives de placement sur les marchés financiers au Maroc a provoqué une nouvelle vague de souscription chez les OPCVM, dont la plus importante est survenue durant la période Avril-Mai avec près de 3 milliards de dirhams.
Liquidité du marché boursier
Le Volume Moyen quotidien, VMQ, critère de mesure de la liquidité du marché s’est comporté selon les trimestres de la façon suivante : Le pic de liquidité a été atteint durant le premier trimestre 2017, sous l’effet des souscriptions massives enclenchées par une course agressive à l’achat des titres boursiers de la part des différents gérants du marché.
Sur les 3 trimestres qui ont suivi, le VMQ s’est stabilisé à des niveaux relativement soutenus, soit une moyenne de 145 MDh. Le comportement de ce critère d’activité du marché a évolué de la façon suivante sur les quatre trimestres de 2017 : Au premier trimestre, il a atteint 196 MDh contre 84 MDh au premier trimestre 2016 Au second semestre, 152 MDh contre 145 MDh au T2 de 2016 Au troisième trimestre, 137 MDh contre 76 MDh au T3 de 2016 Au quatrième trimestre de l’année, 146 MDh contre 208 MDh au T4-16. Sur une base annuelle, le VMQ sur le marché central en 2017 s’élève à 158 MDh contre 128 MDh en 2016, soit une amélioration de 23%.