(de g. à d.) M. Amyn Alami, Fondateur, M. Driss Benchaffai, DG, Mme Souad Benbachir Hassani, DG, M. Younes Benjelloun, DG, et M. Adil Douiri, Fondateur et Président du CA de CFG Bank
CFG Bank a dévoilé son projet d’introduction en Bourse, qualifié de vent de fraicheur pour le marché, par une IPO en augmentation du capital social. Avec un montant de 600 millions de dirhams, cette entrée en bourse témoigne des grandes ambitions et du chemin parcouru du groupe, né d’une banque d’affaires dans les années 90. Dans cet entretien, Souad Benbachir Hassani, membre fondateur et dirigeante de CFG Bank, détaille pour nos lecteurs avec précision et transparence les tenants et aboutissants de l’attractivité de cette introduction en bourse.
La Nouvelle Tribune : Mme Benbachir, vous dirigez CFG Bank dont vous êtes un membre fondateur, ne pensez-vous pas que l’introduction en bourse de la jeune banque est une étape « normale » dans son processus financier alors qu’elle-même est née de la transformation de CFG, une banque d’affaires créée dans les années 1990 ?
Mme Souad Benbachir Hassani : Le projet d’introduction en Bourse fait partie de la culture des fondateurs pour qui une entreprise doit, à un moment de son existence, franchir cette étape pour s’institutionnaliser, s’affranchir de ses fondateurs et pouvoir réaliser des levées de fonds plus facilement pour accompagner sa croissance.
La transformation ou l’évolution de CFG en tant que Banque commerciale a été initiée au début des années 2000 avec le lancement de la marque Dar Tawfir qui était destinée à faciliter l’accès à l’épargne de marché par les particuliers. Progressivement, nous avons programmé et consenti d’importants investissements tout en élaborant le business model de la banque CFG qui a été lancée en novembre 2015.
Aujourd’hui, après une troisième année bénéficiaire et un résultat net escompté de 164 millions de DH en 2023, CFG Bank a confirmé la rentabilité de son modèle et offre une perspective de croissance toujours soutenue dans les années à venir.
C’est donc tout naturellement que CFG Bank, qui a atteint une taille et une rentabilité suffisantes pour attirer les investisseurs et les épargnants, aborde cette étape de son existence après avoir conseillé et accompagné près du quart des sociétés qui se sont introduites en Bourse depuis 1992.
C’est aussi, pour nous, un grand moment de partage avec nos salariés qui ont participé à la construction de la banque et avec nos fidèles clients qui nous ont toujours témoigné leur confiance.
CFG Bank a pris aujourd’hui une place dans le système bancaire marocain, pouvez-vous retracer pour nos lecteurs, son développement rapide à travers les indicateurs bancaires comme le PNB, produit net bancaire et son RN, résultat net ?
CFG Bank est une banque en forte croissance. Tous nos indicateurs (dépôts, encours de crédits, …) ont doublé entre 2018 et 2020 et de nouveau entre 2020 et 2023. Le taux de croissance annuel moyen de notre PNB sur la période 2018-2023 est de 32% et atteindra fin 2023, 634 millions de DH.
Le résultat net part du groupe qui devrait être de l’ordre de 164 millions de DH en 2023 est également en très forte progression par rapport à l’année 2022 où il était de 44 millions de DH.
Justement, parmi les arguments attractifs pour souscrire à l’introduction en bourse de CFG Bank, figure l’engagement de la banque cotée de distribuer chaque année 50% de ses bénéfices. Mais, selon vous, quelles sont aujourd’hui les autres raisons pour répondre à votre offre ?
Tout d’abord l’envie de s’associer à la croissance future de la banque. Nos prévisions sur la période 2024-2027 sont cohérentes avec notre croissance passée et nos facteurs clés de succès. Nous prévoyons de doubler le résultat net part du groupe sur 3 ans.
Mais aussi de découvrir ou de renouer avec la Bourse en investissant dans le secteur bancaire, qui est un secteur rassurant parce que réglementé par Bank Al-Maghrib. L’introduction en Bourse d’une banque est un événement rare. La dernière opération date de 2004 avec l’introduction en bourse de la Banque Centrale Populaire et la précédente de 1993 avec Wafabank.
