Crédit photo : Ahmed Boussarhane/LNT
En marge de la 15ème édition de SIAM, la matinée du mercredi 3 mai a été consacrée à une question délicate et de grande actualité, à savoir la sécurité alimentaire. En effet, cette rencontre a connu la participation de plusieurs personnalités politiques de haut niveau, des décideurs et des experts nationaux et internationaux, des scientifiques ainsi que des professionnels du secteur. Tous sont venus débattre de la question de la souveraineté alimentaire dans un contexte mondial difficile. Une occasion d’aborder ce sujet de la souveraineté alimentaire en tant que principal enjeu de toute politique agricole, dans un contexte mondial changeant, marqué par la succession de plusieurs chocs et crises. Ces crises, comme celles du Covid-19, la guerre russo-ukrainienne, le changement climatique, ont créé de grandes perturbations au niveau des marchés mondiaux, agissant à la fois sur la disponibilité et les prix des intrants agricoles et des produits alimentaires. Des chocs qui ont mis en relief la fragilité des systèmes alimentaires mondiaux, et ont rappelé au monde que sans agriculture et sans alimentation, aucune nation n’était à l’abri de l’insécurité et de l’instabilité, mais qui ont également renforcé le caractère stratégique du secteur agricole et alimentaire et sa centralité dans l’agenda 2030 pour le développement durable, créant au passage une opportunité pour réfléchir sur notre avenir, celui de notre agriculture et de notre alimentation.
A cette occasion, le ministre de l’Agriculture, Mohammed Sadiki, a préféré commencer par rappeler qu’au Maroc, l’agriculture reste un secteur essentiel pour la croissance économique inclusive. Et le pays a fait de grands pas en matière de sécurité alimentaire, figurant aujourd’hui parmi les premiers pays de la région MENA pour les taux moyens de couverture des besoins alimentaires nationaux : 65% pour les céréales ; 47% pour le sucre ; 99% pour le lait, les viandes rouges et les viandes blanches et 100 % pour les fruits et légumes.
Et d’expliquer que si depuis 2008, les réalisations ont été à la hauteur des objectifs tracés et les résultats affichés ont permis d’améliorer significativement les performances du secteur agricole tant sur le plan économique que social, les nouveaux défis sont encore plus grands et plus complexes : « En effet, les évolutions du contexte national et international ont fait émerger de nouveaux défis qui nécessitent une nouvelle dynamique qui consolide les acquis et projette le secteur dans le futur. C’est justement le pari de la nouvelle stratégie Génération Green qui tout en consolidant les acquis, repose sur deux fondements : un premier qui donne la priorité à l’élément humain et le met au cœur de l’équation à travers la contribution à faire émerger de nouvelles générations de classe moyenne agricole, de jeunes entrepreneurs agricoles, d’organisations professionnelles agricoles et de nouveaux mécanismes d’accompagnement reposant sur les nouvelles technologies. Et un deuxième fondement centré sur la pérennité du développement agricole à travers la consolidation des filières agricoles, la promotion des chaînes de distribution modernes et efficientes, le déploiement de la qualité, l’innovation et la green-tech, et l’adoption d’une agriculture résiliente et éco-efficiente.
Ce sont l’ensemble de ces défis et enjeux qui ont été abordés au cours de cette rencontre, avec des débats articulés et organisés autour de cinq axes : la transformation des systèmes alimentaires dans un contexte de crise ; la souveraineté alimentaire dans un contexte de déficit hydrique ; la résilience et la durabilité des systèmes de production et le rôle du progrès scientifique et technologique dans un contexte de changements climatiques sévères ; la consolidation des chaînes de valeurs agricoles, la valorisation et la modernisation des circuits de distribution ; et la coopération Sud-Sud dans la souveraineté alimentaire durable.
H.Z