La dernière raison est celle que vous avez évoqué puisque nous envisageons dès mai 2024 de distribuer un dividende de 3% par rapport au prix d’introduction de l’action et de perpétuer cette distribution pour les années suivantes sous réserve de l’approbation par les instances concernées.
L’introduction en bourse de CFG Bank se fait par augmentation de capital, un recours au financement du marché, que la note d’information précise être destinée au renforcement de ses capitaux propres de 600 millions de dirhams et à une meilleures assise pour la continuité de l’activité de la banque par l’octroi de crédits. Quid des fondamentaux de CFG en termes de ratios de liquidité et de solvabilité avant et après l’opération?
Effectivement, l’un des principaux objectifs de cette opération est le renforcement des fonds propres de CFG Bank pour accompagner son développement et notamment la croissance rapide de ses encours de crédits.
Comme vous le savez, la banque est une activité fortement réglementée par Bank Al-Maghrib, qui se doit de respecter un certain de nombre de ratios. Le plus important étant le ratio de solvabilité, qui correspond au rapport entre les fonds propres de la banque et ses actifs pondérés, et qui doit être supérieur à 12%. Au 30 juin 2023 ce ratio était de 13,4% sur la base des comptes consolidés et sera largement supérieur aux minimas réglementaires au lendemain de l’augmentation de capital. Le montant de 600 millions de dirhams permettra ainsi, en plus des bénéfices et après distribution des dividendes, de respecter ce ratio sur un horizon de 4 ans minimum.
S’agissant du ratio de liquidité, qui traduit la capacité de la banque à subvenir à ses besoins de trésorerie court terme avec des actifs très liquides, celui-ci doit être supérieur à 100%. Au 30 juin 2023 ce ratio ressort à 141% et sera également respecté après cette opération.
Cette même augmentation de capital a été précédée par un split de la valeur nominale de l’action CFG Bank de 100 à 20 dhs, pour l’augmentation du nombre d’actions à introduire et à un prix unitaire de l’offre attractif ?
Le split de la valeur nominale de 100 à 20 Dh a simplement pour objectif d’avoir un cours de bourse à 110 Dh plutôt qu’à 550 Dh. Ce choix est motivé par le souhait de rendre l’action la plus accessible et la plus liquide possible en mettant le cours de bourse le plus petit.
L’introduction en bourse étant réservée au public, signifie-t-elle que même les institutionnels déjà actionnaires de CFG Bank n’ont pas le droit de la suivre ? Quel impact de l’augmentation de capital sur la dilution de la participation des actionnaires historiques ? Est-elle à la baisse ? Comment la position des fondateurs se distinguera de celle des investisseurs ?
L’introduction en Bourse est ouverte, pour sa tranche 1 et 2 et sous réserve de la qualification des souscripteurs, aux personnes physiques résidentes et non résidentes, aux personnes morales de droit marocain et étranger ainsi qu’aux investisseurs qualifiés de droit marocain ou de droit étranger. Une 3ème tranche est dédiée aux salariés et/ou dirigeants du groupe.
Les actionnaires actuels de la banque ont la possibilité de souscrire à cette augmentation de capital dans les mêmes conditions que tous les autres souscripteurs.
Ces mêmes actionnaires actuels ou historiques incluant les fondateurs verront leur participation baisser en pourcentage à hauteur de l’augmentation de capital sans tenir compte d’une éventuelle participation de leur part à cette opération.
L’OPV de CFG Bank s’adresse aux investisseurs d’abord et aux personnes physiques dans une moindre proportion, pensez-vous pouvoir intéresser des investisseurs étrangers sachant que CFG est connu pour avoir de bons contacts à l’international ?
Oui, nous avons la conviction et nous pensons que CFG Bank intéressera les investisseurs étrangers qui sont toujours à la recherche d’histoires de croissance et qui investissent plus spontanément dans des entreprises à gouvernance simple et claire. CFG Bank offre cette perspective de forte croissance et une culture d’entreprise anglo-saxonne qui répondent aux critères d’investissement des étrangers en plus d’un Business Plan en ligne avec notre croissance soutenue de ces dernières années.
Entretien réalisé par Afifa Dassouli